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Fabius : « La crise de l’argent fou »

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Laurent Fabius, député PS de Seine-Maritime et ancien Premier ministre, a donné sa vision de la crise actuelle et en a critiqué la gestion.

Invité jeudi 2 octobre, le député PS de Seine-Maritime et ancien Premier ministre Laurent Fabius a évoqué l'existence de trois crises superposées : « Il y a en fait trois crises qui se superposent. Vous avez la crise américaine, qui est une crise mondiale, compte tenu du rôle des Etats-Unis. C'est une crise que j'appelle la crise de l'argent fou, ça n'a plus aucun sens, c'est l'affaire des subprimes, des agences de notation, des bonus astronomiques, etc. Il faut que les Américains votent leur plan, mais cette crise de l'argent fou, ça va demander pas mal de temps avant de la résorber et c'est essentiellement le FMI qui est le mieux armé pour réguler tout ça. »

« Deuxièmement, vous avez la crise européenne et là il y a un énorme paradoxe, c'est que l'Europe est moins exposée que d'autres, mais qu'elle a moins de moyens d'intervention que les autres. Nous n'avons pas un budget important, nous n'avons pas les moyens en tant qu'Européens d'emprunter, et puis nous ne sommes pas un Etat. Néanmoins, il faut qu'on avance sur le plan européen. Je ne suis pas pour autant d'accord avec la polémique qui est en train de se développer, ça n'a pas de sens que les gouvernements d'Europe s'échangent des propositions par télévisions interposées en disant "Moi c'est 300 milliards, moi c'est 100 milliards". Ça donne une impression absolument désastreuse ».

« On ne peut pas à la fois dire "Mesdames et Messieurs les épargnants, il n'y a pas de problème", et d'un autre côté dire "On a besoin de 300 milliards d'euros rapidement". Je trouve que cette affaire est mal gérée. On a besoin de l'Europe, il faut que la France, notamment, fasse des propositions, mais il faut rendre ça public quand ça marche parce que sinon ça va faire dégringoler les marchés ».

« Et puis il y a l'affaire française, c'est une troisième crise, où l'on voudrait nous faire croire que toutes nos difficultés actuelles sont liées à la crise financière. On ne nous dit pas la réalité. Il y a ces deux crises qu'on prend dans la figure, mais il y a en plus des difficultés qui sont liées à notre politique et qui sont précédentes. Quand on vous dit "Le bond du chômage au mois d'août est lié à la crise des banques au mois de septembre", il y a quelque chose qui ne va pas. Il faut changer un certain nombre de choses dans la politique française, notamment suspendre une partie du paquet fiscal et la reconvertir vers ce dont on a besoin, c'est-à-dire l'investissement, la recherche et l'éducation. »

La rédaction-Bourdin & Co