Lilian Duchêne, chef de projet SOA en SSII
Son intérêt pour les bus ESB ne se cantonne pas à la technique. Pour Lilian Duchêne, c'est un moyen de dialoguer avec toute l'entreprise.
Quel rapport existe-t-il entre votre expérience en informatique industrielle et vos fonctions actuelles centrées sur le middleware d'entreprise ?Lilian Duchêne : Les middlewares industriels et ceux que l'on retrouve désormais dans les systèmes d'information (SI) sont, conceptuellement, semblables. Celui mis en place chez Alstom, où j'ai débuté ma carrière en 1996, reposait déjà sur une approche par composants. Il assurait une médiation afin d'acheminer les données issues des automates vers les applications clientes. Lorsque je suis passé du côté SI, ces connaissances industrielles m'ont aidé à identifier les dépendances excessives entre applications. Elles m'ont aussi et surtout donné les bases pour comprendre la vague SOA (architecture orientée service) qui allait déferler quelques années plus tard.D'où vous vient cette volonté d'évolution ?LD : J'ai passé quatre années dans une filiale d'Alstom, mais il fallait être ingénieur pour faire carrière. Or je n'avais que l'équivalent d'une licence universitaire. J'ai progressé en termes de responsabilité, puisque je dirigeais dix personnes et représentais l'entreprise à l'étranger lors des déplacements, mais ni le titre ni le salaire ne suivaient. Il me fallait un diplôme universitaire supérieur. J'avais le choix entre les filières mécanique, électronique, et informatique. J'ai donc opté pour un master en informatique, avec une option middleware.Pourquoi cette attirance pour le middleware plutôt que pour les applications métier ?LD : C'est l'aspect transversal du middleware qui m'intéresse. Il exige de couvrir toute l'entreprise, ses fonctionnements et ses procédures, mais aussi de dialoguer avec l'ensemble des services. Comme lorsque je définis la nature des contrats scellés entre les services métier et l'ESB. Je préfère cette fonction à celle des responsables de projet applicatif. Dans les grandes sociétés, ces derniers restent concentrés sur la problématique de leur métier, qui n'épouse pas forcément celle, plus globale, de l'entreprise.S'attaquer à un projet SOA en entreprise constitue un chantier complexe. Surtout à 36 ans...LD : Je dois en effet redoubler d'efforts pour convaincre là où des collègues de 50 ans sont tout de suite écoutés. Pour que l'ESB fasse l'unanimité, j'ai appris à tempérer mes ardeurs de jeunesse. Non, je ne renverserai pas le monde... J'ai accepté l'idée de multiplier les réunions avant de susciter un consensus ou, à défaut de l'obtenir, d'emprunter un autre circuit hiérarchique.Où se situe votre marge de progression ?LD : Autant je parviens aisément à traduire les besoins métier en contraintes techniques, que je transfère ensuite aux équipes de développement. Autant il me reste encore des progrès à accomplir pour justifier, auprès des décideurs, le bien-fondé et la justesse d'une infrastructure technique. Le tout dans un langage compréhensible par tous.Vous comptez déployer prochainement un middleware chez vous...LD : Oui, à des fins de domotique, mais ce n'est encore qu'un projet. J'ai découvert le framework open source OSGI, qui permet de déclarer et de contrôler des objets à distance. J'aimerais, par exemple, maîtriser la température des radiateurs dans chaque pièce. Je m'intéresse actuellement aux capteurs par courant porteur, et procéderai bientôt aux premiers tests.
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