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Après la BCE, la FED attendue au tournant

La BCE ayant rassuré les marchés, c'est à la FED de se livrer au complexe exercice de la décision de politique monétaire, mercredi soir. De nouveau beaucoup de pression autour de la présidente Janet Yellen.

La BCE ayant rassuré les marchés, c'est à la FED de se livrer au complexe exercice de la décision de politique monétaire, mercredi soir. De nouveau beaucoup de pression autour de la présidente Janet Yellen. - Saul Loeb - AFP

Avec le rebond des cours du brut, les propos rassurants de la BCE ont été l'un des principaux catalyseurs de la belle remontée des marchés en fin de semaine dernière. Mais désormais c’est à la FED de parler, au milieu d’un contexte de marché toujours extrêmement complexe et volatil.

"No Limit" d’un côté de l’Atlantique, quid de l’autre ? C’est toute la question que se posent les marchés ces derniers jours, pour essayer d’anticiper sur ce que la FED va décider à l’issue de son conseil de politique monétaire (FMOC) demain et après-demain.

Car même si Mario Draghi, jeudi, n’a fondamentalement rien annoncé de totalement nouveau (l’absence de limite théorique à l’action de soutien de la BCE et les réévaluations de politique monétaire étant acquises depuis un moment), la Banque Centrale Européenne a été l'un des principaux soutiens des marchés la semaine dernière.

Pression maximale

Dans ce contexte de marché extrêmement violent et soumis à de brusques variations, les assurances de la BCE ont été suffisantes pour offrir un socle au marché, le rebond des prix du brut amplifiant le mouvement. Mais désormais les yeux se tournent outre-Atlantique. La FED doit parler, et la pression va sans doute être à son maximum en attendant son rendu de décision mercredi soir.

Sentiment de "déjà-vu"

Pourquoi? Tout d'abord parce que la banque centrale américaine a eu toutes les peines du monde ces derniers mois à régler au mieux sa politique monétaire face aux anticipations de marché.

Elle a enfin réussi à leur faire digérer une première hausse de taux en décembre, mais le processus a dû être retardé de plusieurs semaines, après les turbulences de l’été. Mais désormais, elle se retrouve finalement dans un cas de figure similaire.

Processus complexe

En effet, elle doit de nouveau statuer sur l’avenir de sa politique monétaire, juste après une forte période de turbulences. Ce qui n’est pas le meilleur des cas de figure. Puisqu’on l’a vu l’année dernière, le marché s’est fait à l’idée d’une normalisation de la politique monétaire américaine et le réclame.

Mais quand la conjoncture redevient indécise et que revient le temps des turbulences, il attend des gestes et des initiatives de soutien, bien évidemment! Une attitude bipolaire qui explique que les anticipations de marché, notamment avec les taux, restent un processus compliqué, et pourtant essentiel à la FED pour calibrer sa politique.

Problèmes multiples

Jusqu’à présent la FED, via son vice-président Stanley Fischer, table sur 4 hausse de taux cette année, qui seraient de nature à amener les taux directeurs américains au-dessus de 1%, à mesure que la Réserve Fédérale se rapproche de ses objectifs d’inflation. Mais désormais plusieurs problèmes se posent.

La FED l’été dernier a bien montré que la très forte agitation boursière en provenance de Chine était de nature à la rendre plus prudente, quitte à remettre à plus tard ses décisions de relèvement de taux.

Pétrole en baisse et dollar fort

Autre souci, la très forte chute du pétrole ces dernières semaines qui installe un climat déflationniste dans l’esprit des intervenants de marché. De quoi contrecarrer les plans de la FED qui parie toujours à terme sur un retour à 2% de l’inflation aux États-Unis. Avec les cours actuels du pétrole cela paraît mal parti.

Enfin dernier problème, le dollar fort. La devise américaine qui s’apprécie face à l’ensemble des monnaies mondiales est en train de grignoter les bénéfices des grandes multinationales américaines. Et les prochaines publications à ce sujet en seront sans doute le témoin, puisqu’on attend ces prochains jours les trimestriels de Boeing, Mc Donald’s, 3M, United Technologies ou encore Apple. 

Réactions brutales à prévoir

Une équation très difficile à résoudre tant le scénario de remontée progressive des taux américains, de normalisation monétaire est à la fois anticipé et redouté par le marché. Avec à n’en pas douter des réactions extrêmement brutales. Beaucoup d'analystes de Wall Street parient désormais sur une modération, des signes selon lesquelles la prochaine hausse des taux n'est ni pour demain, ni pour après-demain !

Encore une semaine donc bien agitée à prévoir sur l’ensemble de ces marchés dans lesquels il va être extrêmement compliqué de prendre position, quelle que soit la stratégie d’investissement.

Antoine Larigaudrie