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Quand puits de pétrole et tomates font bon ménage

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par Claude Canellas PARENTIS-EN-BORN, Landes - Pas d'insecticide, pas de pollution et une énergie issue des sous-produits d'un gisement pétrolier...

par Claude Canellas

PARENTIS-EN-BORN, Landes (Reuters) - Pas d'insecticide, pas de pollution et une énergie issue des sous-produits d'un gisement pétrolier local: les premières tomates d'une serre géante des Landes sont arrivées à maturité.

Rien ne justifiait que ce type de culture surgisse dans cette région au sud du bassin d'Arcachon, si ce n'est la présence sur un lac des puits de pétrole de la société Vermilion REP SAS, filiale du groupe pétrolier Vermilion Energy Trust.

Le groupe canadien y a repris en 1997 l'exploitation lancée en 1954 par Esso REP lors de la découverte du premier gisement exploitable en France et qui représente encore 60% de la production française, avec 9.500 barils par jour.

Quatre agriculteurs, tous ingénieurs agronomes, dont un Kenyan d'origine irlandaise, cherchaient un moyen de développer une culture de la tomate haut de gamme à un prix concurrentiel.

L'accord avec le pétrolier leur permet d'atteindre cet objectif et à Vermilion de valoriser l'eau chaude et le gaz issus de l'exploitation du pétrole.

"Dans une serre standard, 40% du coût passe dans le chauffage. Ici nous arrivons à le diminuer d'au moins 30%", assure Vincent Audoy, gérant de la société Tom d'Aqui.

"L'extraction c'est 5% de pétrole et 95% d'eau chaude. C'est cette eau qui, par échangeur thermique, assure une température de 50 degrés dans le circuit de chauffage de la serre", dit-il.

"INSECTE CONTRE INSECTE"

L'autre source d'énergie vient du gaz soufré habituellement brûlé dans les torchères, qui sera recyclé pour produire de l'électricité par cogénération et chauffer aussi les serres.

La première serre de 6,5 hectares, véritable cathédrale de verre nichée au milieu de la forêt landaise, a produit ses premiers fruits en ce début de printemps à Parentis-en-Born.

Cette année, la production d'avril à octobre sera de 3.000 tonnes de tomates et atteindra 8.500 tonnes dans cinq ans, quand un total de 17 hectares de serres seront sortis de terre.

Les serres pratiquent aussi une agriculture respectant les règles les plus pointues en terme de développement durable, notamment en ne cherchant pas le rendement à tout prix.

L'une des conditions est la cueillette à maturité qui induit un circuit court et une logistique à flux tendu.

Les tomates sont cultivées sur un substrat d'écorces de noix de coco recyclable et nourries à base d'engrais minéraux.

La lutte contre les parasites est pratiquée par la "régulation insecte contre insecte", avec notamment l'introduction de ruches de bourdons tuant les nuisibles.

"Notre objectif est de n'utiliser aucun insecticide, sauf dans les cas extrêmes", précise Vincent Audoy, dont la serre ne produit aucun rejet de gaz à effet de serre.

Edité par Yves Clarisse