Il y a dix-huit ans, la fuite des cerveaux avait déjà commencé
En 1985, 01 en parle : un centre d'intelligence artificielle (IA) a été créé à Neuchâtel, en Suisse. La majorité de ses chercheurs sont français. A la tête de l'équipe, Jean-Louis Laurière, directeur du laboratoire d'IA de Paris VI.A la question “ Qu'est-ce qui peut inciter ce spécialiste des systèmes experts, reconnu au sein de la communauté scientifique mondiale, à s'expatrier ? ”, le rédacteur de l'époque répondait déjà : “ Les moyens de recherche, les laboratoires, le matériel, le personnel, bref, tout ce qui permet à un chercheur d'avancer et tout ce qui fait cruellement défaut au sein de l'université française. ” Près de deux décennies plus tard, rien n'a véritablement changé, tandis que l'exil des chercheurs s'accélère. Même s'ils sont moins de 2 % aux Etats-Unis, comme l'a révélé un rapport de l'Institut Montaigne paru fin 2010, intitulé “ Gone for Good ? Partis pour de bon ? Les expatriés de l'enseignement supérieur français aux Etats-Unis ”.Revenant sur ce sujet en octobre dernier sur le blog de l'institut, Daniel Laurent, conseiller spécial de ce think tank, estime que si une expatriation temporaire à l'étranger en fin d'études est positive à la fois pour les futurs savants et leurs employeurs, il n'en va pas de même quand les chercheurs issus des meilleures écoles de l'Hexagone effectuent toute leur carrière à l'étranger. En effet, les retombées de leurs recherches ne bénéficient qu'à leurs pays d'accueil. Il considère que les préconisations faites en 2010 par l'institut (campagnes de communication offensives visant ceux qui travaillent à l'étranger sur les offres d'emploi dont ils peuvent bénéficier, création d'un cadre favorable à leur retour ou à l'installation de chercheurs étrangers en France) sont encore d'actualité.
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