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Marchés: le CAC40 gagne 20% en 2 mois 

Traders et gérants à l'affut du pari du siècle...

Traders et gérants à l'affut du pari du siècle... - Mehdi Fedouach - AFP

Objectif 4.800 touché ces dernières heures, l’indice parisien est toujours en chasse pour les 5.000 points. L’occasion pour de nombreux investisseurs de se poser la question essentielle : stop ou encore ?

20% est souvent un cap symbolique de tendance pour les marchés boursiers. C’est par exemple un des ingrédients de ce qu’on appelle le "Bull Market": quand un indice rebondit de 20% par rapport à ses derniers plus bas, on passe en phase haussière de long terme.

20%, c’est ce que gagne le CAC40 en 2 mois de bourse seulement. Après une année 2014 qui aura été une sérieuse rampe de lancement, et des gains cumulés de 12.3% déjà.

Appétit intact pour les actions européennes

Une tendance haussière largement alimentée par la politique proactive des banques centrales, la baisse des taux, celle du pétrole, le niveau de l’euro, le différentiel de potentiel avec les marchés américains… Bref le monde entier a de l’appétit pour les actions européennes.

En témoignent les flux d’investissements nets, toujours positifs de semaine en semaine, 5 consécutives dernièrement, pour les fonds actions européens. Ils fournissent des appuis d’une très grande solidité au marché et une grande source de liquidité pour acheter des actifs de rendement. Tous les voyants sont au vert.

Paradis artificiels

Mais si on regarde bien, cette hausse de 20% est donc alimentée par des facteurs totalement exogènes. On achète les perfusions de morphine dont bénéficient les marchés à travers le monde. Des paradis artificiels de liquidité dont profitent les investisseurs boursiers. D’où la question : n’est-ce pas le moment de redevenir prudent ?

Bonne question. Après une telle progression, certains auront à cœur de prendre quelques bénéfices. Certaines phases d’instabilité, dont la Grèce, l’Ukraine, etc… seront porteuses de volatilité et de mouvements de correction.

Le pari du siècle

Les prévisions pour le marché sont encore extrêmement floues. Les analystes qui s'y sont risqués parient sur un gain annuel de 10 ou 15%. Et comme certains experts aiment à le faire remarquer, prévoir 10 ou 15%, c’est la traduction en chiffres d’un manque total d'idée ou de conviction.

Mais admettons que l’objectif soit justifié et réaliste, le potentiel est désormais plus qu’entamé après ces 20% de gains en 2 mois. Voire anéanti. Ce qui rend cette configuration de marché totalement passionnante, car elle met l’investisseur au pied du mur et en position pour sans doute prendre le pari du siècle.

Début d’un cercle vertueux ?

Car au-delà de ces considérations strictement boursières, on est sans doute en train d’assister au démarrage du 2ème étage de la fusée.

Dans de nombreux secteurs, industriels, cycliques, technologiques, les entreprises sont en train de nous dire que ce paradis artificiel est en train de déboucher sur une ébauche de reprise. De quoi, pour le coup, parier sur les actions en vue d’une amélioration de leurs résultats fondamentaux, qui va en plus coïncider avec une amélioration des statistiques d’activité européennes. Tous les ingrédients sont désormais en place pour qu’un cercle vertueux s’enclenche.

Prudence difficilement justifiable

On est donc à la croisée des chemins, et les niveaux de marché actuels en Europe constituent sans doute un pivot entre phase de hausse artificielle et phase de hausse fondamentale. Si elle se concrétise, elle sera sans aucun doute spectaculaire.

Mais une chose est sûre, au vu de la tendance sur les autres classes d’actifs, obligations, placements monétaires, etc… les gérants vont avoir toutes les peines du monde à justifier à leurs clients qu’il est temps de s’alléger sur les actions, au risque de manquer une phase haussière durable et concrète. Les 5000 points ne sont donc plus qu’une question de mois, voire de semaines, si cette tendance perdure.

Antoine Larigaudrie