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Dix-huit mois après son lancement, Windows Vista cumule toujours les revers. Selon Microsoft, l'essentiel des problèmes serait derrière nous. Alors, lynchage médiatique ou symptôme d'une crise plus profonde ?
Les faits
Le premier Service Pack pour Windows Vista, installé automatiquement sur les postes depuis une dizaine de jours, règle de nombreux problèmes de compatibilité et de performance. Parallèlement, Microsoft confirme la fin de la commercialisation prochaine de Windows XP. Son Service Pack 3 est toutefois téléchargeable depuis le début de la semaine. L'assistance technique est, quant à elle, maintenue jusqu'au 8 avril 2014.
L'analyse
' Vista, c'est nul ! Vista, c'est lent. Je vais retourner sous XP. ' C'est le concert de critiques qui a accueilli les débuts de Windows Vista. Des couacs, il y en a toujours au lancement d'un nouveau système. Ceux de Vista auront même été légion. Mais en principe, la grogne s'atténue à mesure que les nouveaux matériels et logiciels, ainsi que les premiers correctifs, parviennent aux utilisateurs. Pas avec Vista : dix-huit mois après son lancement et un mois après l'arrivée du Service Pack 1, les griefs se poursuivent. Vista reste toujours l'objet de controverses, incapable de sortir d'un incessant ' buzz ' négatif.Certes, dès qu'il y a un problème, Windows se retrouve souvent en première ligne. Accusé de tous les maux, qu'il s'agisse de problèmes matériels, applicatifs ou liés à l'utilisateur. Pour ne rien arranger, Linuxiens et fans d'Apple adorent jeter de l'huile sur le feu. Proférant parfois de fausses allégations et n'hésitant pas à monter en épingle des épiphénomènes. Mais cela n'explique pas tout. Aujourd'hui, aussi bien le cabinet d'études Gartner que des constructeurs partenaires de Microsoft, tels que Lenovo, s'y mettent. Intel, l'allié de toujours, va même jusqu'à préférer Linux pour sa nouvelle gamme de puces pour ordinateurs de poche. Autant de revers qui s'accumulent ces derniers mois. Pris indépendamment, ils seraient anodins. Mis bout à bout, ils forcent à s'interroger sur d'éventuels problèmes structurels de Windows en général et de Vista en particulier. Et si ce n'était pas uniquement une question d'image ? Revue des éléments à charge.
Cacophonie autour de la date de lancement de Windows 7
Tout part d'une belle bourde de Bill Gates. Début avril, alors qu'il était venu parler de son organisation caritative devant la Banque interaméricaine de développement, il répond naïvement à une question sur Vista : ' Nous aurons une nouvelle version du système au cours de l'année prochaine. ' D'un coup, la blogosphère s'emballe. Et pour cause : quelques mois plus tôt, l'état-major de Microsoft avait affirmé que Windows 7, le successeur de Vista, était attendu pour 2010. Bill Gates semble donc confirmer une autre théorie : celle d'un lancement anticipé de Windows 7 pour contrer le fiasco Vista. De nombreux observateurs plus ou moins patentés saisissent la balle au bond et ' l'info ' fait le tour du web. Gartner va même jusqu'à recommander de sauter l'obstacle Vista pour migrer directement sur Windows 7. Finalement, il apparaît que les propos de Bill Gates ont été largement extrapolés. Windows 7 est toujours prévu pour 2010. Microsoft n'imagine d'ailleurs pas les entreprises le déployer avant 2011. Beaucoup de bruit pour rien, donc. Mais le mal est fait. Tous les regards sont désormais tournés vers Windows 7. On ne sait pourtant rien de cette nouvelle version. Microsoft a érigé un mur du silence tout autour pour ne pas répéter l'erreur de Vista : trop promettre et décevoir.
