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Comment la France a décidé de dompter le trading à haute fréquence

Le trading à haute fréquence représente jusqu'à 35% des transactions en Europe, selon l'AMF

Le trading à haute fréquence représente jusqu'à 35% des transactions en Europe, selon l'AMF - -

L’Allemagne a adopté ce mercredi 26 septembre, un projet de loi pour encadrer cette pratique accusée de participer à l’emballement des marchés. La France a, de son côté, publié un décret qui taxe les annulations d’ordres passés via le trading à haute fréquence.

L’Allemagne a perdu patience sur le trading à haute fréquence. Lassée d’attendre une initiative européenne, Berlin a adopté mercredi 26 septembre un projet de loi visant à encadrer cette pratique, qui représente entre 30 à 35% des transactions boursières en Europe, et 50 à 60% aux Etats-Unis, selon l’Autorité des marchés financiers (AMF). Elle espère que son texte trouvera un écho auprès l’Union européenne. Mais l'Allemagne, n’est pas la seule à encadrer les abus de ce procédé pour autant. En août dernier, le gouvernement français a adopté, via un décret, un mécanisme pour dompter les excès du trading à haute fréquence.

Le texte français instaure une taxe de 0,01% sur le montant des ordres annulés via ce procédé. Il précise également que cette taxe frappera un opérateur, à partir du moment où 80% des opérations qu’il a passées sont annulées au cours d’une même séance.

Les opérateurs boursiers annulent, en effet, très souvent les positions prises par le biais du trading à haute fréquence. L'AMF estime ainsi que seulement 1 à 5% des ordres passés via cette technologie sont réellement exécutés.

Car le trading à haute fréquence consiste,en fait, à jouer sur la vitesse par le biais d’ordinateurs et d’algorithmes prédéfinis. L’opérateur peut alors déclencher des millions d’ordres boursiers en quelques millisecondes, lorsque les conditions de marchés initialement programmées sont réunies. Le but est d’être le premier à profiter de différences de prix entre deux valeurs parfois infimes. Mais lorsque ce même opérateur voit que son opération ne peut être source de profit, il annule presque aussitôt les millions d'ordres déjà enregistrés.

Une taxe à 0,01%

Le danger est que l’important volume d’ordres que génère ce procédé ne dérègle les marchés, comme cela a été le cas lors du krach éclair du 6 mai 2010 à Wall Street. En un quart d’heure, le Dow Jones avait perdu plus de 9% (soit 1000 milliards de dollars). Les enquêtes de la Security and Exchange Comission (Sec), le gendarme américain de la Bourse, ont pointé le rôle joué par le trading de haute fréquence dans cette chute.

Le gouvernement français a ainsi voulu éviter de telles dérives, en décourageant les abus. Et pour caractériser une opération de trading à haute fréquence, le décret fixe à une demi-seconde maximum le temps entre le passage d'un ordre et sa modification ou annulation.

Mais, pour certains observateurs, il faut aller plus loin que le texte français. Christophe Nijdam, analyste bancaire chez Alphavalue, souhaite une interdiction pure et simple de cette pratique, qui "introduit des risques systémiques supplémentaires" pour une utilité non démontrée.

Reste à savoir quelle direction choisira Bruxelles et si l'Europe décidera de s'inspirer des exemples français et allemand.

Julien Marion et AFP