BFM Patrimoine
Placements

L'action Mitsubishi chute de plus de 40% en trois jours

Mitsubishi est secoué en Bourse.

Mitsubishi est secoué en Bourse. - Toshifumi Kitamura - AFP

"Confronté à un scandale de fraude sur les performances écologiques des ses voitures, le constructeur nippon voit son titre plonger en Bourse. Les investisseurs redoutent les conséquences financières de cette affaire."

La tempête ne semble pas se calmer pour Mitsubishi Motors. L'action du constructeur japonais d'automobiles a plongé de plus de 13% ce vendredi à la Bourse de Tokyo. Le titre avait lâché 15% mercredi et 20% jeudi, une série négative d'une ampleur inédite depuis l'introduction en Bourse du groupe en 1988, selon l'agence Bloomberg. Près de 3 milliards d'euros de capitalisation boursière se sont envolés depuis mercredi, quand sont apparues les premières informations sur l'affaire.

Mitsubishi Motors a avoué avoir manipulé des tests pour améliorer les performances énergétiques de quatre modèles de véhicules vendus au Japon. Pour l'heure, 625.000 mini-voitures sont concernées, mais d'autres modèles, y compris à l'étranger, pourraient être touchés. Le ministère des Transports poursuivait vendredi ses perquisitions dans un Centre technique du constructeur japonais dans la préfecture d'Aichi (centre), a indiqué un fonctionnaire à l'AFP.

"Je ne peux pas m'empêcher d'avoir des doutes sur l'attitude de la compagnie s'agissant du respect de la loi, c'est extrêmement regrettable", a déclaré le ministre Keiichi Ishii à la presse, en référence à un précédent scandale de camouflage des défauts au début des années 2000. Les autorités envisagent par ailleurs de revoir les méthodes de tests afin de regagner la "confiance" des consommateurs.

Parmi les automobiles en cause, les trois quarts étaient fabriqués pour son compatriote Nissan, dont le titre n'a pas été affecté (+1,71% à 1.066 yens). C'est d'ailleurs lui qui a découvert les divergences entre les mesures constatées et celles fournies. À l'image du cas Volkswagen, "les dommages seront importants", a averti le patron de Mitsubishi Motors, Tetsuro Aikawa.

Des compensations financières

Outre l'inévitable impact sur sa réputation, la société japonaise se prépare à subir des coûts conséquents: elle devra probablement verser des compensations financières à ses clients ainsi qu'à Nissan, des indemnités à d'éventuels plaignants et s'expose aussi à des pénalités de la part du gouvernement. Elle risque en outre de perdre le contrat avec Nissan, prévient Christopher Richter, analyste automobile de la société de courtage CLSA à Tokyo. "C'est un coup dur pour le groupe, dont la grande majorité des activités au Japon se résume à la vente de véhicules à des tiers depuis le scandale des années 2000 qui a réduit leur part de marché à des miettes" (2,1%), a-t-il souligné.

Mitsubishi Motors venait de solder les dernières traces dans ses finances de cette affaire, dont il s'est relevé grâce à l'intervention des autres entreprises de la galaxie Mitsubishi. Petit poucet comparé aux géants Toyota et Nissan avec seulement un million de véhicules écoulés par an dans le monde, Mitsubishi Motors "pourrait vendre des actifs" pour se redresser. "Il y a déjà eu des discussions de restructuration ou de consolidation par le passé, mais la résistance était forte au sein de la constellation Mitsubishi", rappelle cependant Christopher Richter.

D. L. avec AFP