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Crise financière : quelles conséquences en France ?

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La faillite d’une des plus grandes banques américaines entraîne la dégringolade des bourses mondiales. Les banques françaises sont à l'abri, mais l’économie nationale sera touchée.

Les bourses mondiales dévissent toujours après l'annonce lundi de la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, l'une des plus importantes du pays. Le marché s'inquiète notamment du sort de plusieurs autres acteurs majeurs de la finance.

Bercy s'est rapidement voulu rassurant : la France est à l'abri, nous dit la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, pour qui les « répercussions sur les banques françaises devraient être limitées ». Elles ont pourtant vu leurs actions plonger de 7 à 14% hier (BNP Paribas a clôturé en baisse de 7,16%, Crédit Agricole de 9,19%, Dexia de 9,25%, Société Générale de 9,64% et Natixis de 14,61%).

Pourtant, la crise est loin d'être terminée et la France n'en sortira pas indemne selon plusieurs économistes.

Les banques françaises à l'abri ?

Philippe Waechter, directeur des études économiques chez Natexis Asset Management, explique qu'une situation à l'américaine est impossible en France : « Les problématiques de financement de l'immobilier, telles qu'elles se sont produites aux Etats-Unis, ne fonctionnent pas comme ça en France. Donc, le risque d'avoir une situation à la Lehman Brothers semble très limité en France. »

Nicolas Bouzou, économiste au cabinet Astérès, explique lui aussi que les banques françaises sont à l'abri de la faillite : « N'oublions pas que les banques françaises ont eu l'intelligence de continuer ces dernières années à faire leur vrai métier de banque, c'est-à-dire à collecter de l'épargne et à utiliser cette épargne pour prêter de l'argent aux ménages qui veulent s'endetter, qui veulent acheter une maison, acheter une voiture ou aux entreprises qui veulent lancer des investissements. Ce qu'on appelle la banque de détail, les banques françaises ont continué à le faire ces dernières années, et ça s'avère aujourd'hui plutôt une bonne stratégie. C'est quand même un socle assez sain sur lequel une banque peut s'appuyer. »

Cependant, si les banques françaises doivent être à l'abri de la faillite, l'économie française devrait tout de même subir les conséquences à moyen terme de la crise financière, comme le prévoit Nicolas Bouzou : « Une crise financière, ça veut dire aussi moins de croissance économique, moins de pouvoir d'achat, moins d'emploi. On le voit bien en France puisque depuis le 2e trimestre les entreprises ont tendance à supprimer des emplois. Le niveau d'emploi a commencé à diminuer au 2e trimestre 2008, ce qui ne s'était pas vu depuis plusieurs années ».

Les petits actionnaires trinquent

Parmi les victimes de cette crise boursière, on trouve évidemment les petits épargnants. Certains ont beaucoup perdu avec la chute des cours. Les épargnants qui ont placé leurs économies en bourse sont particulièrement en colère, surtout ceux qui avaient acheté des actions de banques françaises (qui ont fortement chuté).
Jean-Claude Delarue, le porte-parole de l'association SOS Petits Porteurs, est ulcéré : « les épargnants français sont scandalisés de voir à quel point ils ont affaire à des « amateurs ». On croyait que ces gens-là étaient compétents et on s'aperçoit qu'ils se sont fait complètement avoir avec l'affaire des subprimes, qu'ils ont finalement acheté n'importe quoi, y compris des prêts immobiliers aux Etats-Unis qui n'étaient gagés sur rien finalement, uniquement sur la spéculation. Donc ils sont très en colère, également contre les banques qui les poussent trop souvent à acheter ce type de produits. »

Même son de cloche avec Didier Cornardeau, président de l'Association des Petits Porteurs Actifs : « 6 actionnaires sur 10 ont gelé leur portefeuille, ne feront plus de transaction. D'ailleurs, les banquiers le savent, ils voient bien que les petits actionnaires ne font plus de transactions. Ils attendent quoi ? Ils attendent la fin de cette crise et tout le monde sait qu'aux Etats-Unis la crise ne pourra être complètement bloquée et maîtrisée qu'au premier trimestre 2009, avec ensuite un décalage en Europe et en France. Donc ils vont geler leurs portefeuilles jusqu'au mois de mars à peu près. Pour l'instant, on fait le dos rond, on attend ».

La rédaction avec Yannick Olland et Stéphanie Collié