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La panique gagne Wall Street, le Dow Jones plonge

Malgré la panique qui a gagné les marchés lundi sur fond de crainte de remontée des taux, Donald Trump s'est voulu rassurant, affirmant qu'il se préoccupait des "fondamentaux" de l'économie à long terme qui restent "exceptionnellement forts".

Un mouvement de panique a saisi Wall Street lundi, où l'indice vedette de la place new-yorkaise a drastiquement chuté après plusieurs mois d'euphorie boursière régulièrement saluée par le président Donald Trump. Le Dow Jones Industrial Average a soudainement dévissé en deuxième partie de séance, et enfoncé en moins d'une heure les seuils des 500, 1.000 et 1.500 points perdus. Au plus bas, il a chuté de plus de 10% depuis son dernier record le 26 janvier.

Après un petit rebond en fin de séance, le Dow Jones a finalement clôturé en baisse de 4,60%. L'indice Nasdaq, à forte coloration technologique, a perdu 3,78% et l'indice élargi S&P 500, qui représente les 500 plus grandes entreprises cotées aux Etats-Unis, a cédé 4,10%.

Trump relativise

La Maison blanche s'est voulue rassurante en affirmant que le président Trump se préoccupait des "fondamentaux" de l'économie à long terme qui restent "exceptionnellement forts", selon sa porte-parole Sarah Sanders.

Cette correction intervient le jour de l'arrivée à la tête de la banque centrale américaine de Jerome Powell, qui remplace Janet Yellen, seule femme à avoir jamais dirigé cette institution. Mais elle était attendue de longue date par de nombreux observateurs, les indices ayant enchaîné les records ces derniers mois. Le S&P 500 a ainsi enregistré en janvier son meilleur début d'année depuis 1997.

Donald Trump s'en est souvent félicité dans des tweets ou dans ses interventions publiques et en avait fait un de ses arguments favoris pour séduire les milieux d'affaires lors du dernier forum économique de Davos en Suisse. Lundi, la Maison Blanche a dans un communiqué à la chaîne CNBC assuré "être toujours inquiète quand le marché perd de la valeur". Mais un porte-parole, mettant en avant "la fluctuation des marchés à court terme", a un peu plus tard rappelé que l'économie américaine restait "très solide" et "allait dans le bon sens".

Crainte de remontée des taux

Signe de l'inquiétude ambiante dans les salles de marché, l'indice qui mesure la volatilité à Wall Street, le VIX, s'affichait lundi à son plus haut niveau depuis l'été 2015. "On avait perdu l'habitude de voir les indices accélérer du côté négatif", a remarqué Art Hogan de Wunderlich Securities, un vétéran de la place new-yorkaise.

Entamée la semaine dernière, la débâcle a été déclenchée par un regain de nervosité des investisseurs face à la hausse des taux d'intérêt. L'annonce d'une augmentation significative des salaires en janvier aux États-Unis a en effet ravivé vendredi les craintes d'inflation et la possibilité de voir la banque centrale relever plus rapidement que prévu ses taux. Le taux d'emprunt à dix ans a par exemple grimpé lundi jusqu'à 2,88%, son plus haut niveau depuis 2014.

Que vont faire les investisseurs?

Cette évolution renchérit les emprunts aussi bien pour les entreprises que pour les investisseurs et offre aux courtiers un placement désormais un peu plus rémunérateur et moins risqué que les actions. "Pendant plusieurs années, le marché des actions était un peu la seule destination" pour les investisseurs souhaitant des rendements plus élevés mais les actions "sont devenues un peu sur-évaluées", estime Jack Ablin de Cresset Wealth Advisors.

"La question maintenant est de savoir si les investisseurs qui ont ces derniers mois profité de chaque mouvement de repli pour faire des achats à bons comptes vont encore une fois refaire leur apparition ou s'ils vont rester en retrait", s'interroge JJ Kinahan, spécialiste des marchés pour la plateforme de courtage TD Ameritrade.

Le secteur de la finance est celui qui a le plus souffert lundi: l'indice le représentant au sein du S&P 500 a perdu 4,99%. Outre la fébrilité ambiante, il a été lesté par la chute de 9,22% de la banque Wells Fargo, responsable d'un scandale massif de comptes fictifs: la Fed lui a interdit d'augmenter son chiffre d'affaires avant d'avoir pris des mesures pour corriger ses erreurs.

Alors que le prix du baril de pétrole a de nouveau reculé lundi, le secteur de l'énergie a aussi encaissé le choc (-4,35%), la major ExxonMobil cédant par exemple 5,69%. Arconic, le groupe né de la scission du géant de l'aluminium Alcoa, a lui dévissé de 8,90% après des prévisions en demi-teinte.

P.L avec AFP