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L'opérateur NYSE Euronext va être racheté par un rival américain

La place de Paris risque de faire les frais de l'opération

La place de Paris risque de faire les frais de l'opération - -

NYSE Euronext va être racheté par son rival IntercontinentalExchange pour 8,2 milliards de dollars, selon un communiqué publié ce jeudi 20 décembre. Si l'opération obtient le feu vert de la concurrence, elle risque d’avoir des conséquences négatives sur la place de Paris.

Depuis ce jeudi 20 décembre, c’est officiel. L'opérateur boursier NYSE Euronext va se faire racheter par son concurrent américain ICE (IntercontinentalExchange), spécialiste notamment des matières premières, des futures et des dérivés. Le montant de l'opération se chiffre à 8,2 milliards de dollars. ICE va payer ainsi payer 33,12 dollars par actions. La transaction pourrait être conclue au deuxième semestre 2013.

L'opération va donner naissance au premier opérateur boursier mondial. A condition toutefois que les autorités de la concurrence donnent leur feu vert. En avril 2011, ICE avait déjà tenté le coup.

ICE s'était alors allié avec Nasdaq OMX, le deuxième opérateur boursier américain, pour mettre la main sur NYSE Euronext. L'opération s'élevait à 11 milliards de dollars. Mais les autorités de régulation américaines avaient dit non. Motif : cela créerait une situation de quasi-monopole sur les cotations aux Etats-Unis.

Une donne différente

Aujourd'hui deuxième tentative. La différence, c'est que ICE revient à la charge seul : sans Nasdaq OMX. Il y a donc beaucoup moins de risque de monopole. ICE n'a pas d'opération sur les actions comme Nasdaq, ses activités recouvrent essentiellement des matières premières, des dérivés et des produits de taux. Il y a donc moins de risque que les régulateurs fassent les gros yeux.

En revanche, ICE a toujours l'intention de scinder en deux NYSE Euronext. ICE pourrait ainsi introduire en Bourse Euronext, la branche européenne qui comprend notamment la Bourse de Paris, à la fin de l’année prochaine.

La place de Paris risque de pâtir de la fusion

La Bourse de Paris risque alors d’être marginalisée. Déjà avec NYSE Euronext, elle n'attire pas les foules. Les volumes échangés en une journée à Paris représentent à peine trois heures de cotation du titre Apple à New York. Si la fusion entre NYSE Euronext et ICE est validée, la tendance risque ainsi de s'accentuer.

En effet, Si l’opération est validée, elle donnera naissance à deux blocs. D'un côté, le bon grain : surtout les produits dérivés. Le LIFFE par exemple, le joyau de NYSE Euronext. Et de l'autre côté, l'ivraie : les produits qui souffrent un peu plus comme les actions européennes, qui voient leur volumes d'échange s'effondrer. "L'introduction en Bourse envisagée d'Euronext fin 2013, c'est une façon de mettre de côté les moins bons élèves comme la Bourse de Paris", estime un analyste.

Pas du tout, retorque-t-on du côté de NYSE Euronext, cette opération n'est pas un coup d'arrêt pour Paris. L'idée, c'est séparer deux marchés très différents : les actions et les dérivés.

Mais pour de nombreux analystes, cela fragilise Paris face aux véritables concurrentes : la Bourse de Londres et les "Darkpools", les plateformes alternatives.

NYSE devenu une proie facile

Par ailleurs, ce rachat intervient alors que NYSE s’était retrouvé isolé. Les autorités européennes de la concurrence avaient, en effet, récemment retoqué son projet de fusion avec la Deutsche Börse. Depuis, NYSE est souvent considéré comme une proie.

Il faut dire qu'après avoir raté plusieurs virages stratégiques la mythique Bourse américaine est en perte de vitesse depuis plusieurs années.

Elle est, là encore fortement concurrencée par les plateformes alternatives sur le marché des transactions sur actions. Ainsi seulement 35% du trafic sur les actions cotées sur le NYSE est traité par la Bourse de New York. D'où la nécessité de réduire les coûts et surtout de se diversifier.

Le NYSE est encore peu développé sur le marché des dérivés et sur les métiers de compensation. Deux marchés aujourd’hui lucratifs, sur lesquels est présent ICE.

Alexis Pluyette et Emmanuel Duteil