Windows XP fait de la résistance
Si Microsoft avait suivi son carnet de route, Windows XP ne serait déjà plus commercialisé depuis janvier 2008. Sous la pression des utilisateurs, l'éditeur a repoussé l'échéance de six mois, au 30 juin prochain. Mais pour certains, ce n'est pas assez. Une nouvelle pétition est lancée pour obtenir un nouveau sursis. Sans succès. La firme de Redmond reste inflexible jusqu'à début avril. Puis il lâche du lest, craignant peut-être de voir Linux devenir la coqueluche des machines à moins de 400 euros. S'ensuit alors une cacophonie sans précédent : HP, Dell, Acer, Lenovo et bien d'autres n'auront plus le droit de vendre XP à partir du mois de juillet. Mais les intégrateurs et les assembleurs locaux, eux, pourront toujours le préinstaller jusqu'à fin janvier 2009. Quand à ceux qui commercialisent des PC à bas coûts (EEE PC, par exemple), leur délai est prolongé jusqu'au 30 juin 2010. C'est à n'y rien comprendre. Selon le type de machine ou la catégorie du constructeur, l'utilisateur aura ou non le droit d'acheter une machine avec XP. Pourquoi ne pas avoir simplement fixé une même date pour tout le monde ?
Un marché qui s'enflamme pour l'EEE PC
' Trop gros, trop lourd, Windows va succomber sous son propre poids et laisser le champ libre à ses concurrents. ' Neil MacDonald, analyste au Gartner, n'est pas tendre. Il pointe toutefois le principal défaut de Vista. En cherchant à plaire à tout le monde, Windows n'a cessé d'enfler et d'accumuler les fonctions. Résultat, il nécessite 2 Go de mémoire et un processeur double c?"ur récent pour effectuer de banales tâches bureautiques. Or le marché s'enflamme actuellement pour les portables, les tablettes internet et autres PC de poche comme l'EEE PC d'Asus. Finies les bêtes de courses à tout faire. La tendance est aux machines plus simples et surtout optimisées pour un usage particulier : terminal, tablette web, bloc-notes, etc. Ces ordinateurs, pour des raisons d'encombrement et d'autonomie, ne peuvent être équipés des puces les plus performantes, et sont donc incapables d'accueillir Vista. Microsoft s'en est rendu compte. C'est pourquoi il a accordé, en catastrophe, un nouveau sursis à Windows XP. Reste qu'à long terme, il travaille sur Minwin, un nouveau noyau dont l'empreinte disque ne dépassera pas 25 Mo. Une façon de reconnaître qu'il a fait fausse route avec un système balourd et particulièrement peu adapté aux mobiles.
Le Service Pack qui a besoin d'un correctif
Très attendu, le premier Service Pack Vista (SP1) devait redorer le blason du nouveau système en corrigeant ses problèmes de jeunesse. Si les progrès sont flagrants pour les copies de fichiers, en réseau notamment, en revanche, à l'usage, les gains sont loin d'être évidents en termes de réactivité. Même si l'éditeur affirme avoir optimisé le code. Mission partiellement accomplie donc, tant en matière de compatibilité que de performance. Côté image, par contre, ça ne s'améliore pas. Microsoft se retrouve une fois de plus confronté à ses vieux démons. Car le correctif apporte son lot de problèmes avec les périphériques USB notamment. Depuis la mise à jour du 8 avril dernier, beaucoup d'utilisateurs sont confrontés à de déconnexions intempestives de leurs périphériques et parfois même à de pertes de données sur leurs clés USB ou disques externes. Un ' correctif du correctif ' est donc à prévoir. Microsoft y travaille activement. Mais ses détracteurs en profitent pour discréditer un peu plus Windows Vista.
Des constructeurs qui proposent de désinstaller Vista
Le nouvel argument marketing des constructeurs est imparable : désinstaller Vista pour revenir à XP ! Moyennant une vingtaine d'euros, ils proposent à leurs clients un double DVD de réinstallation de Windows XP avec, en sus, l'autorisation express de n'utiliser qu'un seul exemplaire de ce kit sur une flotte entière de PC ! Parfaitement légale, cette opération exploite en fait une clause méconnue de la licence Windows. Celle-ci donne à tout acquéreur d'un Vista en édition Business ou Ultimate le droit d'utiliser une version n-1 du système. Pourquoi s'encombrer d'un Vista s'il s'agit de le désinstaller aussitôt ? Pour Damien Hartman, chef de produits chez Nec, cela concerne d'abord les constructeurs déçus, qui ont cru en Vista. Mais pas seulement. ' Nombreux sont nos clients qui achètent le kit de réinstallation de XP afin d'avoir deux licences pour le prix d'une, indique-t-il. Lorsqu'une mise à jour qu'ils jugeront enfin satisfaisante sortira, ils pourront déployer Vista sur tous leurs postes, sans payer aucun supplément et ce, en parfaite légalité. ' En filigrane, on pourrait y voir un moyen de comptabiliser des licences Vista à partir d'installations de Windows XP avec mise à jour gratuite...
