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1000 milliards de dollars pour les actionnaires de Wall Street

General Electric est sans doute l'entreprise américaine la plus généreuse avec ses actionnaires sur 2015, 90 milliards de dollars redistribués, l'équivalent du tiers de se capitalisation boursière.

General Electric est sans doute l'entreprise américaine la plus généreuse avec ses actionnaires sur 2015, 90 milliards de dollars redistribués, l'équivalent du tiers de se capitalisation boursière. - Chris Hondros - Getty Images North America - AFP

Selon les chiffres de plusieurs cabinets d’analyse, le montant 2015 des reversements aux actionnaires des entreprises américaines va atteindre le montant record des 1000 milliards de dollars. Une aubaine qui pourrait ne pas durer.

Les actionnaires américains vont être gâtés comme jamais en 2015. Ils devraient toucher 400 milliards de dollars en dividende et 600 milliards de dollars en rachats d’actions. Jamais, de l’histoire de l’économie américaine, ils n’auront été autant rétribués. Les 1.000 milliards de redistribution prévus cette année va encore largement dépasser le montant de 2014, pourtant déjà très important, de 902 milliards. Un chiffre en constante augmentation ces quatre dernières années, de 14% en moyenne.

L’exemple le plus criant de cette générosité grandissante des entreprises envers leurs actionnaires est sans doute General Electric. Le géant de l'énergie, qui a racheté une partie du Français Alstom, va reverser la bagatelle de 90 milliards de dollars à lui tout seul. Soit le tiers de sa capitalisation boursière!

2014, encore une année de prudence payante

Les actionnaires de Wall Street se voient ainsi récompensés de leur fidélité après quelques années de vaches maigres. Les versements de 2015 sont en effet en grande partie le résultat des efforts réalisés par les entreprises en 2014. Plusieurs facteurs, notamment conjoncturels, ont incité les compagnies à se démener pour retenir leurs actionnaires. Entre autres moteurs, le peu d'investissement dans les capacités de production, le climat monétaire complexe, le peu d’appétit pour de la croissance externe, et la fin d’une période d’adaptation qui a occasionné nombre de mesures de restructuration et de cessions d’actifs.

Les rachats d’actions stabilisent Wall Street

Les entreprises américaines ont donc fait le dos rond pour arriver à un point culminant en matière de réserves de cash. De quoi largement investir dans ses propres actionnaires, à défaut d’autre projet structurant. Et c’est sans doute la raison principale de la très belle tenue des marchés américains, qui ont tendance à plafonner depuis des mois, mais qui évitent pour le moment toute rechute.

Cette tendance est-elle durable ou sommes-nous en train d'atteindre un haut de cycle en matière de redistribution? Tout porte à croire que ce chiffre spectaculaire restera un record pour plusieurs années. La période 2015-2016 s’annonce mathématiquement moins florissante.

Contexte plus favorable à l’investissement productif

Déjà, la conjoncture mondiale donne davantage de signes d’amélioration que l’année passée. Ce changement certain rend certains plans d’investissements à nouveau viables. Les entreprises américaines, très exposées au dollar fort, on à cœur d’investir dans des de zones à monnaie plus faible, dont la zone euro, pour profiter au mieux des nouvelles réalités monétaires.

En outre, un nouveau cycle très porteur d’opportunités de fusions-acquisitions est en marche, grâce à l'évolution des parités monétaires mais aussi à des taux toujours bas. Plusieurs raisons qui montrent bien que désormais, le gigantesque matelas de cash des entreprises américaines va être utilisé à des fins bien moins défensives.

Finis les records ?

Est-ce à dire que l’actionnaire américain sera moins bien rétribué en 2015-2016? Sans doute ces niveaux records seront révolus. Mais la satisfaction des détenteurs de ses titres restera une des priorités des entreprises. Déjà parce que le marché américain dans sa globalité tient bien grâce à cela. Mais aussi parce que les différents projets et investissements des entreprises seront eux aussi créateurs de synergies et de valeur sur le long terme, valeur qui sera redistribuée également aux actionnaires. Et tout porte à croire que la trésorerie des grosses entreprises américaines sera suffisamment importante pour alimenter à la fois les projets d’avenir, et la récompense des investisseurs les plus patients. 

Antoine Larigaudrie