BFM Patrimoine
Placements

Les doutes sur la croissance font chuter l'euro et les Bourses

LA CLÔTURE DES BOURSES EUROPÉENNES

LA CLÔTURE DES BOURSES EUROPÉENNES - -

par Walter Brandimarte et Naomi Tajitsu NEW YORK/LONDRES/PARIS - Les marchés boursiers, l'euro et le pétrole ont été lourdement sanctionnés...

par Walter Brandimarte et Naomi Tajitsu

NEW YORK/LONDRES/PARIS (Reuters) - Les marchés boursiers, l'euro et le pétrole ont été lourdement sanctionnés vendredi, les investisseurs craignant les conséquences négatives pour la reprise économique des mesures d'austérité prises par plusieurs pays européens.

A Paris, le CAC 40 a perdu 4,59% ou 171,18 points à 3.560,36 points.

Sur la semaine, les 40 valeurs vedettes de la place de Paris ont toutefois gagné 4,95%, compte tenu notamment de leur réaction positive en début de semaine au plan massif stabilisation de l'euro entériné par l'Union européenne et le Fonds monétaire international le week-end dernier.

Les marchés avaient aussi bien réagi dans un premier temps aux mesures d'austérité budgétaires annoncées par l'Espagne mercredi puis par le Portugal jeudi, avant d'y réfléchir à nouveau et d'y voir un frein à la reprise économique.

L'indice MSCI monde a perdu 2,6% tandis que le FTSEurofirst 300 perdait 3,4%. La Bourse de Madrid a fini en repli de 6,64%, celle de Milan de 5,26% et celle d'Athènes de 3,4%. A Wall Street, où l'on s'inquiète aussi des conséquences de la réforme financière aux Etats-Unis, les trois grands indices boursiers se repliaient d'environ 2% à la mi-journée.

L'euro est tombé à un nouveau plus bas de 18 mois face au billet vert. La monnaie unique a enfoncé à la baisse deux seuils successifs vendredi, 1,25 dollar, puis 1,24 dollar pour toucher un plus bas de séance à 1,2358 dollar sur la plate-forme de transactions électroniques, son plus bas depuis octobre 2008.

Chris Turner, responsable des changes chez ING, voit l'euro à 1,15 dollar dans six mois.

EADS PROFITE DU REPLI DE L'EURO

Le repli de l'euro et les interrogations sur la demande énergétique défavorisent le pétrole - le baril de brut léger US se négocie sous les 72 dollars - mais apparaît comme un atout pour les exportatrices.

Le constructeur aéronautique EADS, qui a annoncé ses résultats trimestriels vendredi , a ainsi été la seule valeur de l'indice CAC 40 à finir en hausse vendredi. Elle a gagné plus de 5% à 16,315 euros.

En revanche, les valeurs bancaires ont particulièrement souffert, pour plusieurs raisons : inquiétudes sur leur exposition à la Grèce, enquêtes dont elles font l'objet aux Etats-Unis pour leur rôle joué dans l'établissement de certains produits pendant la crise financière, réforme financière aux Etats-Unis.

Crédit agricole, Deutsche Bank et UBS, qui font l'objet d'une ou plusieurs enquêtes aux Etats-Unis, ont perdu respectivement 6,43%, 4,15% et 4,67%.

Aux Etats-Unis, les valeurs financières perdaient en moyenne 2,8% à la mi-journée.

Le Sénat américain a adopté plusieurs amendements dans le cadre de la réforme financière en cours de discussion au Congrès dont un limitant les commissions sur les cartes de crédit et de débit. Les grands émetteurs de cartes bancaires ont vu leurs cours reculer. Visa perdait 9% et Mastercard 7,4%.

Dans ce contexte, les nouveaux signes de reprise économique aux Etats-Unis annoncés vendredi avec une hausse des ventes au détail, de l'activité industrielle, des stocks des entreprises et du moral des ménages ont été ignorés.

NOUVEAU RECORD POUR L'OR

Face aux incertitudes, les obligations d'Etat sont toujours recherchées, les investisseurs acceptant un rendement réduit à 3,4% pour détenir l'emprunt obligataire américain de référence.

L'or a touché un nouveau record, à 1.248,95 dollars l'once, avant de subir des dégagements sans avoir pu franchir la barre des 1.250 dollars.

Alors que les marchés broyaient du noir en fin d'après-midi et doutaient de la promesse de la Banque centrale européenne de procéder à des rachats de dette souveraine de pays fragiles pour éviter des attaques spéculatives, une source monétaire italienne a déclaré que les banques centrales européennes continuaient bien d'acheter la dette souveraine de pays de la zone euro.

Les ministres des Finances des pays du G7 ont tenu une nouvelle téléconférence sur la dette grecque et la morosité des marchés sans que beaucoup de détails aient filtré.

Dans ce climat de défiance, l'écart de rendement entre les Bunds allemands de référence et les emprunts d'Etat émis par les pays dits "périphériques" de la zone euro s'est creusé, ce qui a fait monter le coût de protection de leur dette souveraine contre un défaut.

La France a même fait un moment l'objet d'une rumeur d'abaissement de la note de sa dette. Ainsi, le CDS français à cinq ans est monté à 71,5 points de base, contre 64,9 points, selon les chiffres de CMA Datavision.

L'agence de notation Fitch Ratings a déclaré par la suite qu'elle n'avait pas modifié la note de la dette souveraine de la France, qui reste au maximum, à AAA, avec une perspective stable.

De même, le gouvernement allemand a démenti une information de presse selon laquelle Nicolas Sarkozy aurait menacé de sortir la France de la zone euro la semaine dernière au moment de la discussion du plan de stabilisation de l'euro.

Danielle Rouquié pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten