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Le Parlement grec ouvre la voie à un nouveau plan d’aide

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- - Andreas Solaro - AFP

Au terme d’un véritable marathon parlementaire, les députés grecs ont voté largement en faveur du "oui" à l’accord trouvé avec les créanciers du pays. Retour sur une journée à suspense.

Si le Parlement français a largement voté en faveur de l’accord passé entre la Grèce et ses créanciers, ce fut beaucoup plus difficile du côté d’Athènes. Tout au long de la journée, les difficultés se sont amoncelées pour Alexis Tsipras, à commencer par la démission de sa vice-ministre des Finances. "Je ne vais pas voter en faveur de ce projet de loi et je crois qu'on ne peut pas rester au gouvernement si on vote contre", a ainsi indiqué Nadia Valavani, donnant un peu plus d’ampleur au mouvement de contestation au sein de Syriza, le parti au pouvoir.

La veille, Alexis Tsipras avait lui-même reconnu qu'il ne "croyait pas" à l'efficacité des nouvelles mesures d'austérité qu'il a été contraint d'accepter sous la pression des créanciers, tout en assurant que leur mise en oeuvre était désormais le seul moyen d'éviter un "Grexit" aux conséquences catastrophiques pour l'économie.

Incidents devant le Parlement

La présidente de Syriza a, elle aussi, apporté sa pierre à l’édifice en appelant les députés de rejeter ces mesures. Le tout entrecoupé des traditionnelles sorties de son ex-ministre des Finances Yanis Varoufakis, qui a notamment comparé ledit accord à un "nouveau traité de Versailles". Pour ne rien arranger, des échauffourées ont éclaté devant le Parlement grec, juste avant que ne débute le vote.

Au bout du suspense et plus de 10 heures de débat, le Premier ministre grec a fini par convaincre ses pairs de la nécessité d’un vote positif. 229 députés ont validé le texte, 6 se sont abstenus et 64 ont voté contre. La balle est désormais dans le camp du Parlement allemand.

Revivez cette journée décisive minute par minute.

01h00 - Le Parlement approuve l'accord

Au bout du suspense et notamment d'un long plaidoyer d'Alexis Tsipras, le "oui" l'a largement emporté.

00h30 - Tsipras lance un dernier appel aux députés grecs

Alexis Tsipras a lancé dans la nuit de mercredi à jeudi un ultime appel aux députés grecs pour les convaincre d'approuver le compromis conclu lundi avec ses partenaires européens. "Nous n'y croyons pas, mais nous sommes contraints de l'adopter", a déclaré le Premier ministre avant le vote sur cette nouvelle série de réformes qui doit être approuvée par la Vouli, en préalable à l'ouverture de négociations sur un nouveau plan d'aide.

22h05 - Une conférence de l'Eurogroupe demain à 10 heures

Une conférence téléphonique des ministres des Finances de la zone euro se déroulera jeudi à 8h GMT (10h heure française), a indiqué un porte-parole de l'Eurogroupe.

20h15 - Incidents sur la place Syntagma

Alors que le débat parlementaire démarre, des incidents ont éclaté sur la place Syntagma, à Athènes. Des heurts ont opposé des manifestants anti-austérité à la police grecque. Les manifestants ont lancé des cocktails Molotov sur les forces de l'ordre, qui ont riposté avec des gaz lacrymogènes.

Plusieurs dizaines de jeunes gens casqués et masqués ont commencé à lancer ces projectiles à la fin d'une manifestation qui avait rassemblé sur la place quelque 12.000 personnes, opposées à l'accord signé lundi matin entre la Grèce et ses créanciers.

18h50 - Prêt-relais à la Grèce: Londres veut des garanties

La Grande-Bretagne exige que son éventuelle participation à un prêt-relais à la Grèce soit intégralement protégée contre le moindre risque de non-remboursement. "En ce qui nous concerne, il s'agit d'une ligne rouge et nous pensons que ce message est désormais entendu et compris", a indiqué une source à Reuters. "C'est parce que nous avons refusé de céder sur nos principes que la Commission propose désormais des mesures permettant précisément de nous préserver du moindre risque."

La Commission européenne propose d'accorder à la Grèce un prêt-relais de sept milliards d'euros, qui seraient débloqués dans un premier temps par le Mécanisme européen de Stabilité financière (MESF) avant d'être repris par le Mécanisme européen de stabilité (MES). La Grande-Bretagne et la République tchèque sont réticentes à l'idée d'un prêt-relais via le MESF, celui-ci étant un mécanisme à l'échelle de l'Union européenne, contrairement au MES qui est propre à la zone euro.

18h20 - Le Sénat approuve à son tour l'accord

Les sénateurs ont également approuvé l'accord de Bruxelles sur la Grèce, par 260 voix contre 23.

