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L'Arabie Saoudite lance le plus grand emprunt jamais réalisé par un État

L'Arabie Saoudite avait déjà émis de la dette sur son marché local

L'Arabie Saoudite avait déjà émis de la dette sur son marché local - Fayez Nureldine - AFP

Le royaume a donné le coup d'envoi de son premier emprunt sur le marché international, d'un montant de 17,5 milliards de dollars. L'émission a déjà suscité un fort intérêt de la part des investisseurs.

L'Arabie saoudite va faire une entrée tonitruante sur les marchés mondiaux. Le Royaume ambitionne de lever jusqu'à 17,5 milliards de dollars lors de son premier emprunt sur le marché international, qui a été lancé ce mercredi et représente un montant record pour un État, a confirmé jeudi matin l'agence officielle.

Selon l'agence de presse saoudienne, "la somme totale de la première offre était de 17,5 milliards de dollars. Les demandes totales de souscription pour ces obligations ont atteint 67 milliards de dollars".

"On a lancé les termes, on a lancé la transaction", a indiqué à l'AFP Jean-Marc Mercier, co-directeur de la division marchés de capitaux d'emprunt chez HSBC, l'une des banques qui a encadré l'opération, confirmant des informations de Bloomberg News.

Trois tranches

"Cette émission inaugurale de 17,5 milliards de dollars marque avec succès l'arrivée du royaume d'Arabie saoudite sur les marchés de capitaux, puisqu'il s'agit de la plus importante émission syndiquée jamais émise par un pays", a commenté Jean-Marc Mercier.

Ce dernier a précisé que trois tranches d'emprunt avaient été proposées aux investisseurs: deux de 5,5 milliards de dollars chacune à respectivement 5 ans et 10 ans et une dernière de 6,5 milliards de dollars à 30 ans.

Cette répartition est "un grand classique" pour les emprunts en dollars et la demande a été "très bien répartie sur les trois tranches", a poursuivi Jean-Marc Mercier, tout en soulignant que l'intérêt des investisseurs pour cet emprunt a été vraiment global et ne s'est pas cantonné aux seuls États-Unis.

Les investisseurs intéressés

Ce montant est supérieur à celui de 15 milliards de dollars avancé par un analyste interrogé le mois dernier par l'AFP, et l'emprunt a déjà suscité une demande de l'ordre de 67 milliards de dollars, signe du très fort intérêt des investisseurs, selon l'agence Bloomberg News.

"Les roadshows organisés à Londres et aux États-Unis ont permis de susciter une très forte demande des investisseurs, ce qui a permis de constituer le plus gros livre d'ordres pour un (pays) souverain", a expliqué Jean-Marc Mercier.

L'offre saoudienne va "susciter un fort intérêt de la part des investisseurs, ce qui pourrait se matérialiser par une demande quatre à cinq fois supérieure à l'offre", a estimé de son côté Christopher Dembik, chef des études macroéconomiques de Saxo Bank.

"Les investisseurs sont désespérément à la recherche de rendements", a-t-il relevé. Pourtant, selon l'analyste, "bien que le pays puisse légitimement espérer emprunter à un taux attractif, il sera certainement un peu plus élevé que celui de ses voisins, du fait d'une moins bonne notation de la dette souveraine et d'un mouvement récent global de hausse des taux souverains".

De bonnes notes

Les agences d'évaluation financière Fitch et Moody's avaient annoncé la semaine dernière qu'elles comptaient attribuer respectivement les notes "AA-" et "A1" au futur emprunt en dollars américains de l'Arabie saoudite sur le marché international.

Premier exportateur mondial de pétrole, l'Arabie saoudite subit de plein fouet le contrecoup de la faiblesse des cours du brut.

Le pays, qui prévoit un déficit budgétaire de 87 milliards de dollars cette année, s'efforce de diversifier son économie et a mis en oeuvre une série de réformes pour renflouer ses caisses, dont cet emprunt international et des mesures d'austérité.

L'entrée en Bourse d'Aramco

Le royaume prévoit en outre d'introduire en Bourse une partie du capital de son joyau économique, la compagnie pétrolière publique Saudi Aramco, afin de financer un fonds souverain appelé à devenir le plus grand monde.

Dans son édition en ligne du 10 octobre, le quotidien Al-Hayat, citant le ministère saoudien des Finances, a rapporté que la dette publique du royaume s'est élevée au 31 août à 273,8 milliards de riyals (65,7 milliards d'euros) contre 142,2 milliards de riyals au 31 décembre

Ryad a déjà eu recours à l'emprunt sur le marché intérieur, mais cela a eu pour conséquence de mettre la pression sur les liquidités des banques locales, selon Patrick Dennis, expert sur le Moyen-Orient chez Oxford Economics à Londres.

Ces réserves ont baissé de 732 milliards de dollars en 2014 à 562 milliards de dollars en août, selon des statistiques officielles.

Le recours à l'emprunt extérieur réduit en revanche la pression sur les réserves en devises du royaume, note Patrick Dennis et, pour Christopher Dembik, il "pourrait aussi inciter le pays a réduire son offensive sur les prix sur le marché pétrolier et permettre à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) d'obtenir un vrai accord concernant la production".

J.M. avec AFP