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Pourquoi les bourses mondiales ont brusquement chuté

La hausse des salaires aux États-Unis confirme la reprise économique. Laquelle devrait s'accompagner d'une hausse des taux d'intérêt et donc la fin de l'argent facile. Ce qui inquiète les investisseurs.

Un vent de panique souffle sur la Bourse américaine. À Wall Street, le Dow Jones a soudainement dévissé lundi pour clôturer en baisse de 4,60%. Paradoxalement, cette débâcle est le résultat de bonnes nouvelles pour l’économie américaine. En effet, c’est la hausse des salaires et des créations d’emplois, plus forte que prévu en janvier, qui est à l’origine de la nervosité des investisseurs.

La reprise se confirme donc. Dans ces conditions, la Banque centrale n’a plus de raison de poursuivre sa politique de maintien de taux faibles mise en place depuis plusieurs années. En augmentant les taux d’intérêt, elle va durcir les conditions d’accès au crédit. C’est la fin de la quasi-gratuité de l’argent à laquelle les investisseurs s’étaient habitués. D’où l’affolement soudain de ces derniers.

Pendant des années, les obligations d'État ne rapportaient quasiment rien et tous les investisseurs se sont rués sur les actions. Désormais, c’est le cheminement inverse qui s’opère. Le potentiel d'évolution à la hausse du marché des actions est considéré comme faible et les investisseurs se tournent davantage vers le marché obligataire qui présente à nouveau les qualités requises pour rassurer les investisseurs en quête de sécurité.

Crainte d'une "crise constitutionnelle"

Un phénomène amplifié par le trading haute fréquence, qui se caractérise par l’exécution automatique et à très grande vitesse de transactions financières réalisées par des algorithmes informatiques. Or, ces algorithmes sont élaborés pour réagir lorsque certains seuils sont franchis. En l'occurrence, ils se sont mis à vendre des titres lorsque le Dow Jones est passé sous le seuil des 25.000 points,.

Enfin, l’affolement des marchés peut s’expliquer par l’actualité politique. Il y a un peu plus d’une semaine, l’opposition démocrate a agité le spectre d’une "crise constitutionnelle" si Donald Trump choisit de prendre pour prétexte la publication d’une note mettant en cause le FBI pour limoger les principaux responsables de l’enquête sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle. Un risque qui n’est évidemment pas de nature à rassurer les investisseurs.

Le début d'un krach?

Parler de "krach boursier" serait exagéré à l'heure actuelle. Car si la Bourse américaine perd près de 5% aujourd'hui, il faut rappeler que le Dow Jones a gagné 43% en un an. Par ailleurs, on observe pas pour le moment de hausse spectaculaire de l'or ou des devises qui servent traditionnellement de valeur refuge quand la crainte d'un krach se fait sentir.

Ce phénomène de correction boursière n'est tout de même pas anodin. D'autant que les bourses européennes ont elles aussi été impactées ce mardi matin à l'ouverture.

Paul Louis