18h10 - L'Assemblée nationale approuve l’accord sur la Grèce

Sans surprise, les députés français ont voté en faveur de l’accord trouvé entre la Grèce et ses partenaires de la zone euro. Le "oui" l'a largement emporté par 412 voix contre 69.

16h40 - Valls: "nous allons alléger la dette grecque"

S’exprimant devant les députés, le Premier ministre a une nouvelle fois défendu l’action de François Hollande lors du sommet de Bruxelles, et son rôle de "trait d’union" entre la Grèce et ses créanciers. Et a réaffirmé que ces derniers allaient alléger sa dette, un point qui ne figure pourtant pas de façon catégorique dans le texte de l'accord scellé lundi.

"Le FMI a encore redit qu'il fallait alléger la dette grecque et c’est bien ce que nous allons faire, en profilant la dette ce qui pourrait passer par un allongement de la durée de remboursement ou encore une réduction des taux d'intérêt", a ainsi affirmé Manuel Valls.

13h30 - Macron pessimiste concernant la dette grecque

Le ministre français de l'Economie s'est montré pessimiste sur la possibilité de conclure à court terme un accord sur un allègement de la dette grecque.

 "L'accord ne purge pas le sujet de la dette intellectuellement", a-t-il déclaré lors d'un point de presse au ministère de l'Economie. "Théoriquement, je ne pense pas que sur le long terme ce niveau de dette soit possible (...) politiquement et de manière réaliste, à court terme il est impossible d'avoir un accord sur le sujet."

12h20 - Grèce: la vice-ministre des Finances démissionne

Nadia Valavani, députée du parti de la gauche radicale Syriza au pouvoir en Grèce, et ministre adjointe des Finances, a présenté mercredi sa démission du gouvernement dans une lettre adressée au Premier ministre Alexis Tsipras.

"Je ne vais pas voter en faveur de ce projet de loi et je crois qu'on ne peut pas rester au gouvernement si on vote contre", a indiqué la ministre aux médias, après avoir publié une lettre adressée lundi au Premier ministre lui expliquant qu'elle allait démissionner car "la solution imposée à la Grèce" par les créanciers, "n'était pas viable", selon elle.

12h03 - Le Front de gauche votera contre l'accord

Les députés du Front de gauche "ont pris la décision à l'unanimité de voter contre" l'accord européen sur la Grèce et de "ne pas se limiter à une abstention", a annoncé mercredi leur chef de file, André Chassaigne. "C'est un mauvais accord, désastreux pour l'avenir de la Grèce", a déclaré à la presse le député communiste, quelques heures avant le débat et le vote à l'Assemblée nationale.

11h09 - Le Parlement grec ne se laisse pas intimider

La présidente du parlement grec, Zoé Constantopoulou, chantre de l'aile gauche du parti au pouvoir Syriza, a demandé mercredi aux 300 députés de la chambre de rejeter le paquet de mesures d'austérité exigé par la zone euro en échange d'un troisième plan d'aide à la Grèce.

"Ce Parlement ne doit pas accepter le chantage des créanciers", a dit Zoé Constantopoulou aux députés avant le vote prévu dans la journée. "Ayant pleinement conscience des circonstances décisives, je pense que le devoir du Parlement est de ne pas laisser le chantage se concrétiser", a-t-elle ajouté en précisant qu'elle s'exprimait en qualité de député du parti au pouvoir.

Les créanciers doivent respecter les procédures parlementaires, a-t-elle continué en s'élevant contre le délai très court, selon elle, qui a été imposé à l'adoption des mesures d'austérité.

10h58 – Bruxelles met la pression aux députés grecs

La Commission européenne propose d'accorder à la Grèce un prêt relais de sept milliards d'euros, pour honorer ses engagements financiers immédiats, à la condition que le Parlement vote avant la fin de la journée un train de réformes conformément à l'accord conclu lundi avec les créanciers européens. L'argent sera débloqué par le Mécanisme européen de Stabilité financière (MESF), un fonds de secours créé en 2010 et qui contient encore 13,2 milliards d'euros, puis le Mécanisme européen de stabilité (MES) prendra le relais une fois approuvé un troisième plan de sauvetage pour la Grèce, dont le montant pourrait atteindre 86 milliards d'euros, selon un document de la Commission dont Reuters a pu prendre connaissance. Athènes a besoin d'emprunter sept milliards d'euros en juillet pour respecter des échéances de dette vis-à-vis de la Banque centrale européenne et rembourser des arriérés dus au Fonds monétaire international. Un premier remboursement à la BCE est dû dès lundi prochain.

