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Marché: la grande rotation, à peine entamée, déjà terminée?

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(CercleFinance.com) - La théorie de la 'grande rotation' censée marquer un retour des gros flux de capitaux sur les marchés d'actions au détriment des obligations aurait-elle déjà du plomb dans l'aile? Après un début d'année en fanfare, qui

(CercleFinance.com) - La théorie de la 'grande rotation' censée marquer un retour des gros flux de capitaux sur les marchés d'actions au détriment des obligations aurait-elle déjà du plomb dans l'aile?

Après un début d'année en fanfare, qui l'a vu reprendre près de 6% et renouer avec ses plus hauts historiques, Wall Street semble avoir perdu en vélocité à l'approche de ses records de 2007.

En Europe, les places boursières ont connu une fin de mois de janvier difficile et les volumes se sont significativement allégés début février, la faiblesse des cours n'attirant pas les acheteurs.

'C'est vrai que nous avons assisté en début d'année à une réallocation en provenance de l'obligataire à destination des marchés d'actions, sur fond de réduction du risque systémique et de soutien des banques centrales' rappelle-t-on à la Société Générale.

Depuis 2007, les investisseurs avaient largement tendance à privilégier la sécurité offerte par les bons d'Etat américains, la croissance promise par les actions et obligations émergentes ou le rendement assuré par le marché du crédit.

Les actions européennes avaient particulièrement souffert de ces arbitrages, mais la dynamique semble s'être inversée depuis.

'Alors que les investisseurs fuyaient les marchés d'actions lors de la phase aiguë de la crise de la dette, ils reviennent aujourd'hui sur ces marchés non seulement en raison de la mise en place de pare-feu au niveau européen mais également parce que leur rentabilité devient attractive face aux obligations d'Etats', souligne Alexandre Baradez, analyste marchés chez Saxo Banque.

Aux Etats-Unis, les fonds monétaires américains ont racheté pour près de six milliards de dollars d'actions la semaine passée, ce qui porte à quelque 44 milliards de dollars les injections réalisées depuis le début de l'année, selon des données compilées par Lipper.

Littéralement soulevé par ce courant porteur, l'indice Russell 2000 des petites et moyennes capitalisations a établi de nouveaux records le mois dernier. Le Dow Jones Transportation a également atteint des plus hauts historiques.

Goldman Sachs - qui est avec BofA-Merrill Lynch l'un des plus ardents défenseurs de la théorie de la 'grande rotation' - ne prévoit paradoxalement que 200 milliards de dollars de rentrées nettes d'argent sur les marchés d'actions en 2013, soit 20% de moins qu'au cours des quatre dernières années.

'Cette idée de grande rotation s'apparente surtout à une supercherie', estime pour sa part un observateur basé à Paris.

'Elle s'est d'ores et déjà opérée aux Etats-Unis durant la période 2009-2012 sous l'impulsion du programme de rachat d'actifs de la Fed, qui continue de débloquer chaque mois près de 85 milliards de dollars pour ses achats obligataires', souligne-t-il.

'Une telle dynamique n'est pas transposable en Europe, où il n'existe pas d'acheteur de dernier ressort pour les obligations d'Etat. Une réallocation massive sur les actions est donc techniquement impossible', fait-il remarquer.

Alors que la théorie de la grande rotation semble s'essouffler, certains stratèges commencent à évoquer son pendant, celui d'une bulle spéculative qui naîtrait des politiques ultra-accommodantes et des injections massives de liquidités menées par les banques centrales. Une sévère correction serait-elle à venir?

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