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La TVA à 10%, une « gifle » pour les restaurateurs

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Les restaurateurs s'étranglent depuis l'annonce du relèvement de la TVA intermédiaire de 7 à 10%, pour le financement des mesures de compétitivité. « Une gifle », disent-ils, tout en prévenant que l'addition va s'en ressentir.

S'il est une mesure que les restaurateurs ne digèrent pas, c'est l'annonce de la hausse de la TVA.
A partir du 1er janvier 2014, ainsi que l'a annoncé mardi Jean-Marc Ayrault, le taux intermédiaire de la TVA passera de 7 à 10%.
« On a pris la gifle en pleine gueule », s'emporte Roland Héguy, président de l'Union des métiers et industries de l'hôtellerie (UMIH), le principal syndicat patronal du secteur.
Du reste, les restaurateurs ne sont peut-être pas encore au bout de leurs surprises: Bercy fait savoir qu'il se réserve la possibilité de rétablir la TVA à taux plein sur la nappe du restaurant, soit 19,6% actuellement, puis 20% à partir du 1er janvier 2014. Une hypothèse toutefois rejetée mardi soir par Jean-Marc Ayrault.

Attention l'addition

Dans son restaurant du 15e arrondissement de Paris, Marco Paz l’affirme: le relèvement de la TVA à 10% se verra immédiatement sur l’addition. « Si on parle d'un plat à 18 euros, prévient-il, il va falloir passer à 20 ou 21 euros, ce qui est actuellement très cher vu le contexte ».
Marco Paz veut aussi renoncer à l'embauche pourtant prévue d’un nouveau salarié. A la place, il achètera... une machine. Il faut réduire les coûts, les clients sont moins nombreux.
Devant la porte, Virginie regarde la carte, elle n'avait plus mis les pieds au restaurant depuis six mois : « Ca aurait été possible de faire un gros restaurant une fois de temps en temps, mais là non, la taxe d'habitation arrive, les cadeaux de Noël, les billets de train... on regarde à deux fois ».

Les restaurateurs ont-ils joué le jeu ?

Pour Karil Lopez, patron d'un restaurant dans le 14e arrondissement de Paris, « beaucoup de restaurateurs, dont nous, ont joué le jeu: pour la baisse de la TVA, on a baissé les prix, réellement, sur une quinzaine de références. Les ravioles de langoustines, qui sont à 22 euros, étaient à 24 euros. Les desserts étaient à 10 euros, ils sont tous passés à 9, et nous avions un mi-temps en salle, c'est devenu un temps plein ».
Or, selon le rapport de la Cour des Comptes remis le 3 octobre dernier, tous les restaurateurs sont loin de s'être montrés aussi vertueux après la baisse de la TVA. Après enquête, les plus hauts magistrats financiers du pays sont arrivés à la conclusion que la TVA à 5,5% dans la restauration a eu « un impact limité sur l'emploi » et « coûte très cher » : ce cadeau fiscal aux restaurateurs coûte 3,2 milliards d'euros par an au contribuable.
Dans ce contexte, la Cour des Comptes a donc préconisé le relèvement de la TVA dans la restauration... et le rapport Gallois a fait le reste.
« Il avait été convenu que la TVA soit à 5,5%, regrette Karil Lopez. Déjà, on va arriver à 10. Ce n'est pas du tout ce qui était prévu à la base ! On ne peut pas donner, reprendre, donner, reprendre, ce n'est pas possible ! On doit essayer de caler quelque chose, et puis s'y tenir ».
C'est précisément ce que la Cour des Comptes reproche au secteur de la restauration.

A. Le Mer, avec M. Bodrero