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Interview:Virginie Robert Directrice adjointe de Reyl France

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(CercleFinance.com) - Quel premier bilan peut-on-tirer des premières publications US ? Clairement, le bilan provisoire est décevant. Depuis le 9 octobre, 127 sociétés représentant un peu plus du quart des titres listés sur le S&P 500 ont p

(CercleFinance.com) - Quel premier bilan peut-on-tirer des premières publications US ?

Clairement, le bilan provisoire est décevant. Depuis le 9 octobre, 127 sociétés représentant un peu plus du quart des titres listés sur le S&P 500 ont publié ses résultats. 70 % d'entre elles ont annoncé des bénéfices supérieurs au consensus Bloomberg, mais 57 % d'entre elles ont néanmoins présenté des chiffres d'affaires inférieurs aux attentes. Sur ce point, il s'agit d'une forte déconvenue qui a eu pour conséquence une correction sensible des principaux indices. Ces quinze derniers jours, depuis le mardi 9 octobre et l'ouverture de la saison des résultats avec Alcoa, le S&P 500, le Dow Jones et le Nasdaq ont chuté respectivement de 0,53 %, 0,85 % et 1,57 %. Des secteurs comme les biens de consommation et la Santé ont été plus particulièrement impactés. A ce rythme, nous nous acheminons donc vers l'un des plus mauvais trimestres que nous ayons connus depuis 2009.

Les effets de change négatifs, le ralentissement de l'activité en septembre et la contraction de la croissance en Chine sont les principales explications qu'il convient d'apporter à ce bilan très mitigé. La hausse des prix des matières premières a entraîné également des répercussions négatives sur les marges. MacDonald's, par exemple, en a souffert.

La suite des évènements ne s'annonce pas des plus réjouissantes. Sur les 22 entreprises qui ont communiqué leurs estimations pour le 4e trimestre, toutes sauf une se sont vues obligées de les réviser à la baisse !

Comment expliquer les bonnes performances des banques et groupes de services ?

De toute évidence, les valeurs du secteur ont été portées par QE3, le troisième volet du plan d'assouplissement quantitatif enclenché par la Fed en septembre. Cette 3e tranche, qui consiste principalement en un rachat de créances hypothécaires, a permis d'accélérer le redressement du marché immobilier avec une progression immédiate des mises en chantier, des permis de construire et des crédits immobiliers dont les banques ont été les premières à bénéficier. QE3 s'est traduit pour elles par de fortes garanties en terme de flux de liquidités.

Avec les résultats publiés depuis deux semaines, il faut cependant noter que la pression sur les marges d'intermédiation s'intensifie et que les reprises de provision sont moindres. La rentabilité de la banque de détail est donc inférieure aux attentes. L'heure est à la réduction des risques sur les activités de compte propre, à l'exemple de JP Morgan et de Goldman Sachs.

Beaucoup de valeurs technologiques déçoivent, comme Facebook ou Hewlett Packard.... Peuvent-elles remonter la pente ?

Dans le cas des technos, la situation est assez complexe. Elles font face aujourd'hui à la fois à une conjoncture difficile et à un tournant industriel de grande ampleur.

L'effet conjoncture est facile à saisir. Les entreprises ont tout simplement réduit leurs investissements IT. C'était plus particulièrement le cas en septembre dans le domaine des serveurs où la contraction des ventes a directement affecté des sociétés comme IBM, Intel et AMD
Nous en sommes arrivés ensuite, dans le secteur de la technologie, à ce qu'Andy Grove appelait, dans les années 90, un ' point d'inflexion stratégique '. Les besoins des consommateurs se sont radicalement modifiés ces dernières années. Le développement des tablettes et des Smartphones a bouleversé leurs habitudes de consommation.

L'accès internet n'est plus réservé au PC et comme le rappelait hier encore Marissa Mayer, la PDG de Yahoo !, l'internet mobile est devenu aujourd'hui un enjeu stratégique majeur pour toutes les marques positionnées d'une manière ou d'une autre sur ce secteur. Nombre d'entre elles vont devoir repenser leur business model et la monétisation de leurs services. On peut dire que les paris sont ouverts... A court terme les HP, Dell, Intel sont perdants mais à plus long terme, cela représente quand même un challenge de taille pour Facebook, Apple, Google. Et Microsoft dont on suivra avec attention le lancement de Windows 8.

La consommation des ménages américains semble bien résister. Faut-il privilégier les valeurs liées à la consommation, comme la distribution ?

Le XLY est le sous-indice de la consommation discrétionnaire au sein du S&P500. Avec une progression de 6.4% depuis fin juin, il garde un certain potentiel de hausse au vu des dernières statistiques macroéconomiques. La croissance des ventes au détail, y compris celles des produits alimentaires, s'est réaccélérée. Le taux de chômage est repassé sous la barre des 8%, les ventes dans le secteur automobile sont bien orientées, les crédits renouvelables sont en hausse et les indices de confiance des ménages retrouvent les bons niveaux du mois de mai. Wal Mart et Home Depot atteignent aujourd'hui des plus hauts sur le marché.

A propos de Home Depot, il est intéressant que le XHB, le sous-indice des constructeurs d'habitation, a bondi de 52 % depuis le début de l'année.
En revanche, pour l'ensemble des valeurs liées à la consommation, les disparités restent grandes. La demande est toujours bien orientée aux US mais, à l'international, elle pâtit du ralentissement chinois et des difficultés rencontrées en Europe. Les prix à la production affectent notamment les valeurs dans la consommation alimentaire. Le luxe est malmené.

La communication des entreprises est prudente sur les perspectives de ventes d'ici la fin de l'année. Il faudra plutôt attendre un repli du marché pour acheter les valeurs plutôt domestiques. Ou alors privilégier les firmes qui proposent des produits suffisamment innovants leur permettant de conserver une bonne marge de manoeuvre dans la fixation des prix. C'est le cas de Mattel et de sa ligne ' American Girl ', par exemple, à cette nuance près que le titre est quand même déjà bien valorisé

Comment expliquer la santé éclatante d'Amazon ?

Indéniablement, Amazon.com est la star du e-commerce, le site de référence. C'est le plus grand magasin du monde, avec un modèle d'affaires apprécié autant par ses consommateurs que par ses investisseurs.

Amazon n'a jamais cessé, quitte à provoquer un recul du titre en bourse, d'investir dans la logistique, le suivi des commandes, le service après-vente, bref dans la qualité du service apporté au client. L'entreprise bénéficie donc d'une note de fiabilité exemplaire et d'une image de marque exceptionnelle.

C'est en quelque sorte un Darty en version universelle. Avec le temps, Amazon a su décliner son offre de produits sur des segments plus rentables que les livres. Avec un énorme capital confiance et une organisation d'une efficacité diabolique, le chiffre d'affaire a suivi...
Il faudra suivre jeudi prochain, le 25 octobre, la publication de ses résultats. A ce jour, Amnazon.com est chèrement valorisée par le marché qui attend une progression de son chiffre d'affaires sur le trimestre de 27 % par rapport à l'an passé et de +8.6% en séquentiel.

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