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"L'économie chinoise ne cesse d'accumuler les bulles"

En un mois, la Bourse de Shanghai a chuté de plus de 30%.

En un mois, la Bourse de Shanghai a chuté de plus de 30%. - STR - AFP

Au lendemain d'une nouvelle dégringolade de la Bourse chinoise, les experts de BFM Business expliquent en quoi ce krach est juste le résultat de l'éclatement d'une énième bulle sur les marchés en Chine.

En Chine, les marchés marquent une pause ce jeudi après leur chute de mercredi. En un mois, la Bourse de Shanghai a perdu plus de 30%. La veille, certaines entreprises ont même suspendu leur cotation pour éviter de trop fortes dégringolades de leur titre.

De son côté, le gouvernement prend des mesures. Des ordres ont par exemple été donnés aux grands groupes chinois d'investir dans les plus puissantes capitalisations boursières pour éviter qu'elles ne plongent davantage. Des liquidités ont été injectées sur le marché. Pékin a en outre interdit aux gros actionnaires de vendre leurs participations au capital des entreprises au cours des six prochains mois.

"Une bulle de crédit absolument immense, inédite"

L'hémorragie continue néanmoins. Les milliards de petits porteurs chinois, qui ont investi à crédit, paniquent. Une défiance qui explique en partie la violence de ce krach qui commence à contaminer les autres bourses asiatiques.

"Les particuliers, qui ont énormément d'épargne, ont été encouragés, exactement comme en Occident, à créer un effet 'richesse' en augmentant leurs investissements sur les marchés financiers, explique Didier Saint-Georges, membre du comité d'investissement de Carmignac Gestion, sur BFM Business ce jeudi.

Ainsi, on assiste à l'éclatement d'une nouvelle bulle sur le marché chinois, qui est coutumier du fait. "L'économie chinoise, d'une certaine manière, ne cesse d'accumuler les bulles. Elle a d'abord généré une bulle de crédit absolument immense, inédite dans l'histoire économique, y compris aux Etats-Unis avant les subprimes", souligne Pierre Sabatier, PDG de PrimeView, sur BFM Business mercredi.

Au départ, les fonds de ces crédits "ont servi à investir, non pas dans les actions, mais dans tout le reste. Par exemple dans le résidentiel", continue Pierre Sabatier. "Il y a aussi eu une bulle globale entraînée par les surcapacités de production. On a construit des aéroports, des voies ferrées, des outils de production en capacité surnuméraire par rapport à ce que peut digérer le marché intérieur", poursuit le spécialiste. C'est selon lui "une bulle au sens propre du terme, puisque ces nouvelles infrastructures ont créé une inadéquation entre capacité d'offre et demande pas suffisamment solvable pour l'acheter". Aujourd'hui, alors que "la bulle immobilière s'est dégonflée depuis quelques mois, une autre a pris le relais. L'une se substitue à l'autre", conclue-t-il.

"Des boursicoteurs, des parieurs, des joueurs, ont perdu"

Mais cette perte de valeur à la Bourse n'est pas le signe d'un appauvrissement de l'empire du milieu. "L'économie réelle chinoise est en ralentissement depuis un moment, bien avant qu'il y ait eu cette bulle sur les actions A (les plus grandes valeurs chinoises, ndlr)", relève de son côté Didier Saint-Georges, de Carmignac Gestion. "Il y a un ralentissement que tout le monde connaît, on sait qu'il y a une transition absolument majeure, que Xi Jinping, le dirigeant chinois, organise. L'une des conséquences a été d'injecter beaucoup de liquidités dans l'économie, qui elle-même, a eu tendance à créer des bulles boursières".

"Comme dans tous les krachs boursiers, cela commence à avoir un impact psychologique, de confiance". Mais pour l'instant, le gérant de Carmignac estime que le scénario est un grand classique du jeu des marchés : "des boursicoteurs, des parieurs, des joueurs, ont perdu. Certains beaucoup. Mais d'autres ont gagné", continue le gérant. "Il faut garder à l'esprit que c'est un jeu à somme nulle. Quand vous montez à 100% pour les perdre six mois plus tard, il y a éventuellement eu des transferts de richesse entre ceux qui ont gagné et ceux qui ont perdu, indique Didier Saint-Georges. Mais il n'y a, en aucun cas, eu de destruction de richesse en Chine".

N.G.