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BCE: Mario Draghi droit dans ses bottes

La question reste posée : le Quantitative Easing à la sauce BCE est-il efficace? Mario Draghi répond oui, et répète qu'il pourra en faire plus pour stimuler l'économie européenne.

La question reste posée : le Quantitative Easing à la sauce BCE est-il efficace? Mario Draghi répond oui, et répète qu'il pourra en faire plus pour stimuler l'économie européenne. - Daniel Roland - AFP

Continuer le plan de Quantitative Easing, et l’amplifier au besoin: telle reste la ligne de conduite du président de la BCE, interrogé ce week-end par le journal grec Kathimerini. Même si les effets tangibles sur l’économie européenne restent à prouver, Mario Draghi persiste et signe.

Marche? Marche pas? Question sans fin que se posent les marchés sur le plan d’assouplissement de la BCE, le fameux Quantitative Easing, lancé officiellement en mars dernier. Car jusqu’à présent, comme vu précédemment à la FED et du côté de la Banque du Japon, on a l’impression d’une fuite en avant sans réel effet positif pour la croissance.

Mais Mario Draghi le répète, le Quantitative Easing est la seule solution pour stabiliser la situation et empêcher l’entrée de la zone Euro dans une spirale déflationniste. Certes, le patron de la BCE le reconnaît, les problèmes persistent. Et en particulier une croissance toujours très faible en zone Euro.

Inflation nulle et déséquilibres

Autre type de problème: l’inflation qui reste inexistante, voire légèrement négative. Le QE de la BCE était censé avoir un effet favorable en la matière. Mais pour l’instant rien n’y fait. Cela aurait dû être l’effet direct d’une reprise de la demande en zone Euro, mais rien n’y fait pour le moment.

Enfin, se faisant l’écho des autres grands banquiers centraux du monde, et en particulier ceux de la FED, Mario Draghi reconnaît que les turbulences économiques actuelles, dans les pays émergents et en Chine, constituent un risque sensible pour l’ensemble de l’économie européenne.

Progrès dans les flux de crédit

Mais malgré tout cela, le patron de la BCE reste optimiste. "Nous sommes satisfaits du plan de Quantitative Easing. Il remplit ses objectifs et va même au-delà de nos espérances" dit-il. Mario Draghi note avant tout que les volumes de crédits bancaires aux entreprises augmentent, que les petites entreprises à l’échelon européen bénéficient d’un meilleur accès au crédit, grâce à des taux de refinancement bon marché.

C’est selon lui une première étape essentielle. Reste au 2ème étage de la fusée de se mettre en route, que la hausse de la demande provoque un peu d’inflation. Mais pour l’instant, on est très loin de l’objectif des 2% que s’était fixé la BCE.

 "Par tous les moyens" 

En cela, pour l’instant, Mario Draghi préfère y voir des effets persistants de la baisse des prix de l’énergie, et en particulier du pétrole, qui est par ailleurs une aubaine pour bon nombre de secteurs industriels. "Il apparaît que le processus de progression des prix vers notre objectif des 2% d’inflation va prendre un peu plus de temps que prévu", dit-il.

Par conséquent, au vu des menaces qui pèsent autour de l’économie de la zone Euro et compte tenu de premiers effets positifs, Mario Draghi reste inflexible, et poursuit sa ligne actuelle, conforme à son désormais fameux "Whatever it takes": employer tous les moyens pour stabiliser l’économie et stimuler la croissance. Et s’il faut faire plus, il le fera.

Bienfait ou source de problèmes?

Un quitte ou double qui laisse sceptique un grand nombre d’observateurs: faut-il poursuivre la fuite en avant en matière de politique monétaire, alors que pour l’instant ça n’a pas les effets escomptés, hormis entretenir des déséquilibres peut-être pires que ce qu’on cherche à éviter? 

La réponse est complexe, mais ce que semble vouloir dire Mario Draghi, c’est que 7 mois est un délai trop court pour juger des effets positifs de sa politique. Et que même si elle constitue en soi une source de déséquilibre, elle a le mérite de soutenir l’économie européenne, qui subirait une déflation marquée à l’heure qu’il est, si elle n’avait pas été lancée.

Le meilleur des mondes pour les actions?

Mais le risque de continuer à profondément déséquilibrer l’ensemble économique mondial est réel, en témoignent les difficultés que la FED éprouve à sortir de cette spirale et à raffermir sa politique monétaire. Le timing de remontée des taux est extrêmement complexe à trouver.

La BCE étant loin de ces considérations, on est donc partis pour de longs mois encore à connaître une phase de politique monétaire archi-souple de la part de la BCE. Et même s’il est à craindre des effets indirects indésirables, tout ceci constitue sur le papier le meilleur des mondes si on veut parier sur une poursuite de la hausse pour les marchés actions européens.

Antoine Larigaudrie