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Renault-Nissan: la mise en garde d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a écrit à Carlos Ghosn pour défendre la stratégie de l'Etat.

Emmanuel Macron a écrit à Carlos Ghosn pour défendre la stratégie de l'Etat. - Charly Triballeau - AFP

Le ministre de l'Economie a écrit mardi à Carlos Ghosn, pour défendre la montée controversée de l’Etat au capital de Renault. Mais aussi pour mettre en garde contre un éventuel renforcement du pouvoir de Nissan au sein du partenariat entre les deux constructeurs.

Le feuilleton mettant aux prises Renault-Nissan et l’Etat français continue…en coulisses. Selon Reuters, Emmanuel Macron a ainsi écrit mardi 21 avril à Carlos Ghosn pour défendre la décision de l'Etat sur les droits de vote doubles et assurer qu'elle ne met pas en danger l'alliance entre Renault et Nissan.

Dans ce courrier, le ministre de l’Economie explique à nouveau que l'obtention par l'Etat, principal actionnaire de Renault, de droits de vote doubles ne modifie pas à ses yeux l'équilibre avec l'autre grand actionnaire du constructeur français, Nissan.

L'Etat prend Renault de vitesse

L'Etat français a en effet porté cette semaine sa participation au capital de Renault à 19,74%, comme il l'avait annoncé le 8 avril, afin de garantir le rejet d'une résolution s'opposant à l'attribution de droits de vote doubles lors de l'assemblée générale de Renault, le 30 avril. Il compte ensuite revenir aux 15% du capital qu'il détenait auparavant, une fois les droits de vote doubles assurés.

Cette opération a été critiquée jeudi dernier par le conseil d'administration de Renault car elle rompt à ses yeux l'équilibre entre Renault et Nissan. Bien qu'il soit le deuxième actionnaire de Renault et que ses ventes mondiales représentent près du double de celles de son partenaire français, le groupe japonais ne détient aucun droit de vote car il est contrôlé par Renault.

Macron évoque un accord de 2002

"Emmanuel Macron dit aussi que l'Etat ne bouscule pas l'équilibre de l'alliance puisqu'il respecte l'accord de 2002", indique une source citée par Reuters. Six ans après la privatisation de 1996, l'Etat était en effet descendu à 25,9% du capital de l'ex-régie. Au même moment, Nissan avait fait son entrée au capital à hauteur de 15%. Selon cette source, ce rappel à l'accord de 2002 est aussi une mise en garde feutrée contre toute volonté de renforcer le pouvoir de Nissan via l'introduction de droits de vote. D'après elle, Emmanuel Macron a également demandé à Carlos Ghosn de transmettre sa lettre à l'ensemble des administrateurs.

Une stratégie qui a peut-être porté ses fruits puisque le conseil d’administration de Nissan, qui s’est tenu ce jeudi, s’est contenté de "soutenir les décisions prises par le conseil d'administration de Renault".

Inquiétudes au sein de l'ingénierie de Renault

La volonté de renforcement de l'Etat français intervient sur fond d'inquiétudes au sein de l'ingénierie de Renault, où de nombreuses voix craignent que l'accélération actuelle de l'intégration entre les deux groupes fasse pencher la balance en faveur de la partie japonaise. "Les ingénieurs de Renault ont l'impression qu'ils sont 'nissanisés', que Nissan prend tout, et qu'il ne leur reste rien. Vrai ou faux, c'est en tout cas l'état d'esprit dans lequel ils se trouvent déjà", indique une source de Renault.

Cette préoccupation est toutefois plus grande dans l'ingénierie que dans les usines du groupe, où le renforcement de l'alliance avec Nissan s'est au contraire accompagné de l'accueil en France de productions supplémentaires, comme la future Nissan Micra à Flins (Yvelines).

Y.D. avec Reuters