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Morning Briefing : le pétrole franchit à nouveau la cote d’alerte

Baisse du pétrole, baisse des pétroliers, inquiétudes sur la qualité des crédits bancaires accordés au secteur par les banques... Le marché est à nouveau dans un cycle difficile à court terme.

Baisse du pétrole, baisse des pétroliers, inquiétudes sur la qualité des crédits bancaires accordés au secteur par les banques... Le marché est à nouveau dans un cycle difficile à court terme. - Spencer Platt - Getty Images North America - AFP

Avec le passage du prix du brut américain sous les 30 dollars de nouveau, les marchés sont en proie à une forte volatilité. Secteurs pétroliers mais aussi bancaire inquiètent les analystes.

Tendance

Le CAC40 est demandé en baisse de 39 points ce matin à 4.245 (Calls IGMarkets), après une séance difficile encore hier à -2,57%, pour une clôture à 4.283. On a perdu tout ce qu'on avait gagné - et même plus - sur la semaine passée, après les annonces positives de la BCE. Le tout sur des volumes pas excessifs, 3,9 milliards d’euros négociés, ce qui prouve que l'on n’est pas non plus sur un sentiment totalement négatif. Certains restent encore sur la touche. 

Mais preuve d’une certaine forme de découragement tout de même, l’indice Nikkei a perdu 3,15% en clôture ce matin, en effaçant également tous les gains accumulés depuis les annonces de la banque centrale japonaise. Même chose pour Hong Kong qui subit une baisse de plus de 3% dans le sillage.

Hier le S&P500 à Wall Street a perdu 1,87%.

Catalyseurs

C’est le pétrole qui va encore une fois guider la tendance, à plusieurs niveaux aujourd’hui, et affecter plusieurs compartiments de la cote de manière distincte. Encore une fois on assiste à une rechute sensible, avec le WTI américain sous les 30 dollars, la cote d’alerte qui accroit la volatilité sur les marchés.

Hier les nouvelles étaient fort mauvaises pour les entreprises du secteur, avec BP, et la chute de 94% de son bénéfice ajusté, avec la plus lourde perte nette de l'histoire du groupe à 6,5 milliards de dollars, des suppressions de postes, et des réduction d’investissements. On a eu aussi Exxon, l’américain a annoncé des bénéfices en baisse de 58%, un peu mieux que BP, mais on reste sur les marges les plus maigres du pétrolier depuis 10 ans, avec là aussi des réductions d’investissements, et une suspension des rachats d'actions.

Et matérialisation du caractère fragile du secteur en ce moment, Standard and Poor's qui place sous surveillance négative les notes de crédit de 6 grandes majors, dont Shell, BP et Total. Et une grande question désormais, comme aux Etats Unis : quel va être l'impact de cette dégradation sur le secteur bancaire? 

On voit apparaître une nouvelle mécanique depuis quelques jours, forte baisse du pétrole rime avec forte baisse du secteur pétrolier, mais forte baisse aussi des banques dans le sillage, les analystes désormais s'attendant à de fortes dépréciations sur tous les crédits bancaires accordés à l'industrie pétrolière, au vu de la vitesse à laquelle se dégrade leurs performances et leur santé financière au vu de ce qu'ils publient.

Valeurs

LVMH

La bonne nouvelle dans des marchés un peu déprimés... LVMH a publié des résultats 2015 très robustes dans un secteur où la conjoncture est toujours difficile, entre les perspectives de demande mondiale, chinoise en particulier, le contexte un peu déflationniste et la volatilité des effets de devises. Le résultat opérationnel d'LVMH grimpe de 16% sur l’année à 6,6 milliards d'euros, avec une marge opérationnelle à peu près stable sur un an à 18,5%, et une bonne santé du principal métier du groupe, la mode-maroquinerie, avec une croissance organique de 4% sur l'année.

Et pour l'année 2016, LVMH voit une conjoncture similaire à celle de 2015, avec pas mal d'inconnues, mais le groupe démarre très bien l’exercice selon Bernard Arnaud, malgré une légère sous-performance des magasins français.

Chimie

A guetter une réaction à la très importante opération du chinois Chemchina, qui rachète le suisse Syngenta pour 43 milliards de dollars, la plus grosse opération de rachat d’un groupe chinois à l’étranger à ce jour.

Bourbon

Le spécialiste des navires de transport pétroliers et gaziers a publié un chiffre d’affaires quasi stable sur l’année 2015 à 1,4 milliard d’euros, mais estime que pour cette année la demande de navires est clairement orientée à la baisse. Le groupe déclare qu’il est prêt à désarmer temporairement jusqu’à 20% de sa flotte pour réduire ses coûts, en l’absence d’activité commerciale

Antoine Larigaudrie