BFM Patrimoine
Placements

ENTRETIEN: Sodexo prêt au défi de la dématérialisation des titres restaurant

BFM Patrimoine
Thomas Varela DOW JONES NEWSWIRES PARIS (Dow Jones)--L'émetteur du Chèque Restaurant Sodexo (SW.FR) sera en mesure de faire face au regain de concurrence attendu sur le marché francais des titres restaurant à l'occasion du lancement de cartes de

Thomas Varela

DOW JONES NEWSWIRES

PARIS (Dow Jones)--L'émetteur du Chèque Restaurant Sodexo (SW.FR) sera en mesure de faire face au regain de concurrence attendu sur le marché francais des titres restaurant à l'occasion du lancement de cartes de paiement comme alternative aux traditionnels tickets et chèques en papier, a declaré lors d'un entretien le directeur general de la branche Services avantages et récompenses du groupe, Denis Machuel.

"La carte n'est pas une technologie qui bouleverse notre business model (...) En France, nous voyons la dématérialisation plutôt d'un bon oeil", a déclaré le dirigeant, lors d'un entretien accordé à Dow Jones Newswires. Dans l'ensemble des pays où le groupe est présent, "l'intensification potentielle de la concurrence est compensée par l'élargissement du marché, nous sommes confiants", a-t-il ajouté.

La technologie au service de la concurrence

Nouveau venu sur le marché des titres restaurant, le spécialiste des solutions de paiement Moneo prévoit de livrer ses premières cartes Moneo Resto au début février, tandis Resto Flash a également annoncé le lancement d'une application de paiement par smartphone.

Ces projets font écho à l'accroissement de la concurrence constaté dans les pays qui ont déjà adopté le paiement par carte comme le Brésil. Pourtant, selon Denis Machuel, "la carte n'est ni plus chère ni moins chère qu'un titre papier". Les marges bénéficiaires des émetteurs sont les mêmes sur les deux supports, ajoute-t-il, même si le remboursement plus rapide des restaurateurs permis par la carte est de nature à peser sur la trésorerie dégagée par les acteurs historiques.

Pionnière en matière de titres restaurant, la France fait aujourd'hui figure de retardataire. Reglementé par une ordonnance de 1967, le marché français, qui concerne 3,5 millions de salariés, ne connaît toujours que le format papier. Les cartes de paiement sont pourtant largement utilisées - notamment par les deux leaders mondiaux Edenred (EDEN.FR) et Sodexo - dans les autres pays du monde où des incitations fiscales favorisent l'attribution de ces compléments de salaire.

En France, "cela fait plus de deux ans que nous y pensons et que nous en parlons avec le gouvernement", indique Denis Machuel, tout en reconnaissant que le dossier avait peu avancé jusqu'à l'automne dernier. "L'arrivée annoncée de nouveaux acteurs a remis la question dans l'agenda".

Incertitudes sur la réglementation

Initiée en décembre sous l'égide du ministère de l'Economie, une concertation entre les émetteurs historiques comme Edenred, Natixis et Sodexo, et les nouveaux entrants doit permettre de mettre à jour la réglementation en vigueur. Une loi ou un décret pourraient ainsi venir sanctionner dans les prochains mois les modalités d'utilisation des cartes.

"La réglementation actuelle n'interdit aucunement un paiement dématérialisé", avance toutefois le directeur général de Moneo, Serge Ragozin, qui n'a pas l'intention d'attendre l'issue du processus de la concertation pour commercialiser Moneo Resto. Rédigés il y a plus de quarante ans, les textes encadrant les titres restaurant ne mentionnent pas le support utilisé, carte ou papier, plaide-t-il.

"Nous respectons également la réglementation bancaire puisque la carte titres-restaurant Moneo Resto est une carte prépayée MasterCard", ajoute le dirigeant, qui connaît bien le secteur pour avoir été à la tête d'Accor Services (l'actuel Edenred) de 2005 à 2010.

Assurant avoir déjà reçu des marques d'intérêt de la part de plusieurs grands groupes, Moneo mise sur une montée en puissance progressive et vise 10% du marché français à l'horizon 2017.

Dans l'attente d'un consensus

Lors de la réunion organisée en décembre à Bercy, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) est restée prudente, souligne pour sa part Jean-Michel Reynaud, président de la Commission nationale du titre restaurant. Si la DGCCRF ne s'est pas opposée au lancement des cartes, elle n'a pas non plus validé la démarche des nouveaux acteurs consistant à anticiper la mise à jour de la réglementation, indique le président de l'organisme de contrôle des titres restaurant, qui rassemble émetteurs de titres, restaurateurs, organisations patronales et syndicales.

L'ensemble des acteurs concerné est favorable au principe de l'adoption de la carte sur le marché français, pointe toutefois Jean-Michel Reynaud, ce qui devrait permettre d'éviter un blocage durable de la situation.

Une prochaine réunion de concertation est prévue le 15 février. D'ici là, la CNTR, qui tiendra son assemblée générale le 28 janvier, transmettra au gouvernement ses recommandations concernant le lancement des cartes.

-Thomas Varela, Dow Jones Newswires; +331 40 17 17 72; thomas.varela@dowjones.com

(END) Dow Jones Newswires

January 21, 2013 05:31 ET (10:31 GMT)

© 2013 Dow Jones & Company, Inc.

Dow Jones Newswires -IDSS2-