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L'incroyable cagnotte des entreprises américaines à l'étranger

Même si Apple monopolise l'attention, Microsoft détient le record de cash détenu à l'étranger, 100 milliards de dollars. Ex-aequo avec General Electric.

Même si Apple monopolise l'attention, Microsoft détient le record de cash détenu à l'étranger, 100 milliards de dollars. Ex-aequo avec General Electric. - AFP

2.500 milliards de dollars. C’est l’incroyable cagnotte que l’ensemble des entreprises américaines détiennent via leurs filiales installées à l’étranger. Un chiffre record qui prouve que malgré les décisions politiques et les amendes massives, les multinationales américaines sont toujours fidèles à leur tradition d’optimisation fiscale.

14% du PIB américain. C’est ce que représente la somme totale du cash que les multinationales américaines détiennent au sein de leurs filiales étrangères, selon Capital Economics. Un phénomène toujours croissant, que le cabinet de recherche décrit comme la construction de gigantesques barricades.

Barricades contre quoi? Principalement contre le fisc américain. Si les multinationales continuent de diriger leur cash toujours vers l’étranger, c’est bien sûr pour éviter les 35% d’impôts que prélève le Trésor de leur pays. Même si, et Capital Economics le souligne, la plupart des entreprises qui payent des impôts aux États-Unis payent bien moins que ces 35%.

Apple en vedette

Mais les vieilles habitudes ont la vie dure. Et le plus étonnant est que cette masse considérable d’argent est mise à l’abri par un tout petit nombre d’entreprises. C’est en effet loin d’être un mouvement qui touche l’ensemble des multinationales américaines.

"Apple a beau monopoliser l’attention avec ses 91 milliards de dollars de cash détenu à l’étranger, c’est General Electric qui détient le plus gros montant à 100 milliards, à égalité avec Microsoft", remarque Capital Economics. "Et le reste est quasi-exclusivement conservé par des grands groupes pharmaceutiques (spécialistes des montages ou rachats à visées fiscales, ndlr) ou technologiques" ajoute l’étude.

Vers une nouvelle amnistie?

Facteur notable, si ce trésor de guerre est resté relativement stable du côté des technologies et des pharmaceutiques, une part croissante de sociétés high-tech dirige son cash vers ses filiales hors États-Unis. "Depuis 2002, leur part de ce cash passe de 12 à 40%", précise le cabinet.

Peut-on espérer que progressivement cette manne puisse revenir aux États-Unis? Tant que le taux d’imposition restera le même, estime Capital Economics, fort peu de chances que cela se produise, même si cette année électorale peut amener de la part des candidats une période d’amnistie propice à le faire.

Efficacité en question

Mais l’utilité économique d’une telle mesure est-elle démontrée? Sur ce point, le cabinet est pessimiste. "L’utilité économique du rapatriement du cash étranger n’a jamais été démontrée jusque-là", estiment les analystes. "Lors de l’amnistie décrétée par l’administration Bush en 2004, on a surtout vu que le cash rapatrié a été directement reversé aux actionnaires. Cela n’a pas servi à financer des investissements ou de l’investissement dans la croissance", continuent-ils.

Et au-delà de contenter des états de plus en plus soucieux que leur soient versés les impôts qui leur sont dus, il n'y a que peu de chances qu’une nouvelle période d’amnistie provoque quelque choc de croissance que ce soit. Tout au plus des effets indirects, et de court terme.

Effet indirect de court terme

"Que ce soit à l'étranger ou sur son pays d’origine, une entreprise qui stocke du cash démontre qu’elle n’a pas envie d’investir. La période actuelle ne témoigne pas d’un véritable changement de climat à ce niveau", estime Capital Economics.

"Tout juste pourrait-on espérer que le cash soit reversé une fois de plus aux actionnaires, et que cela constitue un petit plus en matière de consommation et d’investissement personnels, mais rien de significatif", conclut le cabinet. Les multinationales vont donc continuer, encore un long moment, à se barricader derrière ces montagnes de cash étranger, tant que la croissance économique restera molle au niveau mondial.

Antoine Larigaudrie