09h45 - L'Espagne va voter sur la Grèce

Le chef du gouvernement conservateur espagnol Mariano Rajoy a annoncé mercredi son souhait de soumettre au Parlement l'accord de la Grèce avec l'Union européenne, compte tenu de l'importance des fonds engagés. "Même si dans notre pays cette procédure n'est pas obligatoire, mon intention est de le soumettre au Parlement (...) car les fonds engagés sont importants", a déclaré Mariano Rajoy devant le Congrès (chambre basse) des députés.

09h27 - Un accord grâce à Barack Obama? 

La Grèce n'aurait sans doute pas pu conclure un accord sur un troisième plan d'aide financière sans l'aide de Washington, a déclaré mercredi le vice-Premier ministre grec Yannis Dragasakis. "Je dois remercier publiquement l'administration américaine et M. (le président Barack) Obama, car sans leur aide et leur persévérance sur le fait que l'accord devait prendre en compte la question de la dette et les perspectives de développement, nous n'aurions sans doute pas abouti", a-t-il expliqué.

08h58 - La France veut un allègement de la dette grecque 

Le ministre des Finances, Michel Sapin, a déclaré ce mercredi sur BFM TV et RMC que la France est sur la même ligne que le FMI sur la nécessité d'un allègement de la dette. Deux jours avant le référendum grec, le Fonds monétaire international avait publié un rapport avançant que la dette grecque n'était absolument pas viable et qu'elle devait être restructurée. 

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08h37 - Le Roux (PS) pour une "conférence sur les dettes européennes"

L'accord Grèce-UE était "le seul moyen de pouvoir continuer à aider la Grèce", a estimé le président du groupe socialiste à l'Assemblée, Bruno Le Roux, qui souhaite "une conférence" sur les dettes souveraines européennes. Les socialistes souhaitent une "mutualisation" de ces dettes. L'accord Grèce-UE, "c'était le seul moyen aujourd'hui de pouvoir continuer à aider la Grèce. S'il n'y avait pas eu d'accord, c'était terminé", a affirmé Bruno Le Roux sur iTELE. "Le seul moyen de continuer à aider la Grèce, c'était qu'il y ait un accord et que nous soyons le garant que l'investissement, l'aide supplémentaire va véritablement produire du changement", a poursuivi le député de Seine-Saint-Denis.

08h14 - Bruno Le Maire (LR) votera pour le "fragile" accord UE

L'ancien ministre Bruno Le Maire (Les Républicains, ex-UMP) votera pour le "fragile" accord Grèce-UE mercredi à l'Assemblée, et reproche à François Hollande de "tirer la couverture à soi" sur la scène européenne et d'être "indifférent" à la situation française. Mercredi, à l'Assemblée, "je le voterai parce qu'il permet de maintenir la zone euro et je pense qu'une sortie de la Grèce de la zone euro présente des risques économiques et des risques politiques absolument considérables", a déclaré Bruno Le Maire sur RTL.

07h58 - Le Parti de Gauche appelle les députés à voter "non"

Le Parti de Gauche (PG) appelle les députés français à voter contre l'accord UE-Grèce, parlant d'un "coup d'Etat" réalisé "avec la complicité de François Hollande". "Nous appelons les députés français à voter contre parce qu'on ne peut pas être complices d'un coup d'Etat", a déclaré le coordinateur politique du PG, Eric Coquerel, sur iTELE. "Les propos d'Alexis Tsipras hier (dimanche) étaient éclairants. Il dit carrément qu'il a eu le couteau sous la gorge pour signer cet accord. Donc, en réalité, il n'y a pas eu de négociation à Bruxelles ce week-end, il y a eu un coup d'Etat orchestré par Madame Merkel avec la complicité de François Hollande", a poursuivi Eric Coquerel. "Le deuxième enseignement est que tout cela s'est fait au nom de l'euro. Donc on peut aujourd'hui se demander - et répondre positivement - sur le fait que cet euro-là, un euro qui sert les intérêts de l'Allemagne et de ses pays satellites, sert finalement à une politique qui étrangle les peuples. Ce n'est donc plus possible de continuer de la même manière", a-t-il développé.

Dans la nuit - Varoufakis dénonce un "nouveau traité de Versailles"

Dans un billet publié sur son blog, Yanis Varoufakis n'y va pas de main morte. "Un nouveau traité de Versailles hante l'Europe ; j’ai utilisé cette expression au printemps 2010 pour décrire le premier plan de sauvetage grec alors en préparation. Si cette allégorie était judicieuse à l’époque, elle s’avère malheureusement bien plus pertinente aujourd’hui".

Pour l'ex-ministre des Finances, jamais auparavant l'Union européenne n'avait pris une décision qui sape à ce point le projet d'intégration européenne." 

