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Pétrole: quand Goldman Sachs parle de pénurie!

Alors que le marché est depuis de longs mois surapprovisionné, la banque d'affaires Goldman Sachs craint désormais que la production mondiale ne soit insuffisante.

Alors que le marché est depuis de longs mois surapprovisionné, la banque d'affaires Goldman Sachs craint désormais que la production mondiale ne soit insuffisante. - Haidar Mohammed Ali - AFP

"Le pétrole Brent de mer du Nord est revenu sur des plus hauts de 6 mois, autour des 50 dollars le baril. En cause, notamment, une note de la banque d’affaires Goldman Sachs, évoquant un brutal coup d’arrêt à la situation de surproduction."

L’affaire a de quoi étonner, tant Goldman Sachs est depuis plus d’un an la plus pessimiste concernant les cours du brut. Et pourtant… c’est la première désormais à parler d’un redressement des cours très soutenu dans les semaines à venir. Et même à parler d’une situation de pénurie !

Encore plus étonnant, alors que les analystes, les observateurs et les professionnels du secteur parlent d’un marché noyé sous des milliards de litres d’un pétrole brut surabondant, et de producteurs aux prises avec les pires difficultés pour se restructurer.

Le Venezuela en crise

Mais le constat de Goldman Sachs est simple et mathématique. Plusieurs régions-clé connaissent des ruptures totales de production. Tout d'abord le Venezuela, soumis à une profonde crise économique, due à des mois de cours du pétrole trop bas. La situation budgétaire du pays entraîne des mesures économiques extrêmes de la part du président Maduro: réduction du temps de travail à 2 jours par semaine dans le secteur public, et réquisitions d’entreprises privées. Des décisions qui perturbent profondément l’appareil de production pétrolière du pays.

Inquiétudes au Nigéria 

Des problèmes sont également à noter au Nigéria, avec des grèves générales dans tous les secteurs économiques du pays, et notamment dans le secteur pétrolier. Mais là, les manifestants dénoncent une forte inflation des tarifs de l’essence.

Le résultat est que les capacités de production du premier producteur et exportateur d’Afrique sont réduites à néant. Et des soucis sont à prévoir à plus long terme, tant la région est l’objet de craintes d’embrasement dues à des mouvements terroristes.

Incendies en Alberta

Enfin, les incendies géants au Canada ont entraîné de très nombreuses fermetures de sites pétroliers dans la région de l’Alberta. Des mesures de précaution, mais qui là aussi ont entraîné la mise à l’arrêt de la production sur la troisième plus grande région pétrolifère du monde.

Mises bout à bout, Goldman Sachs chiffre à 3,75 millions de barils-jours les conséquences de ces ruptures d’approvisionnement. Chiffres à peu près corroborés par le cabinet Energy Aspect, qui donne un total de 3,2 millions.

Vers une pénurie de pétrole?

Et Goldman Sachs estime que c’est le montant approximatif de ce que l’industrie pétrolière produisait en trop. En quelque sorte, le montant total de la surproduction mondiale. Une fois cette prime effacée, les paramètres d’offre et de demande reviennent brutalement à l’équilibre.

Pire: avec le début de la saison des départs en vacances d’été, notamment aux États-Unis où la production continue de baisser elle aussi, Goldman Sachs estime même qu’on est désormais en situation de pénurie! Un constat peut-être exagéré, mais qui prouve que le balancier est en train de se retourner assez rapidement.

Nouveau retournement en 2017?

Une situation qui devrait perdurer sur la seconde partie de l’année, grâce à une demande en nette croissance, notamment en Asie (Chine en tête). Du coup, la banque relève de 220.000 barils/jours sa prévision de demande à 1,4 million au total. D’où la prévision d’un baril à 50 dollars pour le WTI au second semestre.

Mais la situation est appelée à nouveau à changer l’année prochaine, où Goldman Sachs a en revanche décidé d’abaisser ses prévisions, du côté des 52-57 dollars. Le cycle changeant rapidement, une nouvelle situation de surapprovisionnement est attendue par la banque en 2017. Les considérations concernant la poursuite des exportations iraniennes et une hausse de la production saoudienne devraient reprendre le dessus, et peser à nouveau sur les cours.

Antoine Larigaudrie