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Pouvoir d'achat : ces Français qui n'en peuvent plus

Depuis plusieurs jours, les conflits sociaux se multiplient dans toute la France, sans grand tapage médiatique. JC Decaux, Valéro, Thalès... les salariés demandent tous une augmentation de leur pouvoir d'achat.

Depuis plusieurs jours, les conflits sociaux se multiplient dans toute la France, sans grand tapage médiatique. JC Decaux, Valéro, Thalès... les salariés demandent tous une augmentation de leur pouvoir d'achat. - -

Prix du carburant qui explosent, salaires au point mort... Ces derniers jours, des mouvements de grèves fleurissent dans tout le pays. Point commun des revendications, une amélioration du pouvoir d'achat. Ces salariés témoignent.

Loin des grands défilés nationaux qui remplissent les rues de l'Hexagone lors des réformes sociales importantes, des centaines de salariés de plusieurs entreprises du privé ont décidé ces derniers jours d'entamer une mobilisation. Chez JC Decaux, Thalès, Valéo, TAT Express, à la Brink's... Aucun lien apparent entre ces conflits. Pourtant, leur revendication est la même : l'augmentation des salaires. Une préoccupation fortement accentuée par les récentes hausses des prix de l'énergie (carburant, gaz, électricité).
Selon la CGT, le nombre de conflits sociaux dans le pays est 2.5 à 3 fois plus important que l'année dernière sur la même période. Selon le syndicat, 75% des demandes portent sur des hausses salariales. Pour certains, la situation est quasiment intenable.

Karim : « Une augmentation de 3 euros par mois »

Karim est salarié chez le transporteur TAT Express. Il participe au blocage du site de Lieusaint (Seine-et-Marne) depuis ce lundi. Lui et ses 200 collègues réclament 5% d'augmentation. Pour l'heure, ils en ont obtenu 0.5% de leur direction. « Ça représente environ 3 euros net. On achète trois baguettes et puis c'est fini. Je gagne 1.700 euros net, je ne suis jamais à découvert mais c'est tout juste. Alors après, les sorties, tout ça, c'est non. Ça fait quelques années que ça dure, on n'est pas respectés et on en a marre ! ».
Dans la même entreprise, Stéphane, cadre, s'aperçoit de la baisse du niveau de vie des salariés : « On a du mal à manger, on n'arrive plus à se loger, et pourtant on travaille. Ça devient complexe là. Et l'entreprise fait des bénéfices pendant ce temps. On rit jaune ».

Jérôme : « Une semaine par mois sans argent »

Sur le site d'Amiens (Somme) du groupe Valéo, une centaine de salariés de l'équipementier automobile était mobilisée depuis le début de la semaine pour obtenir 2.5% d'augmentation. Mais après deux jours de grève, les salariés ont décidé d'arrêter leur mouvement qui devenait un sacrifice financier trop important. Jérôme, ouvrier sur une chaîne de montage, témoigne : « C'est très compliqué, tout augmente. Je gagne à peu près 1.400 euros avec cinq enfants, on est obligés de calculer tous les jours. Il m'est arrivé de finir le mois avec une semaine sans argent. Alors on demande à quelqu'un de nous dépanner, ou on nous aide dans la commune. Je gagne autant que mon père il y a 20 ans, pourtant le coût de la vie a bien augmenté ».

Patrice : « Des salariés dorment dans les véhicules de l'entreprise »

Chez JC Decaux (mobilier urbain), des salariés se sont mis en grève ce mardi après avoir appris que leur société avait augmenté sa marge opérationnelle de plus de 40% en 2010. Ils demandent une augmentation brute de 100 euros pour tous les ouvriers du groupe. Patrice, 57 ans, afficheur depuis 24 ans (et responsable régional à la CGT), explique : « Quand je vois des personnes à 1.150 euros par mois coucher dans des véhicules Decaux parce qu'il y en a qui ne peuvent pas payer de loyer, je ne suis pas d'accord. Là vous avez beaucoup de jeunes qui ont été embauchés et qui se mettent quand même en grève parce qu'ils voient très bien qu'ils ne vont pas y arriver ».

La Rédaction, avec B. Smadja et A. Manoli