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Pendant que les autorités débattent, les marchés dévissent

A la Bourse de Francfort, qui a terminé en repli de 3,27% vendredi. Les autorités politiques et monétaires ont multiplié les contacts vendredi pour tenter d'apporter une réponse commune à la crise de la dette dans la zone euro, qui dépasse désormais large

A la Bourse de Francfort, qui a terminé en repli de 3,27% vendredi. Les autorités politiques et monétaires ont multiplié les contacts vendredi pour tenter d'apporter une réponse commune à la crise de la dette dans la zone euro, qui dépasse désormais large - -

par George Georgiopoulos et Natsuko Waki ATHÈNES/LONDRES - Les autorités politiques et monétaires ont multiplié les contacts vendredi pour tenter...

par George Georgiopoulos et Natsuko Waki

ATHÈNES/LONDRES (Reuters) - Les autorités politiques et monétaires ont multiplié les contacts vendredi pour tenter d'apporter une réponse commune à la crise de la dette dans la zone euro, qui dépasse désormais largement le seul cas grec, sans toutefois parvenir à calmer les marchés financiers.

Les ministres des Finances et les banquiers centraux du G7 se sont entretenus de la crise lors d'une téléconférence quelques heures avant un sommet exceptionnel des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro à Bruxelles consacré au plan d'aide à la Grèce.

Les dirigeants de la zone euro devraient profiter de l'occasion pour s'affirmer prêts à des efforts budgétaires supplémentaires, a-t-on appris de sources européennes, et ils ne devraient pas exclure une réforme des traités européens.

Comme l'avait fait le Sénat français jeudi pour la contribution française, les deux chambres du parlement allemand ont approuvé celle de Berlin à ce plan d'aide de 110 milliards d'euros sur trois ans. L'Espagne et les Pays-Bas aussi ont fait de même, et le gouvernement italien a donné son feu vert en conseil des ministres.

Mais ce plan semble à l'évidence insuffisant aux yeux des investisseurs, qui redoutent à présent une extension de la crise au système bancaire et financier de la zone euro. Conséquence directe: une nouvelle séance de forte baisse des Bourses du Vieux Continent, plombées par le recul des valeurs bancaires.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 a fini la journée en repli de 3,71%, portant à 8,75% son recul sur l'ensemble de la semaine, sa plus mauvaise performance hebdomadaire depuis novembre 2008, en pleine crise financière.

La Bourse de Paris a cédé 4,6% sur la journée, tombant au plus bas depuis neuf mois. Londres a cédé 2,62% et Francfort 3,27%. Quant à l'indice Stoxx des banques, il a abandonné 3,75% sur la séance, un recul qui a atteint 8% pour la Société générale.

La Banque centrale européenne (BCE), qui avait déçu les marchés jeudi à l'issue de sa réunion mensuelle en n'annonçant aucune mesure spécifique destinée à apaiser la tension, a organisé une téléconférence avec des responsables de plusieurs banques pour recueillir des informations sur l'état des marchés monétaires.

Les tensions sur les marchés alimentent la spéculation sur un possible recours de la BCE aux mécanismes exceptionnels qu'elle avait utilisés fin 2008 après la faillite de la banque Lehman Brothers pour prévenir un effondrement du système bancaire européen.

"Les gens ont de nouveau pratiquement arrêté de se prêter les uns aux autres. Si Lehman était de force 10, nous en sommes à 7", a déclaré un professionnel du marché monétaire qui a requis l'anonymat.

MERKEL PARLE D'UNE BATAILLE AVEC LES MARCHÉS

L'euro, qui avait touché jeudi un plus bas de 14 mois contre le dollar sous 1,26 dollar, a cependant regagné un peu de terrain.

En revanche, les primes que les investisseurs demandent pour détenir des obligations grecques ou portugaises ont encore augmenté. L'écart de rendement entre les obligations grecques et allemandes à dix ans est remonté tout près de son plus haut depuis la création de l'euro, atteint fin avril à 1.091 points de base.

"La panique des marchés qui a recommencé aujourd'hui s'apaise légèrement mais la situation reste assez vulnérable", a commenté Patrick Jacq, stratège taux zone euro de BNP Paribas.

Pour la chancelière allemande Angela Merkel, une "bataille" s'est engagée entre les gouvernements et les marchés.

"Mais je suis fermement déterminée, et je pense que tous les gouvernements le sont aussi, à remporter cette bataille", a-t-elle affirmé jeudi.

De son côté, le commissaire européen aux Affaires monétaires Olli Rehn a prévenu qu'une faillite de la Grèce pourrait paralyser le système financier mondial et provoquer une récession mondiale, comme lors de la faillite de Lehman Brothers en 2008.

L'inquiétude gagne également les autorités américaines. Des représentants de la Réserve fédérale des Etats-Unis ont fait part de leur préoccupation et le président Barack Obama a déclaré qu'il suivait la situation avec attention. Il s'est entretenu au téléphone avec Angela Merkel.

Wall Street, qui avait perdu très brièvement jeudi jusqu'à près de 9%, était très volatile vendredi.

Gwénaelle Barzic et Marc Angrand pour le service français, édité par Dominique Rodriguez