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L'Europe incapable de briser le cercle vicieux banques-Etats - Plus Europe

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Andrew Peaple THE WALL STREET JOURNAL LONDRES (Dow Jones)--Quand les temps sont difficiles, il faut se serrer les coudes. Les banques européennes sont peut-être en train de réduire la taille de leur bilan, mais cela ne les empêche pas d'acheter t

Andrew Peaple

THE WALL STREET JOURNAL

LONDRES (Dow Jones)--Quand les temps sont difficiles, il faut se serrer les coudes.

Les banques européennes sont peut-être en train de réduire la taille de leur bilan, mais cela ne les empêche pas d'acheter toujours plus d'obligations d'Etat.

La dette souveraine représentait 5,6% des actifs des banques de la zone euro à la fin du mois d'août, contre 4,2% à la fin 2011, d'après des données de la Banque centrale européenne (BCE). Dans les pays en difficulté de l'union monétaire, les chiffres sont encore plus frappants. Les obligations d'Etat italiennes constituent maintenant 10,1% des actifs des banques transalpines. Cette proportion s'élève à 9% en Espagne.

Opérations lucratives

Les achats d'emprunts d'Etat par les banques contribuent à modérer les taux d'intérêt sur la dette souveraine. Mais cela signifie que le cercle vicieux liant les banques aux Etats (le fameux "doom loop") est loin d'être brisé. La BCE elle-même porte une part de responsabilité. La banque centrale a fourni plus de 1.000 milliards d'euros de liquidités aux banques de la zone euro au moyen de deux opérations de refinancement à long terme (LTRO), menées à la fin 2011 et au début 2012. Les banques des pays fragiles de l'union monétaire ont utilisé ces fonds empruntés à un prix très bas pour acheter de la dette souveraine à haut rendement, réalisant ainsi des opérations très lucratives.

La réglementation du secteur bancaire joue aussi un rôle. Comme les emprunts d'Etat sont considérés comme des actifs sans risque, les banques n'ont pas à constituer de réserves de capitaux en contrepartie. Elles utilisent en outre ces titres comme garantie pour se financer sur le marché. Les Etats, quant à eux, sont assurés d'avoir des acheteurs pour leurs émissions obligataires.

Mais plus les banques achètent des obligations d'Etat, moins elles disposent de ressources au sein de leur bilan pour financer leurs activités de crédit.

Effets indésirables

La BCE pourrait apporter une solution en ne renouvelant pas ses prêts LTRO lorsqu'ils arriveront à échéance au début 2015. Ou bien les régulateurs pourraient commencer à opérer une distinction entre les emprunts d'Etat sûrs et ceux qui présentent des risques.

Cela risquerait cependant de faire grimper les coûts d'emprunt de certains pays, comme l'Espagne et l'Italie. Il n'y a pas lieu de se réjouir de la situation actuelle. Mais la perspective de nouvelles turbulences, si le cercle vicieux entre banques et Etats est enfin cassé, peut aussi donner froid dans le dos.

-Andrew Peaple, The Wall Street Journal

(Version française Lydie Boucher)

(END) Dow Jones Newswires

October 17, 2013 06:14 ET (10:14 GMT)

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