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Emmanuel Macron, plus ministre mais toujours haut fonctionnaire

Emmanuel Macron est membre de l'inspection des finances depuis 2004

Emmanuel Macron est membre de l'inspection des finances depuis 2004 - Tobias Schwarz-AFP

Emmanuel Macron n'est plus ministre mais toujours inspecteur des finances. Va-t-il démissionner de la fonction publique pour faire de la politique? Son cas illustre à merveille l'une des constantes de notre vie politique: elle reste trustée par les fonctionnaires!

Emmanuel Macron a pris un risque politique en démissionnant de son poste de ministre de l'Economie. Mais va-t-il prendre le risque matériel de démissionner de la haute fonction publique pour se consacrer à la politique, lui qui prône le goût du risque dans la vie? 

Comme tous les anciens ministres, il va toucher son traitement pendant six mois s'il ne reprend pas d'activité, soit un peu moins de 10.000 euros bruts mensuels. Mais il peut également demander à réintégrer son corps d'origine, la prestigieuse inspection générale des finances (IGF) qu'il a intégrée en 2004 à sa sortie de l'ENA dans "la botte". 

Haut fonctionnaire en disponibilité 

En effet, lorsqu'il est parti pour la banque Rothschild en 2008, il n’a pas démissionné de l’inspection. Il s’est simplement mis "en disponibilité", en grandes vacances de la fonction publique si l'on peut dire, comme le font d’ailleurs presque tous les hauts fonctionnaires qui partent vers le privé. Devenu ministre en 2012, Emmanuel Macron était "détaché" de l'IGF.

Si bien que dans les prochaines semaines, il va pouvoir, s’il le veut, réintégrer l’inspection des finances ou les horaires et les conditions de travail permettent de réfléchir à l’avenir de la France en attendant des jours meilleurs.... Mais il peut aussi rester en position de disponibilité encore plusieurs années comme le statut de la fonction publique le permet. 

L'exception Fleur Pellerin

Il y a des exceptions parmi les hauts fonctionnaires qui ont passé quelques mois ou années au gouvernement. Ainsi Fleur Pellerin, qui a annoncé voici quelques jours qu’elle démissionnait carrément de la Cour des comptes, son corps d’origine où elle aurait pu couler des jours tranquilles. L’ancienne ministre de la Culture va créer sa start-up et travailler sans filet de sécurité si les choses tournent mal dans le privé.

Comme elle, l'ancienne ministre de l'Ecologie (LR) Nathalie Kosciusko-Morizet, a démissionné l'an dernier de la fonction publique pour se consacrer à la politique. Son challenger aux primaires de la droite et du centre, Bruno Le Maire, a fait de même. Il va même plus loin puisque dans son programme présidentiel, il a inscrit l’obligation pour les hauts fonctionnaires de démissionner s’ils veulent faire de la politique. Ce matin dans Le Parisien, il a d'ailleurs taclé Emmanuel Macron, lui demandant de mettre ses actes en accord avec ses propos sur la liberté et le risque...

Surreprésentation des fonctionnaires à l'Assemblée

En fait, le cas Macron pose à nouveau la question de la surreprésentativité des fonctionnaires dans la vie politique. Le fait de retrouver automatiquement son poste en cas d’échec à une élection encourage davantage les fonctionnaires à se présenter que les salariés du privé qui, eux, n’ont pas d’assurance-retour.

Sur 577 députés par exemple, plus de 180 sont issus de la fonction publique ou du secteur public. On recense ainsi 56 enseignants, 14 profs d’université, 60 fonctionnaires et 34 hauts fonctionnaires ou membres de grands corps. En face si l’on peut dire, on ne trouve que 35 cadres du privé, 28 professions libérales et 16 chefs d’entreprise. Il n'est pas certain que cela change beaucoup après 2017!

P.C