L’Europe est-elle prête à un retour de l’inflation ?
Ainsi va la vie boursière… Alors qu’enfin, après des mois d’attentes, l’inflation pointe de nouveau le bout de son nez en Europe, couronnant les efforts de la BCE en matière de politique monétaire et confirmant le bien fondé de ses initiatives, voilà que les marchés patinent, en proie à l’instabilité.
Pourtant, cette statistique constitue sans doute la meilleure nouvelle pour la zone Euro depuis des mois. +0,3% pour les prix sur l’ensemble de la zone Euro en mai, et mieux : +0,9% en glissement annuel pour l’inflation hors prix de l’alimentation et énergie, les deux données les plus volatiles. C’est quasi-exactement ce que cherche la BCE, créer de l’inflation fondamentale, hors effets exogènes des mouvements sur le pétrole ou des matières premières agricoles.
Nette tension sur les taux
Car le plan de la BCE, après avoir baissé ses taux au minimum, consiste à racheter de la dette d’Etat aux banques. Ainsi, elles se déchargent d’un risque et peuvent prêter plus, stimulant l’activité de crédit, la circulation de l’argent, les prêts à l’industrie et aux particuliers. Elles créent in fine une hausse de la demande… et donc des prix. C’est le principe du "QE", ou "Quantitative Easing".
Outre l’incertitude encore totale autour du dossier de la dette grecque, ce chiffre d’inflation a également provoqué une forte tension sur les taux de dette souveraine. Les rendements des obligations à 10 ans se sont tendus à 0,7% pour le Bund Allemand, 1% pour l’OAT française, et plus de 2% désormais en Espagne et en Italie. Le tout avec une nette remontée de l’euro qui sera passé en quelques heures d’1,09 à 1,11 face au dollar.
Face à face BCE - Banques
Toute cette agitation a du coup plombé le marché boursier et les valeurs financières, plus pour des raisons techniques que fondamentales. Car la réapparition de l’inflation reste une grande et belle nouvelle pour la zone euro. Simplement la volatilité, les brusques changements d’orientations, au cœur d’un marché peu liquide, provoquent quelques déséquilibres à court terme. Car l’objectif de la BCE de garder des taux d'intérêt les plus bas possible se retrouve à court terme, au contraire, émaillé de tensions.
En fait, on reste dans la problématique de ces dernières semaines, à savoir fixer sur les marchés des niveaux d’équilibres, entre les desiderata de la BCE, et aussi la capacité aux banques de faire circuler l’argent avec un rendement acceptable.
Un équilibre difficile à trouver
Donc la tache de la banque centrale est d’autant plus ardue pour piloter sa politique de taux et rassurer l’ensemble des acteurs de la sphère financière. Car au-delà de ces problématiques et du fonctionnement de la pompe à finances européenne, restent le cas Grec, et des indicateurs d’activité toujours assez volatiles et faibles encore pour la plupart.
Bref la période de convalescence est loin d’être terminée, et il faudra sans doute plusieurs phases d’instabilité à court terme avant de retrouver un certain équilibre, car fondamentalement les perspectives des actifs européens et notamment du marché actions, restent au beau fixe pour ces prochains mois ou ces prochaines années.