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Cette société chinoise qui gagne 4.000% en 40 jours

Les actionnaires de Beijing Boafeng Technologies peuvent avoir le sourire, avec un titre qui double de valeurs tous les jours.

Les actionnaires de Beijing Boafeng Technologies peuvent avoir le sourire, avec un titre qui double de valeurs tous les jours. - Johannes Eisele - AFP

Aucune erreur de frappe dans ce titre, ni sensationnalisme aucun. Beijing Boafeng Technologies (BBT) gagne bien 4.000% sur les 40 derniers jours de bourse. Une aubaine pour l’entreprise et pour ses actionnaires ravis, mais qui posent question sur la rationnalité du marché chinois.

Une frénésie inimaginable. C’est ce qui entoure un des titres les plus actifs de la high-tech chinoise en ce moment à la Bourse de Shanghaï, Beijing Baofeng Technologies. Certes elle évolue dans un secteur porteur, celui de la vidéo sur PC, pour laquelle elle fournit technologies, logiciels et applications parmi les plus avancés en Chine.

Mais cela peut-il justifier une telle montée fulgurante en bourse ? 4.000% en 40 jours, cela donne en moyenne un cours qui passerait du simple au double à chaque séance de bourse. Ce qui se passe en gros depuis l’introduction sur les marchés de BBT, le 24 mars dernier. A chaque séance quasiment cotant à l’extrême limite réglementaire de la suspension, tant les cours étaient poussés à la hausse.

Ruée sur la high-Tech

L’engouement des particuliers notamment pour la bourse en Chine devient un phénomène fou, et on a un peu l’impression d’une vague d’achat totalement irrationnelle, touchant un peu tout et n’importe quoi.

Mais avec une très nette préférence pour les sociétés high-tech, introduites en bourse récemment, car traditionnellement au cours plus volatiles et garantissant des gains substantiels, étant donné que le marché chinois grimpe sur une tendance effrénée, après plus de 50% de gains depuis le 1er janvier et des vagues d’acheteurs qui arrivent et qui veulent prendre le train en marche.

Erreur de valorisation?

Reste que même si Beijing Boafeng Technologies est sans doute une société en pointe sur son métier de la vidéo en ligne, rien de rationnel ne peut justifier une envolée de 4.000% en 40 jours. Donc deux hypothèses, soit le prix de son introduction en bourse a été fort mal calculé, soit des mouvements boursiers reposent également sur des pratiques plus ou moins douteuses.

La première hypothèse n’est pas à exclure, puisqu’encore une fois, et comme à l’époque de la bulle internet de début 2000, certaines perspectives ou valorisations d’entreprises sont particulièrement difficiles à évaluer, surtout quand elles ont trait à des secteurs d’activités tout à fait nouveaux en Chine.

Problèmes réglementaires

Mais commencer à jouer dans les cours des multiples de valorisation à ce point différents de ceux de l’introduction sort de tout cadre d’évolution normal. Il y a donc une énorme bulle spéculative sur ce titre, comme beaucoup d’autres dans différents secteurs.

Et du coup on assiste à des hausses vertigineuses, mais aussi à des plongeons insensés, comme celui de Hanergy, le spécialiste de l’énergie solaire. 

Les autorités boursières sont en train de se mettre en branle pour savoir si la formidable progression du marché boursier ne repose pas dans certains cas sur certaines pratiques malhonnêtes.

Les particuliers aux premières loges

Transparence financière, communication des données, information aux investisseurs, on commence à avoir un certain nombre de cas précis qui indiquent que la réglementation boursière chinoise est encore insuffisante pour garantir un investissement sain.

D’autant plus que ce sont les particuliers qui constituent la cheville ouvrière du phénomène. Rappelons que rien que sur le 1er trimestre, 8 millions de nouveaux comptes-titres ont été ouverts en Chine, un chiffre en hausse de 433% sur un an !

Un chantier réglementaire colossal

Les autorités vont donc devoir s’attaquer à un chantier monstrueux, sur un marché qu’elles veulent en plus ouvrir de manière croissante aux investisseurs étrangers, qui eux pour le coup voudront des garanties fiables avant de mettre le moindre centime.

Autant les grosses capitalisations chinoises, notamment les banques, l’industrie et la High Tech, sont assez connues et entourées, autant le reste de la cote ressemble un peu à une vaste jungle où tout est possible.

Reste à trouver le bon équilibre, puisque parallèlement cette hausse fulgurante est source de fierté nationale, et aussi de gros profits pour l’Etat Chinois, principal actionnaire d’énormément de grandes banques de la cote, notamment…

Antoine Larigaudrie