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Le peso mexicain, baromètre de la présidentielle américaine

Le Peso mexicain est devenu un indicateur avancé de la campagne présidentielle américaine, a tel point qu'il est de plus en plus suivi par les marchés.

Le Peso mexicain est devenu un indicateur avancé de la campagne présidentielle américaine, a tel point qu'il est de plus en plus suivi par les marchés. - Yuri Cortez - AFP

Phénomène singulier depuis quelques semaines : le cours du peso, la monnaie mexicaine, réagit de manière très sensible aux remous de la campagne présidentielle américaine. A tel point qu’il en devient même un indicateur avancé.

La mécanique se répète depuis quelques semaines. Et elle a été découverte en même temps par un analyste d’une grande banque mexicaine et par un gérant de fonds londonien d’Aberdeen Asset Management.

Quand l’actualité de la campagne présidentielle américaine est favorable à Donald Trump et qu’il y marque des points, le peso mexicain faiblit sensiblement face au dollar. A l’inverse, quand Hillary Clinton bénéficie d’une actualité positive, au contraire le peso à tendance à prendre des forces. A titre d’exemple, ces 4 derniers jours, la monnaie mexicaine a perdu quasiment 2,5%, après la quinte de toux, le malaise de la candidate démocrate et les doutes sur la communication autour de son état de santé.

Mais le phénomène se vérifie à chaque fois et ce, depuis quelques mois. Particulièrement depuis la visite de Donald Trump au Mexique à la fin du mois dernier.

Etats-Unis et Mexique liés économiquement

La raison est finalement très simple. Il faut rappeler combien l’économie mexicaine est étroitement liée à la conjoncture économie et politique américaine. Le pays est toujours le troisième partenaire commercial des Etats-Unis, avec 75% des exportations qui lui sont destinés.

Le tout dans le cadre de l’accord Nafta, signé en 1994, et instaurant une zone de libre-échange entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. Un accord que Donald Trump, avec son programme économique, entend renégocier avec des intentions clairement protectionnistes pour l’économie américaine.

Trump, une menace lourde

Pire : ce dernier tient toujours à son projet de mur anti-franchissement avec le Mexique, destiné à lutter contre l’immigration clandestine. Un projet de 10 milliards de dollars, qu’il entend faire payer dans son intégralité au Mexique. Des menaces lourdes pour l’économie de ce pays qui lutte pour maintenir un certain équilibre budgétaire. Les revenus pétroliers constituant le tiers des recettes du pays, la chute des cours oblige en effet le pays à des réformes complexes.

En attendant le scrutin de novembre, le cours du peso donc est scruté de près, dans des marchés très incertains, toujours à la recherche d’indicateurs avancés. Ces variations de cours, qui ont pour point d’appui l’actualité réelle et immédiate de la campagne électorale, constituent un bon indicateur précurseur des sondages publiés dans la foulée.

Les erreurs du Brexit

De là à dire qu'on pourra lire dans le cours du peso mexicain le nom du vainqueur de la présidentielle américaine, il y a un pas! On a vu par exemple, lors du référendum britannique sur le Brexit, que suivre les cotes des bookmakers plutôt que la simple logique avait conduit les marchés boursiers droit dans le mur.

Mais le peso est indéniablement un baromètre suivi de près par la communauté financière pour cette fin de campagne, qui s’annonce tout aussi indécise que l’issue du scrutin.

Antoine Larigaudrie