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Le CAC 40 doit-il vraiment craindre le "risque Mélenchon-Le Pen"?

Depuis le Brexit, la livre a chuté d’environ 14% contre le dollar tandis que le Footsie 100 a progressé de 13%.

Depuis le Brexit, la livre a chuté d’environ 14% contre le dollar tandis que le Footsie 100 a progressé de 13%. - AFP

Alors que de nombreux investisseurs s'inquiètent d'une victoire de Jean-Luc Mélenchon ou de Marine Le Pen, la Bourse de Paris ne s'est jamais aussi bien portée. Une accession à l'Élysée de l'un de ces deux candidats pourrait même profiter au CAC 40. Explications.

À mesure que l'élection présidentielle française se rapproche, les marchés financiers se tendent de plus en plus. En atteste l'écart de taux entre l'Allemagne et la France, qui a tendance à s'accentuer quand les sondages sont favorables aux candidats considérés comme "populistes" et "anti-européens" par les marchés (Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon) et à se resserrer quand les candidats dits "pro-business", Emmanuel Macron et François Fillon, reprennent du poil de la bête dans les intentions de vote.

Il semble toutefois que le CAC 40 échappe en partie à cette nervosité générale. En effet, malgré les tensions politiques et géopolitiques, la Bourse de Paris ne s’est quasiment jamais aussi bien portée. Régulièrement au-dessus des 5.000 points, le CAC 40 a même atteint le 12 avril dernier son plus haut niveau depuis août 2015.

LVMH et L'Oréal très portés vers l'international

Alors comment expliquer que l’indice français reste inflexible aux aléas extérieurs? Tout simplement parce que les entreprises du CAC 40 sont peu exposées aux marchés français. En moyenne, seulement un quart de leurs ventes sont réalisées dans l’Hexagone. Certains poids lourds de la cote comme Sanofi, LVMH, Danone, Michelin, L’Oréal ou encore Airbus enregistrent même moins de 10% de leur activité en France. De fait, elles sont donc moins soumises aux contextes économiques et politiques français. Les sociétés susmentionnées sont d’ailleurs celles qui se tiennent le mieux en Bourse puisqu’elles ont vu leurs cours grimper depuis le début de l’année de respectivement 8%, 13%, 5%, 5%, 4,5% et 11% tandis que le CAC 40, sur la même période, a progressé de 3%.

Une analyse que partage Arnaud de Langautier, président d'Amplegest, cité par Bloomberg: "Si un candidat anti-euro était élu, bien sûr qu'il risque d'y avoir une pression baissière sur le CAC 40 de la part des investisseurs étrangers. Mais lorsque vous regardez les fondamentaux d'une entreprise comme LVMH, qui a une très faible exposition à la France, pourquoi vendriez-vous?"

Les valeurs bancaires en danger

Mais les entreprises du CAC 40 sont-elles pour autant à l’abri d’une victoire de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon, candidats considérés comme "dangereux" par les marchés financiers ? Là encore, celles qui présentent un profil international devraient le mieux s’en sortir. Car, si dans un premier temps, elles pourraient faire face à un recul généralisé des marchés comme observé lors du Brexit en juin 2016, elles devraient profiter par la suite de la baisse de la monnaie unique face aux autres devises (dollar, livre sterling, franc suisse) de la même manière que le Footsie a profité de la baisse de la livre. En effet, depuis le Brexit, la devise britannique a chuté d’environ 14% contre le dollar tandis que l’indice de référence des marchés actions britannique a de son côté progressé de 13% (voir le graphique ci-dessous).

En orange, le cours du Footsie.
En bleu, l'évolution de la livre face au dollar
En orange, le cours du Footsie. En bleu, l'évolution de la livre face au dollar © Bloomberg

Une trajectoire que pourrait suivre le CAC 40? Possible. Même si toutes les entreprises ne seraient pas pareillement impactées par une victoire de Jean-Luc Mélenchon ou de Marine Le Pen. À commencer par les valeurs bancaires, très exposées au marché français et au risque populiste. Citigroup affirmait d'ailleurs dans une note datant de mars dernier que la valorisation boursière des banques hexagonales pourrait diminuer d’un quart en cas d’accession à l’Élysée de la présidente du Front national.

Et pour cause, une sortie de l’euro, telle qu’elle est prônée par la candidate frontiste, risquerait de déclencher une série d’événements (dévaluation du franc, explosion de la dette, etc.) qui handicaperaient lourdement les banques françaises (fuite massive de capitaux, difficultés à trouver des liquidités, etc.). Si ce scénario semble encore peu probable au vu des sondages, nul doute qu'il risque d'effrayer les banques françaises en cas de "mauvaise surprise" le 23 avril prochain.