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Les prêts interbancaires pour une sortie de crise ?

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Les annonces de l’Eurogroupe, comprenant notamment la garantie des prêts interbancaires, permettront-elles de sortir de la crise ? Explications.

L'accord européen signé dimanche va-t-il enfin rétablir la confiance et permettre de sortir de la crise ? C'est, en tout cas, l'espoir des 15 pays de la zone euro. Après plus de trois heures de sommet à l'Elysée, les membres de l'Eurogroupe sont tombés d'accord.

Leur plan s'appuie sur deux grands axes :

- Ils garantissent les prêts entre les banques pour une période temporaire, jusqu'au 31 décembre 2009.
- Ils s'engagent à empêcher les banques de leurs pays de faire faillite, notamment en procédant à des opérations de recapitalisation.

Aucun montant global n'a été précisé. C'est ce lundi après-midi qu'on connaîtra le détail, pays par pays, des programmes de sauvetage. En France, le Conseil des ministres aura lieu à 14 heures et Nicolas Sarkozy s'exprimera devant la presse à 15 heures.

« Les prêts interbancaires, c'est le sang de l'économie »

Philippe Dessertine, professeur de finances à l'université Paris X Nanterre et directeur de l'Institut des hautes finances, était ce lundi matin sur RMC. Il a tout d'abord expliqué ce qu'étaient ces prêts interbancaires que les Etats vont garantir : « Les prêts interbancaires, ça peut paraître compliqué pour le grand public : c'est en quelque sorte la circulation du sang monétaire dans l'économie. Ce sont les prêts que se font les banques entre elles lorsque l'une d'entre elles a besoin d'argent. C'est ce qui permet à la banque d'avoir des activités normales puisqu'elle va pouvoir prendre des risques avec un client qui va vouloir emprunter et qu'elle est sûre de pouvoir se refinancer sur le marché de la banque qui aura de l'argent en excès. A partir du moment où les prêts interbancaires sont gelés, l'ensemble de l'économie ne peut plus fonctionner ».

« Une décision qui peut ramener la confiance »

Philippe Dessertine a ensuite été interrogé sur la portée de cette action : « Les garanties que vont apporter les Etats vont permettre aux banques d'avoir une relative tranquillité par rapport au moment immédiat. Cela étant, il est clair que les banques vont aussi avoir besoin de vérifier que l'intensité des difficultés peut réellement être compensée par cette garantie des grands Etats. Donc oui, il y a un élément de confiance qui peut revenir, mais attention la confiance ne reviendra pas d'un seul coup ».

Pour Patrick Leguil, responsable de la recherche chez VP Finance Banque, cette garantie des prêts interbancaires « c'est très bien, c'est ça qui manquait. C'est le retour d'une confiance entre les banques. Lorsqu'il y avait suspicion et méfiance, plus personne ne voulait prêter à personne : connaissant ses propres turpitudes, chaque banque supposait que l'autre en avait fait encore plus. D'autre part, on est assuré que les banques ne sauteront pas les unes après les autres, avec des injections de liquidités très importantes qui permettent de redonner confiance. Ca, c'est le sang des banques, ça permet de ne pas bloquer toute la machine économique ».

Nicolas Bouzou, directeur de la société de prévisions Astérès, est lui aussi optimiste quant aux effets de ces décisions : « Ca peut être un déclencheur (de la fin de la crise, ndlr) puisque l'action est massive. Ce n'est pas la première dose de médicament qu'on injecte à l'économie financière depuis le début de la crise. J'ai un espoir que ça contribue grandement à ramener la confiance. Ca pourrait réenclencher le mouvement qui va permettre aux banques de se prêter entre elles ».

Au-delà de ce plan d'action, qui sera soumis mercredi et jeudi à Bruxelles aux chefs d'Etat et de gouvernement des 27 pays de l'UE, les Européens veulent convaincre les Etats-Unis d'une refondation du système financier. Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a aussitôt apporté son soutien au plan de l'Eurogroupe.

Un plan dont les premiers effets se font sentir ce lundi puisque les bourses européennes sont en nette hausse, le CAC 40 effectuant un rebond de près de 6% à la mi-journée.

La rédaction et Yann Abback-Bourdin & Co