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Finances publiques

Comment l’Etat pioche dans les caisses des facultés les plus riches

Les dotations des universités pour 2015 vont augmenter de 200 millions d'euros.

Les dotations des universités pour 2015 vont augmenter de 200 millions d'euros. - Boris Horvat - AFP

Le gouvernement va ponctionner 100 millions d’euros dans les réserves d’environ 50 facultés et écoles, afin de financer les dotations 2015 de l’ensemble des établissements supérieurs.

La mesure a de quoi faire grincer des dents dans certaines universités, en particulier les plus vertueuses. Le gouvernement va en effet opérer une ponction de 100 millions d'euros sur les réserves de près d'une cinquantaine de facultés et d’écoles afin de boucler le financement des dotations 2015 de l'ensemble des établissements de l'enseignement supérieur. Celles-ci seront notifiées lundi avec plusieurs mois de retard.

L'université d'Artois à Arras fournira à elle seule un quart de la somme, soit plus de 24 millions d'euros. Parmi les plus concernées par cet "exercice de solidarité" figurent aussi l'université de Lille II (8,75 millions d'euros), Paris II (7,66 millions d'euros) et Grenoble II (6,68 millions d'euros). Les chancelleries d'université contribueront à hauteur de 5%.

"C'est inepte"

Au total, 11 des 76 universités, 25 des 36 écoles d'ingénieurs et une dizaine de grands établissements verront leurs fonds de roulement mis à contribution, indique le ministère de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur. Il affirme que cela n'affectera pas les projets d'investissement des établissements concernés et que leurs réserves dépasseront encore 65 jours de fonctionnement, là où 30 jours lui semblent suffisants. L'université d'Artois affichait ainsi un fonds de roulement de 161 jours et "n'avait pas de projet d'investissement qui lui permettrait d'utiliser cette ressource", fait-on valoir. 

"Cela fait plusieurs mois qu'on sait qu'ils vont" prélever 100 millions, "on leur dit que c'est inepte", déplore Jean-Loup Salzmann, président de la Conférence des présidents d'université (CPU), pour qui on ponctionne "les universités les plus vertueuses". "L'année prochaine, c'est 300 millions qu'il va falloir trouver, on ne sait pas comment".

"Je me suis battue, et j'ai obtenu gain de cause, pour que les mobilisations des fonds de roulement soient ponctuels, d'un montant très limité, et surtout pour que cette somme soit redéployée au bénéfice de tous les établissements d'enseignement supérieur", avait déclaré la semaine dernière la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem, qui assure l'intérim depuis la démission de la secrétaire d'Etat à l'Enseignement supérieur Geneviève Fioraso début mars.

Hausse des dotations pour 2015

Sur le papier, les dotations 2015 des universités et des écoles pour leur fonctionnement et leur masse salariale augmenteront de 200 millions d'euros, dans un contexte de hausse du nombre d'étudiants: une moitié de cette hausse est financée en réalité grâce à la ponction sur les réserves des universités, l'autre grâce à la "réduction spontanée de dépenses immobilières".

Ces dotations permettront aux universités de compenser partiellement l'exemption des droits d'inscription dont bénéficient les boursiers, la moitié de la hausse automatique de la masse salariale (non prise en compte lors du passage des universités à l'autonomie à partir de 2008), des "mesures catégorielles" pour les personnels de catégorie B et C et la création des 1.000 postes par an prévus chaque année sur le quinquennat.

Y.D. avec AFP