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En 2015, une action sur trois sur les marchés était chinoise

Les échanges à Shanghai et Shenzhen ont représenté plus de 30% des échanges boursiers mondiaux en 2015. Avec notamment la spectaculaire tempête estivale.

Les échanges à Shanghai et Shenzhen ont représenté plus de 30% des échanges boursiers mondiaux en 2015. Avec notamment la spectaculaire tempête estivale. - Fred Dufour - AFP

Nouvelle preuve du gigantisme du marché actions chinois, les bourses du pays auront, à elles seules, mobilisé le tiers des volumes d’échanges au niveau mondial sur l’année 2015. Des chiffres spectaculaires qui ne doivent pas faire perdre de vue la spécificité de ce marché.

Rien que les chiffres donnent le vertige. Avec des volumes d’échanges en hausse de plus de 186% par rapport à 2014 à plus de 10 milliards de dollars, la valeur des échanges d’actions sur les places boursières chinoises (Shanghai et Shenzhen) ont atteint 43.000 milliards de dollars (+218%), selon les données fournies par le World Federation of Exchanges, l’association mondiale des places boursières.

Une flambée spectaculaire qui, effectivement, aura compté pour le tiers des échanges d’actions sur l’année, évalués au niveau mondial à 27,3 milliards de dollars (+55%) en volumes, et à 114.000 milliards de dollars en valeur (+41%).

Montagnes russes estivales

Une flambée largement attribuable à la frénésie qui a alimenté les bourses chinoises depuis l’année 2013 et avait provoqué une hausse continue et tout aussi spectaculaire des indices boursiers locaux, +53% en quelques mois. C'était avant une dégringolade tout aussi spectaculaire à l’été, qui avait été le déclencheur d’une très délicate phase estivale pour l’ensemble des marchés mondiaux, craignant de voir l’ensemble du marché chinois craquer et complètement mettre à plat les perspectives économiques du pays. Avec même une réplique ces premiers mois de 2016.

Marchés en mutation

Avec le recul de ces derniers mois, les investisseurs ont compris que ces extraordinaires volumes et l’amplitude des mouvements des marchés boursiers chinois, ainsi que leur volatilité, étaient davantage dus à la mutation des marchés boursiers du pays.

D’un "casino" peu régulé, ils sont désormais soumis à des règles plus strictes, mais leur mise en place ainsi que la volonté d’assainissement du gouvernement chinois se sont traduits par de très violents mouvements de capitaux, et la panique des petits porteurs, très nombreux sur le marché, et investis via des produits de crédit complexes à gérer.

Peu d’impact fondamental

On est donc passé du pinacle aux abîmes en quelques mois, ce qui donne cette impression d’énorme essoreuse à capitaux dont les mouvements extraordinaires ont tendance à perturber l’ensemble des marchés mondiaux. Hors il n’en est rien.

La réplique de ce fulgurant krach boursier en début d’année a eu le mérite de démontrer clairement le peu d’impact fondamental que les turbulences boursières chinoises ont sur l’ensemble des autres places mondiales, y compris asiatiques.

Chantier de long terme

Le marché mondial en début d’année était davantage préoccupé par les mauvaises statistiques économiques du pays, et surtout les mouvements sur la devise chinoise, le Yuan, orchestrés par la banque centrale du pays (PBOC).

Cela a fait tanguer la bourse chinoise, mais sans impact direct fondamental sur les autres places boursières, hormis réactions épidermiques. Les marchés développés ont pris conscience pendant toute l’année dernière du chantier considérable qui attendait le marché boursier chinois pour qu’il soit à l’avenir aussi efficient et régulé que la plupart des grands marchés développés.

"Rappels" périodiques à prévoir

Faire le ménage dans les pratiques spéculatives, assainir et rendre plus transparents les comptes des entreprises cotées, et les règles auxquelles elles doivent obéir, et rationaliser l’ensemble des pratiques de marché… Cela prendra sans doute encore des années, sans compter que tout cela dépendra aussi de l’évolution de l’influence du Yuan sur les marchés internationaux en matière d’échanges de capitaux.

Et d’ici là, le marché boursier chinois restera très spéculatif, et davantage secoué par des facteurs purement "sino-chinois", même si de temps en temps il se rappellera au bon souvenir des bourses occidentales. Et malgré tout, celui qui fait réagir plus fondamentalement au matin est bien sûr le marché de Tokyo.

Antoine Larigaudrie