BFM Patrimoine
Placements

Le mariage à plus de 100 milliards entre le Lycra et les balles de golf

Sponsor de la principale écurie Nascar aux Etats-Unis, Dupont est sans doute le chimiste le plus visible au monde, avec ses produits phares Lycra, Teflon ou Kevlar. Le Mariage avec Dow Chemical sera le mariage du siècle.

Sponsor de la principale écurie Nascar aux Etats-Unis, Dupont est sans doute le chimiste le plus visible au monde, avec ses produits phares Lycra, Teflon ou Kevlar. Le Mariage avec Dow Chemical sera le mariage du siècle. - John Harrelson - Getty Images North America - AFP

Encore une mégafusion, cette fois dans le secteur américain de la chimie. Dupont devrait annoncer dès demain le lancement d’une fusion-acquisition à plus de 120 milliards de dollars avec Dow Chemical. Le nouvel ensemble deviendrait de loin le leader mondial du secteur.

La chimie a beau être un secteur parfois obscur, difficile de ne pas passer une journée sans tomber sur un brevet déposé par l’américain Dupont. Teflon, Kevlar ou Lycra, ainsi qu’une quantité astronomique d’autres brevets et de marques déposées, Dupont intervient quasiment dans tous les domaines de la vie quotidienne.

Fondé en 1802 par d’anciens colons français, Dupont De Nemours en plus de ses deux siècles d’existence, est sans doute devenu le seul chimiste capable de créer des marques et des produits de réputation mondiale, avec une stratégie marketing impressionnante. Stratégie qui a fait le succès du groupe, devenue une icône industrielle américaine, et par ailleurs sponsor très visible de la star américaine du sport automobile Jeff Gordon.

Concurrents… puis fiancés

Dow Chemical est du même bois. Le groupe est né en 1897, et a été également un des symboles du grand essor industriel américain du XXème siècle. Un grand fabricant de produits chimiques diversifié, à destination de l’agriculture, de la plasturgie… Dow Chemical est ainsi l'un des spécialistes mondiaux des produits ultra-techniques comme les matières plastiques utilisées dans les balles de golf.

Après avoir été concurrents pendant tout ce temps, le contexte a changé, et un mariage est devenu un scénario de plus en plus vraisemblable. Avec la baisse du cours des matières premières, et les incertitudes autour de la demande industrielle mondiale, notamment chinoise, difficile de conserver un contrôle précis sur les prix, et donc sur ses capacités à rester rentable.

Besoin urgent de concentration

Les coûts des matériaux de base dans la chimie sont déterminés par l’offre et la demande, mais sont aussi corrélé aux cours des matières premières minières, et bien sûr du pétrole, tant l’ensemble de ces produits sont liés au sein de la chaîne de production du secteur de la chimie.

D’où l’idée que le secteur allait être contraint à de nouveaux regroupements. D'où la logique de la fusion Dupont/Dow Chemical qui donne naissance à un superchampion mondial, leader de son secteur, loin devant le précédent numéro 1 BASF. Combinés, les chiffres d’affaires de Dow et de Dupont frisent les 100 milliards de dollars par an.

Fond et forme, le meilleur des deux mondes

Avec plusieurs milliards de dollars de synergies annuelles, et le partage des process de production, le nouveau champion sera structuré d’entrée de jeu pour être à la fois de taille gigantesque, mais aussi d’une efficacité totale, avec à la fois un portefeuille de produit imbattable et une structure financière très performante.

Enfin le timing de l’opération n’a rien d’innocent. C'est même le moment idéal pour jamais de lancer ce genre de méga-fusion. Si l’opération est menée à son terme, elle pourrait atteindre 140, 150 milliards de dollars ou plus, et se placer directement dans le trio de tête des plus grosses opérations de fusion-acquisition de l’histoire.

Fenêtre de tir idéale

Elle s’ajouterait aux récents mariages, d’ores et déjà dans le top 4 historique des fusions-acquisitions: Pfizer/Allergan et ABInbev/SabMiller, opérations déjà supérieures à 100 milliards de dollars.

Et une semaine avant que la FED se décide, vraisemblablement, à relever ses taux directeurs, c’est le moment ou jamais de lancer les dernières offensives montées avec des coûts de financement historiquement bas.

Antoine Larigaudrie