Et il poursuit : "la déclaration du Sommet Euro d'hier matin n'a rien à voir avec l'économie, ni avec aucune préoccupation pour le type de programme de réforme à même d'aider la Grèce à sortir du bourbier où elle se trouve. C'est purement et simplement la manifestation d'une politique d'humiliation en action".

Dans la nuit - Selon le FMI, l'UE doit aller "beaucoup plus loin" sur l'allégement de la dette grecque

La zone euro doit aller "beaucoup plus loin" que prévu pour alléger la dette de la Grèce et pourrait même être contrainte d'en effacer une partie, estime le Fonds monétaire international dans un rapport publié mardi. "La dette de la Grèce ne peut désormais être viable qu'avec des mesures d'allègement de la dette qui vont beaucoup plus loin que ce que l'Europe a envisagé de faire jusque-là", écrit le FMI dans ce rapport remis samedi aux autorités européennes, avant le compromis conclu lundi avec Athènes.

Ce pré-accord prévoit une nouvelle aide de 82 à 86 milliards d'euros conditionnée à l'adoption rapide de réformes à Athènes et ne fait qu'une allusion rapide à un possible allègement de la dette grecque. Dans son rapport, le Fonds assure pourtant que la dette grecque est "totalement non-viable" et prévoit qu'elle approchera les 200% de son produit intérieur brut dans "les deux prochaines années", contre un ratio d'environ 175% actuellement.

TWEET : Le FMI publie une mise à jour de son analyse de la soutenabilité de la dette grecque

Dans la nuit - Tsipras "assume la responsabilité d'un texte signé pour éviter le désastre"

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a reconnu mardi soir que l'accord avec les créanciers pour un troisième plan d'aide financière était un texte auquel "il ne croit pas", mais qu'il "a signé pour éviter le désastre au pays". "J'assume mes responsabilités pour toute erreur que j'ai pu commettre, j'assume la responsabilité pour un texte auquel je ne crois pas mais je le signe pour éviter tout désastre au pays", a déclaré Alexis Tsipras lors d'une interview à la télévision publique grecque Ert. Il s'exprimait à la veille du vote crucial au Parlement sur cet accord annoncé lundi à Bruxelles et qui est très mal accueilli par une partie de son parti de gauche radicale Syriza.

Il a déclaré par ailleurs "vouloir faire tout ce qu'il peut pour garantir l'unité du parti". "Je suis sûr que certains se seraient réjouis si ce gouvernement était une parenthèse (politique)", a déclaré Alexis Tsipras. "C'est une grande responsabilité de ne pas plier", a-t-il ajouté. Le Premier ministre a, par ailleurs, laissé entendre que les banques, fermées depuis le 29 juin, allaient le rester encore un bon moment : "L'ouverture des banques dépend de l'accord final qui n'aura pas lieu avant un mois", a-t-il dit, pour ne pas que les Grecs risquent d'aller chercher tout leur argent. Mais il a espéré que la BCE augmente l'ELA (l'aide d'urgence aux banques, ndlr) donc "il y aura la possibilité de retirer plus".

Dans la nuit - Le gouvernement assure les dépôts bancaires, exclut "une décote"

L'accord du sommet de la zone euro sur un nouveau prêt à la Grèce, assure les dépôts des épargnants aux banques grecques et évite leur "décote", a indiqué mardi une source gouvernementale grecque. "La création d'un fonds indépendant des actifs grecs", prévue par l'accord adopté lundi à Bruxelles, "assure les dépôts" et évite "une décote, un +bail in+", s'est félicité cette source. Selon l'accord annoncé lundi à Bruxelles, l'Etat grec doit transférer ses actifs à ce fonds, qui doit ensuite les "monétiser", soit en les vendant, soit en les exploitant de la manière la plus rentable possible. L'objectif est de collecter 50 milliards d'euros sur toute la durée du prêt convenu.

Dans la nuit - Martin Schulz plaide pour un "gouvernement européen"

Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a plaidé mardi pour un "gouvernement européen", arguant que certaines question "centrales" au sein de l'UE ne pouvaient plus être prises en charge par les seuls chefs d'État. "Les questions européennes centrales, importantes ne peuvent plus être résolues par les chefs de gouvernement", a déclaré Martin Schulz à l'hebdomadaire allemand Stern, au lendemain de l'accord laborieux signé à Bruxelles entre la Grèce et ses créanciers. "Pour cela, nous avons besoin d'institutions communautaires (...) Nous avons besoin d'un gouvernement européen", a-t-il ajouté, notamment pour les questions touchant au commerce international, au climat, à l'immigration, à l'évasion fiscale ou à la politique monétaire.

D. L. et Y.D. avec agences