BFM Patrimoine
Placements

Pétrole: les cours remontent-ils pour de bon?

La remontée actuelle des cours témoigne de la prise en compte de facteurs de tendance encourageants, notamment du côté de la production américaine.

La remontée actuelle des cours témoigne de la prise en compte de facteurs de tendance encourageants, notamment du côté de la production américaine. - Mark Ralston - AFP

Remontée spectaculaire des cours du brut ces 3 derniers jours, aussi bien sur le Brent de Mer du Nord que sur le WTI américain. En toile de fond une demande qui redémarre, et des signes plus encourageants en matière de production.

En a-t-on fini avec le dernier choc pétrolier ? En tout cas le marché semble être d’un coup un peu plus optimiste sur les perspectives du pétrole, avec une nette accélération de la remontée des cours ces derniers jours : après avoir stagné du côté des 40 dollars, le cours du baril renoue avec les 50, 51.60 pour le Brent au fixing hier.

Une remontée qui s’est effectuée en deux temps à partir des derniers plus bas de fin août. Un lente montée au-dessus des 40, puis une accélération du côté des 50 dollars et au-delà. De quoi prendre un peu les analystes de court, avec par exemple Goldman Sachs, qui en était ces dernières heures à parier sur une nouvelle vague baissière de court terme du côté des 30 dollars.

Prévisions de demande positives pour 2016

En fait le marché réagit aux dernières prévisions de l’Agence Américaine de l’Energie. Cette dernière parie dans sa dernière étude sur une vive remontée de la demande de pétrole l’année prochaine. Un signe très encourageant en matière de reprise économique américaine et globale. Certes, l’EIA a légèrement revu en baisse ses prévisions de production mondiale de brut pour l'an prochain, à 95,98 millions de barils/jour.

Mais elle a également rehaussé de 0,3% ses prévisions de consommation mondiale de pétrole pour 2016, à 95,2 millions de barils/jour, ce qui constitue un plus haut de 6 ans.

Les premiers fruits de la restructuration

Un indicateur qui prouve déjà qu’on est sans doute parti pour une fin d’année plutôt positive en matière de croissance mondiale, et une année 2016 qui va se poursuivre sur une tendance ascendante, avec des fondamentaux de demande équilibrés.

Mais plus que cela, il tend à prouver qu’on est peut-être à l’approche d’une phase que l’ensemble du marché attend, les premiers effets tangibles du grand chantier mondial de restructuration de l’appareil de production pétrolier.

Des stocks américains toujours très élevés

Et c’est principalement du côté des Etats-Unis, et notamment des producteurs de gaz de schiste que l’essentiel du travail doit être fait, avec des réductions drastiques de capacités et de nombre de forages, face à un marché surapprovisionné. Les derniers décomptes d’activité de sites de forages, indicateurs très regardés par Wall Street en ce moment, semblent aller dans ce sens.

Il est encore trop tôt pour déterminer si on est sur une tendance ferme de remontée de la demande, et donc des cours, d’autant que les stocks américains, autre indicateur très regardé, sont toujours proches de leurs plus hauts historiques.

Tendance à long terme encourageante

Ils ont même augmenté plus que prévu sur la semaine écoulée, 3.1 millions de barils contre une hausse de 2.2 millions attendus. Preuve qu’à court terme l’Amérique produit bien plus que ce dont elle a réellement besoin. Sans parler de la vague folle de fuite de capitaux qui touche le secteur et les problèmes financiers qu'elle provoque.

Mais hormis quelques facteurs de court terme, comme les paris à la baisse notamment sur les cours du gaz naturel, face à un automne et un hiver pour l’instant prévus plutôt cléments, la tendance semble durablement s’améliorer.

Et en l’absence de changement du côté des pays de l’OPEP, Arabie Saoudite en tête, la normalisation que souhaitait le cartel est en marche. C’est du côté de l’Amérique que viendra le signe que la restructuration porte ses fruits. Et ces premiers signaux positifs sont de très bon augure à ce niveau.

Antoine Larigaudrie