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Les grandes fortunes font toujours la fortune du suisse UBS

La gestion de fortune reste un des métiers-maîtres de la prestigieuse Union des Banques Suisse... malgré un contexte pourtant très défavorable, UBS signes des performances de premier ordre.

La gestion de fortune reste un des métiers-maîtres de la prestigieuse Union des Banques Suisse... malgré un contexte pourtant très défavorable, UBS signes des performances de premier ordre. - Fabrice Coffrini - AFP

Lutte contre l’évasion, traque des paradis fiscaux, nouveaux concurrents... le contexte général reste peu propice à l’activité de gestion de fortune. Sauf pour UBS, qui dégage même au 1er trimestre des profits exceptionnels grâce à ce métier.

La crise de la banque privée? L’Union des Banques Suisse ne la connaît pas. Au vu des chiffres du 1er trimestre, le prestigieux établissement signe même d’excellentes performances. Avec notamment des profits quasiment doublés sur un an, +88% à 2 milliards de francs, alors que les analystes les attendaient stables !

Une banque dont tous les métiers ont été attaqués sur la période, très complexe car elle aura dû gérer aussi le choc de la décision de la Banque Nationale Suisse de laisser le franc s’apprécier contre l’euro, provoquant une envolée de la devise suisse, et une situation très difficile pour l’ensemble du secteur bancaire du pays.

Solidité sans faille

C’est donc une performance d’autant plus extraordinaire. La meilleure depuis 2008, et particulièrement en gestion de patrimoine, où là on revient sur les niveaux de 2009, alors que le marché finissait d’apurer la crise du secteur bancaire déclenchée par la faillite de Lehman Brothers.

Le tout avec une solidité financière parmi les plus élevées du secteur au niveau mondial : avec un ratio Bâle 3 de 13,7%, UBS est largement devant tout le monde, notamment les grandes banques françaises, allemandes et américaines.

Contexte de marché porteur

Les secrets du succès d’UBS ? Déjà une menace sur le groupe qui est redevenue une opportunité : la volatilité des marchés de taux et de changes. Grâce justement à la décision de la Banque Nationale Suisse, on a assisté à des mouvements sans précédents sur les parités de change au niveau mondial, et a des tendances aussi spectaculaires sur le marché obligataire, avec le plan de rachat d’actifs de la banque centrale.

Résultat ce qui constituait sur le papier un casse-tête monumental pour une banque est devenu un terrain de jeu extrêmement profitable pour l’activité banque d’affaires, devenue à la fois un rempart anti-crise et un moteur de croissance surpuissant.

Pas de crise dans la gestion de fortune

Mais l’autre assise de d’UBS reste la gestion de fortune. Et une assise aussi forte que peuvent l’être les caisses régionales du Crédit Agricole par exemple ! Une clientèle fidèle et traditionnelle, qui n’a absolument pas lâché la banque malgré les nombreuses initiatives à travers le monde en matière de lutte contre les paradis fiscaux, le secret bancaire, l’incitation au rapatriement de capitaux... Si la Suisse n’est plus à proprement parler un paradis fiscal, UBS reste un petit paradis bancaire, justement entretenu par d’excellentes performances de marché.

Malgré pourtant ces excellentes performances la banque avertit qu’elle va devoir affronter cette année un nombre encore important de défis. Déjà une maladie endémique de l’ensemble du secteur bancaire au niveau mondial : les amendes.

Entre litiges et amendes

Que ce soit la fameuse amende de 6.6 milliards d’euros infligée à BNP Paribas pour violations d’embargo américains, et les centaines de milliards de dollars payés par l’ensemble du secteur dans des affaires de mauvaises pratiques de marché, on sent que les régulateurs et les autorités ont le secteur bancaire à l’œil, et que c’est un impondérable lourd qui pèse sur tous les comptes. UBS a déjà dû payer quasiment 800 millions de francs ces derniers mois aux autorités financières internationales pour pratiques illégales sur le marché des changes.

Et la banque est en cours de négociations en ce moment avec les autorités américaines pour un arrêt de ses poursuites dans différents autres dossiers. Un "deal" pourrait être trouvé, pas encore estimé, mais il constituera sans doute une hypothèque supplémentaire de poids pour la suite de l’année.

Une longueur d’avance

Enfin autre facteur à prendre en considération, la concurrence toujours plus forte des "Banques privées Low Cost", surtout du côté des Etats Unis, à la gestion entièrement automatisée et aux très faibles coûts, qui siphonnent une nouvelle clientèle qui aurait logiquement du devenir la clientèle naturelle de banques comme UBS.

Reste qu’avec ce premier trimestre tonitruant, UBS peut légitimement envisager le reste de l’année un peu plus sereinement, avec ce matelas de profits. Peut-être de quoi sonner le réveil et le retour au dynamisme d’une industrie qui sort de plusieurs années noires.

Antoine Larigaudrie