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Les marchés agricoles se préparent au retour d’El Niño

Temps trop humide aux Etats-Unis, et surtout sécheresse en Asie, les effets d'El Niño pour cette année s'annoncent spectaculaires.

Temps trop humide aux Etats-Unis, et surtout sécheresse en Asie, les effets d'El Niño pour cette année s'annoncent spectaculaires. - Eitan Abramovitch - AFP

Plusieurs grand pays d’Asie et d’Océanie viennent de publier des rapports alarmants sur les conséquences climatiques à venir du phénomène El Niño, notamment sur les récoltes de produits agricoles. Les marchés pour l’instant restent calmes, mais se préparent au pire.

Après l’Australie, le Japon… l’agence météorologique du pays a prévenu que les effets du phénomène El Niño étaient en train de s’intensifier pour 2015 et que les conséquences pourraient s’avérer spectaculaires. El Niño est un phénomène climatique régulier depuis une dizaine vingtaine d’années, mais dont les effets sont plus ou moins violents.

La période 1997-1998 a été jusque-là la plus impressionnante, avec des conséquences record en matière de sécheresse partout dans le monde et de montée des températures.

Sécheresse en Asie, temps humide aux Etats Unis

Mais là, les modèles de l’agence météo nationale japonaise montrent que le record pourrait être balayé cette année, au vu de l’intensité d’El Niño ces derniers mois. Même constat du côté des agences d'état australiennes.

Et on commence à s’inquiéter du côté de 2 zones cruciales pour l’agriculture mondiale, l’Asie et l’Amérique du Nord. Car le phénomène El Niño a pour conséquence principale de provoquer d’un côté des sécheresses violentes du côté de l’Asie du Sud Est et de l’Australie, et du temps frais et humide, ainsi que de fortes pluies sur plusieurs régions agricoles-clé du nord des Etats Unis.

Danger sur les céréales et le café

Donc on se retrouve d’un côté avec des risques de voir de très mauvaises récoltes cette année en Asie, et cela devrait se sentir autour de 3 denrées capitales, le soja, le riz et le café robusta. Ce dernier n’est pas la qualité la plus consommée dans le monde, les consommateurs préférant l’Arabica, davantage cultivé en Amérique Latine et en Afrique, mais c’est lui qui sert d’étalon aux prix de marché, car bien plus présent sur des zones à fort peuplement (Asie), et également utilisé dans l’industrie agro-alimentaire.

Et de l’autre côté, aux Etats-Unis, on se retrouve d’un coup avec de fortes pluies voire des inondations dans certaines zones, le tout après des mois de temps beaucoup trop sec, et même des semaines continues de réduction des surfaces cultivables, pour cause de trop faible rendement.

Stocks suffisants, mais pas infinis

Sans compter les effets indirects et induits, qui touchent d’autres zones, en particulier le Brésil, le Sahel, l’Inde, la Chine et l’Australie qui vont se retrouver avec des courants chauds très violents, entraînant de fortes sécheresses, où l’aggravation de phénomènes du même genre déjà installés.

Un cocktail détonant qui augure donc de récoltes très mauvaises sur ces grandes régions pour cette année et l’année prochaine. Les observateurs de la FAO, l’organisation pour l’agriculture et l’alimentation de l’ONU, juge que beaucoup de pays ont quand même signé ces dernières années des récoltes confortables, voire records, qui leurs permettent d’avoir un niveau stock suffisant pour affronter d’éventuels chocs.

Un second semestre capital

Mais qui dit mauvais temps pour ces prochains mois et l’année prochaine dit également mauvaise saison pour replanter et préparer les récoltes futures. Un cas de figure qui fait dire à la FAO que les chiffres de production et de rendement du 2ème trimestre de cette année seront capitaux.

Sur les cours des matières premières concernées, on n’assiste pas encore à de fortes tensions, les cours du café et du soja notamment restant sur leurs moyennes de ces derniers mois. Les cours se sont ajustés notamment à la restructuration des terres agricoles ces derniers mois, pour éviter une situation de surproduction.

Mais en cas de confirmation des tendances actuelles, on pourrait assister au phénomène le plus violent du genre jamais observé, avec des conséquences sur les terres agricoles et les récoltes qui pourraient s’étendre sur au moins 3 ans, causant des dizaines de milliards de dollars de dégâts selon les estimations préliminaires.

Antoine Larigaudrie