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Oracle: la prodigieuse montée en puissance du "Cloud"

Malgré des résultats en repli, Oracle a agréablement surpris par sa croissance dans les activités dématérialisées, toujours complexes à rentabiliser, mais éminemment porteuses.

Malgré des résultats en repli, Oracle a agréablement surpris par sa croissance dans les activités dématérialisées, toujours complexes à rentabiliser, mais éminemment porteuses. - Justin Sullivan - Getty Images North America - AFP

Très bon accueil hier à Wall Street des résultats trimestriels d’Oracle. Au-delà des simples performances du géant américain de l’informatique, les investisseurs retiennent surtout les perspectives florissantes de l’activité "Cloud" et stockage, qui témoignent d’une profonde transformation du secteur.

+34% en un an! C’est le chiffre qu’ont voulu retenir les marchés hier, après publications des résultats d’Oracle, le géant américain des logiciels professionnels. Bien plus que les performances brutes, qui elles, étaient sans trop de surprise, avec même un léger recul à 2,2 milliards de dollars de bénéfice net.

Mais la croissance fulgurante du "Cloud" a largement retenu l’attention. +34% de chiffre d’affaires sur le trimestre écoulé, comparé au même l’année passée. Alors que l’activité globale d’Oracle sur la même période s’est affichée en recul, -6,3%!

Facteurs négatifs récurrents

Le contraste est saisissant, mais s’explique tout d’abord par la force du dollar, qui constitue un vrai souci pour les entreprises exportatrices, notamment celles qui facturent leurs services en devises américaines aux grandes entreprises internationales, et on a déjà pu le constater notamment chez IBM, qui est dans le même cas.

De plus, la majeure partie de l’activité d’Oracle est basée sur les ventes de logiciels en licence, et leur faiblesse en ce moment, sur fond de très grande prudence des entreprises clientes en matière d’investissement, n’a pas vraiment aidé.

Le "Cloud": prometteur mais encore difficilement rentable 

Et c’est sans doute là l’aspect le plus intéressant. Car aussi bien pour Oracle que pour ses principaux concurrents, ce ne sont pas tant les perspectives du "Cloud" que leur bonne intégration au reste de l’activité du groupe, qui constitue le défi majeur.

En effet, comme on a pu le voir sur les performances trimestrielles de IBM ou de SAP, les grands acteurs multi-activité (logiciels, services, serveurs, cloud etc…) ont beaucoup de mal à profiter de l’extraordinaire apport de croissance de l’informatique dématérialisée, alors que la demande est exponentielle.

Impondérables et conjoncture complexe

Mais les groupes d’informatique qui se sont lancés dans du 100% "Cloud" ne connaissent pas un meilleur sort. Les perspectives de ce marché, même florissantes, sont difficiles à évaluer et à modéliser en termes de rentabilité, avec en plus de très importantes dépenses d’investissements d’infrastructures hardware (serveurs et data rooms) à effectuer.

Le tout dans un secteur qui est généralement le premier à souffrir quand il y a des coups de froid en matière de conjoncture, les clients réduisant immédiatement leurs dépenses en cas d’incertitudes majeures dans les perspectives.

Trouver la bonne carburation

Mais l’indicateur intéressant dans les derniers résultats d’Oracle est que le "Cloud" commence à constituer un moteur de croissance qui fonctionne bien, avec des signes probants en termes d’amélioration de la rentabilité. 

Le défi des majors du secteur pour les années à venir étant de trouver pour cette activité la bonne carburation, la bonne proportion au sein de leur portefeuille. Car les exemples ne manquent pas, les deux sont nécessaires.

Équilibrer le portefeuille d’activités

Le modèle idéal consiste à continuer à élaborer et vendre des licences et des logiciels aux entreprises, mais hébergés dans le "Cloud" avec l’ensemble des données. Ainsi, on obtient une architecture d’informatique d’entreprise homogène, mais aussi plus flexible à gérer, plus légère et plus productive théoriquement. À 70% activité logiciels-licences et 30% "Cloud", le portefeuille d’Oracle est encore un peu déséquilibré, mais est en net progrès.

Chantier de long terme

Et c’est en continuant à évoluer vers toujours plus de dématérialisation que le géant va trouver la bonne carburation, le bon "Mix Produit", pour équilibrer sa rentabilité et la faire repartir grâce aux activités d’avenir. C'était d'ailleurs tout l'objet de la fusion Dell/EMC, annoncée il y a deux mois.

Un chantier de long terme, mais qui sera immanquablement profitable. C’est en tout cas le pari que font les marchés, qui ont bien accueilli ces performances, avec une hausse de 2% du titre Oracle en transactions électroniques hier soir, l’annonce des résultats étant intervenue après la clôture de Wall Street.

Antoine Larigaudrie