Banques américaines: les affaires reprennent
C’était à croire que les grandes enseignes de la finance américaine avaient oublié la recette du profit. Mais désormais, elle l’ont bel et bien retrouvée. Selon une étude de Barclays, le 1er trimestre 2015 s’annonce faste à nouveau pour les activités de marché.
Les revenus combinés des 5 plus grandes banques d’affaires du pays, Goldman Sachs, Bank Of America, JP Morgan, Morgan Stanley et Cirigroup devraient avoir atteint 25 milliards de dollars à fin mars, sur les activités actions et "Fixed Income", activité de taux. Leur meilleur niveau depuis 2009 ! Et surtout nette hausse par rapport au même trimestre en 2014 (21,6 milliards de dollars).
Faire le dos rond face à la volatilité
Un trimestre qui aura été noir pour l’ensemble de l’industrie, avec des activités taux rendues totalement ingérables par la mise en place et le croisement des différentes politiques monétaires des banques centrales mondiales, et une volatilité extraordinaire sur les cours des matières premières.
Les tendances globales n’ont pas changé depuis un an, mais les banques américaines ont enfin réussi à trouver la bonne cadence pour rebondir et retrouver les rails du profit. Tout simplement parce que face à cette volatilité, elles ont su faire le dos rond et retourner leurs positions pour suivre enfin la tendance du marché avec le meilleur timing possible en faisant tourner leurs allocations d’actifs et la composition de leurs portefeuilles.
Une balle de ping-pong dans un escalier
Mais globalement les majors de la banque de marché à Wall Street n’ont pas cherché midi à 14 heures et employé des stratégies de marché alambiquées pour redresser leurs profits, elles ont appliqué une vieille technique : pour être sûr de gagner de l’argent tranquillement sans prendre de risque, faites strictement ce que fait le marché. Technique payante, donc.
Malgré tout les grandes enseignes du marché américain ne sont pas à l’abri de nouvelles périodes difficiles. Un analyste de chez Oppenheimer compare même la conjoncture actuelle en banque de marché sur le long terme à "une balle de ping-pong qui descend un escalier".
Incertitudes toujours vives
Tout peut partir dans tous les sens très vite, et l’embellie à laquelle on assiste n’est peut-être que temporaire. D’ailleurs sur les 20 derniers trimestres, 14 se sont soldés par une baisse des revenus des activités de courtage.
Et l’incertitude générale conjoncturelle rend complexes les arbitrages, car même si la carte de la croissance mondiale commence à s’affiner, et bien marquer les points de force et de faiblesses des économies américaine, européenne et émergente, de lourdes interrogations subsistent, notamment sur la conjoncture réelle en Chine.
Des autorités bancaires qui veillent
Enfin le cadre réglementaire se resserre autour des grandes banques de Wall Street, de plus en plus surveillées par les autorités sur leurs pratiques de marché (les dernières énormes salves d’amendes pour mauvaises pratiques ont laissé des traces, d’autant que tout cela est loin d’être fini).
Sans compter certains aspects des lois Dodd-Franck, sur la séparation des activités bancaires. Ces dernières imposent des restrictions autour de l’activité de trading pour compte propre, quand la banque joue son propre argent. Désormais, impossible pour elles de risquer de jouer au-delà d’un niveau limite, et cela se ressent sur les bénéfices potentiels et sur l’activité en elle-même.
Des hypothèques complexes à gérer au milieu d’une conjoncture volatile… sur lesquelles les majors de Wall Street vont devoir surfer pour trouver la source de leurs futurs profits. Un véritable défi.