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Marchés: l’amour du risque !

Deux traders de Wall Street visiblement peu soucieux du facteur-risque en ce moment sur les marchés...

Deux traders de Wall Street visiblement peu soucieux du facteur-risque en ce moment sur les marchés... - Timothy A. Clary - AFP

Ukraine… Grèce… guerre monétaire… autant de menaces que les marchés financiers ont décidé d’ignorer pour le moment, ou en tout cas de considérer comme menace de faible importance. Place à la prise de risque sur les marchés.

Une menace latente de conflit armé extrêmement violent, un pays dont le sort peut faire basculer la solidité de la Zone Euro… Mais rien n’y fait. Le CAC40 et les indices européens se dirigent vers de nouveaux sommets, rien ne semble en mesure de les arrêter.

Les bilans annuels, mensuels et pluriannuels commencent a devenir flatteurs en plus, avec un CAC40 par exemple, qui gagne 1,49% sur la semaine passée, 13% depuis le 1er janvier et quasiment 40% sur 3 ans ! Un "Double-Bull Market !"

Toujours plus de capitaux pour les actions européennes

Preuve de cet appétit pour le risque, déjà la préférence fondamentale des investisseurs internationaux pour les actions européennes, l’Europe restant une zone sous perfusion très active de sa Banque Centrale, et dont la stabilité est vaguement menacée par le dossier grec.

Aucun problème, sur la semaine écoulée, les fonds actions européens ont bénéficié encore de 5,8 milliards d’euros de flux de capitaux positifs selon les statistiques de la banque Merrill Lynch, 6e semaine consécutive de hausse, 21 milliards en cumulé. Alors que pour les actions américaines par exemple, 1,2 milliard de dollars de sorties de capitaux, et 6 semaines de retrait sur 7.

Les fonds monétaires désertés

Cerise sur le gâteau, des sorties spectaculaires des fonds monétaires, généralement les valeurs les plus sures, au rendement devenu faible, mais qui bénéficient toujours de rachats de repli quand les marchés sont incertains et turbulents. Ce sont des valeurs sûres.

Là rien de tout cela, ce sont 11 milliards de dollars qui ont été retiré de ces fonds, et principalement à la lumière de ces chiffres, pour financer des investissements sur les actions européennes. Les marchés sont donc en position qu’on appelle "Risk On", stratégie d’investissement qui encourage la prise de risque, garantie de bénéfices et de rendements supérieurs.

Alerte sur la dette privée émergente

Quelques clignotants orange s’allument toutefois, l’OCDE en particulier s’alarme de l’exposition des grandes institutions financières à un actif particulier : la dette des entreprises des pays émergents. En ces temps de taux planchers pour les dettes d’état et pas mal d’entreprises bien notées sur le marché américain et européen, on va chercher de meilleures performances ailleurs.

Et cette quête du rendement a tendance à donner des chiffres assez vertigineux : selon les chiffres de l’OCDE, les montants investis sur la dette des entreprises des pays émergents a été multipliée par 15 entre 2000 et 2013 à 470 milliards de dollars, dont 356 uniquement sur la Chine, la Russie, le Mexique, le Brésil et l’Inde.

La Chine à l’avant-garde

Cas particulier extrême, la Chine. La hausse des investissements est des plus spectaculaires. On passe de 3 milliards de dollars investis dans la dette des entreprises du pays en 2008, à 150 milliards en 2013 ! Ce montant représente à lui seul 41% des montants investis dans de la dette privée à travers le monde. Une bulle spéculative qui ne dit pas son nom, mais l’OCDE s’inquiète des montants de capitaux investis, face à un contexte macro-économique de ralentissement pour les pays émergents, et des niveaux très inégaux de natation et de solidité financière.

Mais concernant cette problématique, comme pour celle des stratégies d’investissements très axées sur les actions, dans un contexte qui reste fondamentalement instable, les investisseurs du marché actions européen répondent par un rallye qui ne semble pas avoir de limites pour le moment.

Antoine Larigaudrie