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L'euro poursuit son inexorable chute face au dollar

L'euro n'a pas pu profiter des commentaires de Mario Draghi

L'euro n'a pas pu profiter des commentaires de Mario Draghi - Philippe Huguen - AFP

Pour la première fois depuis plus de 11 ans, la monnaie unique est tombée sous les 1,10 dollar, ce jeudi 5 mars. Une chute qui a fait fi de propos jugés optimistes par le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi.

L'euro continue de dévisser. La monnaie unique est ainsi tombée à plus bas en onze ans et demi face au dollar, ne parvenant pas à pérenniser un bref rebond alimenté par des propos jugés encourageants du président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi sur les perspectives économiques en zone euro.

Vers 18H30 à Paris, la monnaie unique européenne valait 1,1011 dollar, après être tombé vers 18h à 1,098 dollar, un nouveau plus bas depuis début septembre 2003 et pour la première fois sous 1,10 dollar depuis cette même date.

"L'euro a suivi un parcours en montagnes russes avec la conférence de presse de Mario Draghi (le président de la BCE, NDLR)", observait Christopher Vecchio, analyste chez DailyFX.

Un euro qui suit le rythme de Draghi

Dans un premier temps, alors que Mario Draghi débutait son intervention par des remarques préparées à l'avance, l'euro avait tenté de se reprendre, le président de la BCE faisant "passer un message optimiste sur les perspectives de l'économie et sur les conditions d'emprunt", relevait Kathleen Brooks, analyste chez Forex.com.

En effet, la BCE a relevé ses prévisions de croissance pour 2015 et 2016, à respectivement 1,5% et 1,9%, et relevé sa prévision pour l'inflation en 2016 à 1,5%.

Mais la monnaie unique n'est pas parvenue à conserver ses gains, bien au contraire. "L'euro a connu un rapide retour à la réalité lorsque Mario Draghi a réitéré que le programme de rachats d'actifs, qui doit débuter la semaine prochaine, pourrait s'étendre au-delà de la date de conclusion prévue en septembre 2016", commentait Ashraf Laidi, analyste chez City Index.

Ce programme d'"assouplissement quantitatif", ou "QE" selon l'acronyme pour son appellation en anglais ("Quantitative Easing"), prévoit le rachat de quelque 1.140 milliards d'euros de dette publique et privée d'ici septembre 2016, au rythme de 60 milliards par mois, afin de relancer la très faible dynamique des prix en zone euro.

Ce programme, qui a pour but de stimuler l'activité économique en zone euro, se traduit par des injections de liquidités dans le système financier, ce qui a pour effet collatéral de diluer la valeur de la monnaie unique. Ainsi, "beaucoup d'observateurs s'attendent à ce que le programme se poursuive bien après la date de septembre 2016 annoncée par Mario Draghi et du coup le fait que ce programme aura le moindre impact fait débat", commentait Dennis de Jong de UFX.com.

Des doutes sur la Grèce

De plus, les cambistes optaient pour la prudence dans un regain d'incertitudes sur les perspectives économiques de la Grèce. Mario Draghi a en effet souligné que les prêts d'urgence à la Grèce ont été étendus tout en martelant que la BCE ne pouvait pas acheter de dette du pays actuellement.

De son côté, le dollar était prisé car les investisseurs estiment que la bonne tenue générale de l'économie américaine pourrait pousser la Réserve fédérale américaine (Fed) à relever ses taux dès mi-2015, ce qui rendrait le dollar plus rémunérateur, et donc plus attrayant pour les investisseurs. Les cambistes attendaient la publication vendredi du rapport officiel mensuel pour février sur l'emploi et le chômage aux États-Unis, un indicateur majeur pour jauger la vigueur de la reprise de la première économie mondiale.

J.M. avec AFP