Une cascade de départs dans l'équipe Vista
' Chez Microsoft, on se fait à l'idée que les équipes en charge de Windows ont besoin d'un changement. ', commente Michael Silver, du Gartner, à propos d'une récente série de départs. Les personnes concernées étaient toutes des têtes pensantes de la stratégie Windows. Jim Allchin, dix-sept ans d'ancienneté, coprésident de la division plate-forme et services, prend sa retraite le jour du lancement de Vista, après avoir suggéré que Microsoft perdait la notion du service rendu aux utilisateurs. Will Poole, longtemps grand patron de la version cliente de Windows, n'a remis sa démission que tout récemment, après que la direction ait décidé de l'affecter à la tête du groupe chargé de trouver les prochains marchés émergents. Une voie de garage selon certains. Citons également Michael Sievert, qui avait repris le marketing de Windows juste un an avant la sortie de Vista. Et Rob Short, un ' vétéran ', qui dirigeait le développement de Windows. ' La vraie question est de savoir qui doit incarner le devenir de Windows, se demande Michael Gartenberg, analyste chez Jupiter Research. Et surtout, ce que cette personne va proposer, connaissant l'image que le public se fait de Vista. '
Les révélations du procès Vista Capable
Capable ou incapable ? Dès 2005, Microsoft prépare un programme pour organiser en douceur la transition de XP à Vista, et éviter une chute des ventes de matériel avant le lancement de son nouveau système. Des logos indiqueront donc à l'acheteur d'une machine vendue avec XP qu'elle dispose des caractéristiques matérielles nécessaires pour exécuter Vista. Deux niveaux de qualification voient alors le jour : Vista Premium Ready (garant d'une pleine compatibilité), et Vista Capable pour les systèmes qui pourront recevoir le Vista dans sa seule version Home Basic, dépourvue de l'interface Aero, pourtant l'un des intérêts majeurs du système. Des clients, dépités de ne pouvoir installer sur leurs machines qu'un Vista amputé, portent l'affaire en justice en 2007. Ce procès entraîne la divulgation d'une centaine de messages électroniques issus de l'éditeur. Des échanges édifiants. ' Nous avons revu à la baisse nos exigences pour aider Intel à clore son trimestre en continuant à vendre des cartes mères avec un composant graphique intégré 915 ', écrit John Kalkman. Un composant insuffisant pour faire fonctionner complètement Vista. En février 2006, Mike Ybarra, directeur produit Windows, affirme dans un message à Jim Allchin, grand patron de la division : ' Nous cédons à Intel. Nous le laissons décider de ce que sera l'expérience de l'utilisateur. ' Jim Allchin lui-même juge alors que ' Microsoft a vraiment saboté cette affaire '. Si cette triste histoire n'a pas nui aux ventes de Vista, on ne saurait en dire autant pour l'image de marque de l'éditeur. Elle n'en sort pas grandie. Pour le moment, le procès continue.
Un contrôle utilisateur exaspérant
Pour améliorer sa sécurité, Microsoft a décidé d'inclure dans Vista un système de contrôle des niveaux de privilège utilisateur comme il en existe sur Unix. Cet User Access Control (UAC) évite que les programmes ne s'exécutent par défaut avec des droits administrateur. Lorsqu'ils ont besoin de droits plus élevés, UAC le signale à l'utilisateur ou lui demande un mot de passe administrateur. Pas de quoi fouetter un chat. Sauf que nombre d'applications et pas mal d'opérations de configuration exigent des droits administrateur, puisque personne n'a demandé aux développeurs de faire autrement. De fait, l'utilisateur de Vista se retrouve confronté à de fréquentes alertes UAC, dans un style graphique plutôt intrusif. ' Nous voulions ennuyer les utilisateurs pour pousser les développeurs à revoir leurs applications ', déclarait récemment David Cross de Microsoft durant la conférence RSA. Punir les utilisateurs pour les fautes commises par les développeurs ne paie pas. Des foules de sites expliquent comment désactiver UAC, des outils ont été créés à cette fin, et Microsoft reconnaît que plus de 10 % des utilisateurs contournent ou abolissent la fonction. Des utilisateurs manifestement ' ennuyés '.
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