Le secteur de la Défense fait un carton en Bourse
C’est sans doute la meilleure preuve que les marchés actions ont intégré la prime de risque géopolitique du moment. Même si la menace terroriste reste toujours forte et omniprésente, même si le contexte se tend à l’extrême du côté de la Syrie et de l’Irak, le marché tient bon.
Peu de volatilité liée à ces facteurs, plus de réactions aux décisions de politique monétaire des banques centrales, et un relatif sang-froid en cas d’alerte. Mais au-delà de ça, les choix d’investissements sont prépondérants.
Thalès bien au-dessus du lot
Et il est clair que sans faire de bruit, les investisseurs se sont mis à travailler vigoureusement les valeurs de la Défense. Notamment Européennes. À Paris, la surperformance de Thalès, le spécialiste de l’électronique et des systèmes de défense est tout à fait remarquable.
Thalès gagne 55% depuis le début de l’année, et surtout 5,3% sur un mois, là où le SBF120, l’indice large de la Bourse de Paris, recule de 3,9%. Le titre profite ainsi de son positionnement optimal en termes de perspectives dans le contexte actuel.
Dassault Aviation en première ligne
Le groupe est aussi bien présent sur les systèmes d’électronique et d’armement sur les avions Rafale de Dassault (les systèmes embarqués Thalès représentent 25% de la valeur d'un exemplaire de l'avion), que sur les missiles, les radars ou encore les systèmes de communication et d’aide à la décision pour les forces de maintien de l’ordre.
Dassault Aviation, dont les Mirage 2000 et Rafale sont en première ligne des frappes contre Daesh, est également un titre très entouré en Bourse en ce moment. Il résiste bien avec une hausse de 1% sur le mois écoulé, encore une fois sur un marché en légère baisse.
Des commandes en plus à prévoir ?
Mais il est clair que les opérations aériennes en Syrie notamment ne peuvent qu’être un formidable vecteur de ventes pour l’avion de chasse français, cité comme l'un des plus perfectionnés et performants au monde.
Après l’Égypte ou l’Inde, les Émirats Arabes Unis ou le Qatar pourraient justement concrétiser leur volonté de passer commande. Et d’autres clients potentiels pourraient du coup manifester leur intérêt.
Le cas BAeSystems
Autre valeur aux performances spectaculaires, BAeSystems, l’ex British Aerospace. Impliqué à la fois dans la fabrication de l’EuroFighter Typhoon et du Tornado (récemment eux aussi engagés par la Royal Air Force en Syrie), que de systèmes d’électronique et de défense, un peu comme Thalès.
BAeSystems gagne 16% sur le dernier mois, alors que le Footsie, l’indice de référence de la Bourse de Londres, perd 2,5%. Une performance spectaculaire là aussi, qui prouve que le groupe est au cœur des tendances actuelles, et au cœur des marchés les plus porteurs induits par les risques géopolitiques du moment.
Les Américains loin derrière
Et les grands groupes européens de défense signent des performances d’autant plus brillantes que les concurrents américains pour le moment ne brillent pas en Bourse, loin de là. Sur le mois écoulé, Lockheed Martin perd 1,5%, Boeing 1,8% et Northrop Grumman 4%.
Ces grands groupes américains sont certes moins diversifiés, plus dépendants des grosses commandes d’avions des corps d’armes américains et des armées de l’air internationales, mais du coup moins réactifs sur le marché des systèmes de Défense.
Secteur à suivre pour 2016
Raytheon, spécialisé lui dans les missiles et les systèmes d’armes et d’électronique actifs, résiste mieux avec un petit gain de 3,2% sur la même période.
Mais la Défense européenne fait donc mieux que résister dans le contexte actuel en Bourse, et devrait de l’avis général continuer à bien se comporter ces prochains mois. Certains y voient l'un des secteurs les plus prometteurs de l’année 2016.