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Chine: 2016 commence par un sérieux coup de tabac boursier

La tourmente boursière de ce matin n'est pas sans rappeller les jours sombres des mois de juillet et août dernier, où la dégringolade boursière chinoise avait inquiété toute la planète.

La tourmente boursière de ce matin n'est pas sans rappeller les jours sombres des mois de juillet et août dernier, où la dégringolade boursière chinoise avait inquiété toute la planète. - Johannes Eisele - AFP

La Bourse chinoise a commencé de la pire des façons cette nouvelle année boursière, avec une chute vertigineuse et une interruption des cotations. De quoi inquiéter à nouveau l’ensemble de la planète boursière.

Pour une première séance de l’année, elle est bien mouvementée. Et sans doute la plus négative depuis des mois pour l’ensemble des marchés. Mais l’ampleur du coup de tabac à Shanghai ce matin est de nature à faire ressurgir des craintes de fond, autant sur la Chine que sur l’ensemble des bourses mondiales.

Déjà la matinée a été extrêmement pénible sur les marchés chinois, faisant ressortir de leur boîte toutes les peurs de cet été, puisque c’est dans des conditions similaires qu’a débuté l’épisode de crise boursière qui aura marqué le mois d’août. Après une forte baisse initiale pour l’indice composite de Shanghai, les cotations ont été interrompues alors que les pertes dépassaient les 5%.

Procédures automatiques

Une procédure automatique qui avait précisément été décidée juste après l’épisode de cet été, pour éviter d’autre séances-catastrophe. Dans ces cas-là, le déroulé est simple. La Bourse de Shanghai interrompt les cotations pendant 10 minutes, le temps que l’ambiance se calme et que les ordres de vente passent.

Ensuite les cotations reprennent, et si jamais la baisse dépasse les 7% sur les indices en question, les cotations sont cette fois définitivement interrompues pour le reste de la journée. Et c’est exactement ce qui s’est passé ce matin, provoquant un vrai sentiment de panique à Shanghai.

Nouvelles inquiétudes conjoncturelles

Et tous les investisseurs sont passés à la vente sur les places boursières voisines, dont Tokyo, qui a subi une baisse d’un peu plus de 3% en clôture, et Hong Kong -2,7%. Les places européennes dans le sillage, ont toutes ouvert sur une forte baisse à l’ouverture, entraînées notamment par les valeurs cycliques et industrielles, concernées au premier chef par la conjoncture chinoise.

Car certes la forte baisse de ce matin a des aspects techniques, mais elle revêt aussi des aspects fondamentaux. C’est au matin la publication de l’indice d’activité PMI Caixin-Makit qui a mis le feu aux poudres. C’est l’indicateur qui mesure le sentiment des directeurs d’achats d’entreprises et évalue leurs perspectives économiques. Et il est clair que cet indicateur n’était pas bon.

Aspects fondamentaux et techniques

On espérait un petit rebond sur le mois de décembre, mais au contraire il est en légère baisse par rapport à octobre, à 48,2 points. Et clairement en-dessous du niveau des 50 points, point médian entre expansion de l’activité (au-dessus), et ralentissement (en-dessous) La plupart des économistes attendaient un petit rebond, notamment à la faveur de facteurs saisonniers et d’indications plus favorables par ailleurs. Mais ce chiffre démontre bien encore toutes les incertitudes qui planent autour de l’économie chinoise.

Sur ces considérations, le marché a commencé à tanguer, et la situation s’est aggravée, à cause de facteurs techniques. En effet, depuis la tourmente boursière de l’été des mesures de restrictions avaient été prises pour éviter, justement, de nouvelles séances trop houleuses

Retour à la normal... manqué

Outre les coupe-circuits en cas de trop fortes baisses, les autorités chinoises avaient décidé d’interdire à certains gros investisseurs financiers de vendre de gros blocs de participations dans des sociétés cotées. Interdiction qui arrivait à échéance… ce matin même.

Pékin pensant ainsi remettre son marché boursier en ordre de marché avec un fonctionnement normal, un signe plutôt positif. D’ailleurs les mesures prises cet été ont eu le mérite de plutôt bien fonctionner, paradoxalement!

Secousses de court ou de long terme?

Reste que l’ampleur de la baisse est un signal franchement négatif. Car deux hypothèses sont sur la table : soit les grands investisseurs ont immédiatement profité de la levée des interdictions pour vendre les positions de marché qui pesaient sur leurs comptes depuis des mois, soit une nouvelle phase de très fortes turbulences vient de s’enclencher sur le marché chinois.

C’est pourquoi la réaction des indices de Shanghai ce matin sera scrutée de près, et risque, comme cet été, de devenir le sujet de crispation numéro un des marchés boursiers. Un mauvais signal de toutes les façons pour le début de cette année boursière, pourtant positive a priori, selon les analystes de marché.

Antoine Larigaudrie