Europe et télécoms: A.Montebourg et F.Pellerin prônent un virage à 180 degrés

Pour les deux ministres, l'Europe des télécoms doit inciter aux coopérations entre opérateurs. Accroître la concurrence n'est plus prioritaire, selon eux.
Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin veulent un revirement de la politique européenne dans le secteur des télécoms. Dans une tribune publiée dans le quotidien économique Les Echos, les deux ministres considèrent que le consommateur a été largement favorisé par l'essor de la concurrence dans les télécoms en Europe.
« Aujourd'hui, la priorité ne doit plus être d'accroître la concurrence entre les opérateurs télécoms, qui est désormais bien installée...(...)... mais de créer les conditions pour le développement des réseaux à très haut débit qui contribueront à une attractivité durable de l'Europe »
Ils invoquent l'émiettement des acteurs économiques et vise, sans les citer, des acteurs comme Bouygues Telecom ou Free en déplorant que « nos acteurs souvent limités à leur marché national,..., sont aujourd'hui de trop petite taille pour la conquête des marchés internationaux... ».
Pour les deux ministres, « notre nouvelle obsession en Europe doit être l'investissement ». Or pour investir, « il faut chercher la taille critique, favoriser la constitution de champions européens des télécoms », font-ils valoir en relevant l'émiettement du marché entre près de 150 acteurs en Europe, contre quelques-uns seulement aux Etats-Unis.
Privilégier le co-investissement et le partage de risque entre acteurs

Pour les deux ministres, « nous devons créer les conditions favorables à l'investissement, en privilégiant le co-investissement et le partage de risques entre les acteurs, et non plus continuer à pousser une ouverture systématique des réseaux pour tous »
Il faut pour cela « un profond changement de paradigme dans l'approche réglementaire européenne », avec l'apparition de nouvelles règles plus incitatives pour aboutir « à un véritable marché unique des communications électroniques ».
Comprenez : les deux ministres incitent fortement Bruxelles à prendre conscience qu'il va falloir en Europe investir dans les infrastructures télécoms et alléger les obstacles réglementaires aux fusions transfrontalières entre opérateurs.
Cette "supplique" trouvera un écho évident auprès des grands opérateurs en Europe. Ces derniers font pression depuis plusieurs mois auprès de la Commission européenne pour qu'elle assouplisse la régulation sur les fusions et qu'on ne les oblige plus à ouvrir systématiquement leur réseaux aux nouveaux entrants au tarif de gros. Pas sûr du tout que Bruxelles soit d'accord...
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