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Quand les hackers font trembler la Bank of England

La Banque d'Angleterre a décidé de se retrousser les manches, et d'investir dans le domaine de la cyber-sécurité, face à des attaques de plus en plus "fréquentes" et "sophistiquées".

La Banque d'Angleterre a décidé de se retrousser les manches, et d'investir dans le domaine de la cyber-sécurité, face à des attaques de plus en plus "fréquentes" et "sophistiquées". - Shaun Curry - AFP Photo

"Une alerte majeure en termes de cyber-sécurité vient d’être lancée par la banque centrale britannique. Confrontée à des attaques répétées et sophistiquées, l’institution travaille actuellement au renforcement de ses défenses contre les pirates informatiques, afin d’éviter toute déstabilisation du système financier du pays."

Probabilité "haute", impact théorique "substantiel" et vigilance requise "extrême". La Banque d’Angleterre a fait preuve de beaucoup de franchise en répondant dernièrement aux questions de l’agence Bloomberg, après diverses cyber-attaques qui ciblaient un certain nombre d’institutions financières mondiales.

La dernière, qui a touché la banque centrale du Bangladesh, s’est soldée par un vol de 80 millions de dollars et la démission de son président. Mais l’affaire aurait pu provoquer des pertes excédant le milliard de dollars.

Enjeux de stabilité

Mais avec cet aveu, la banque d’Angleterre prouve que les hackers sont déterminés et n’hésitent pas à s’attaquer à des objectifs bien plus ambitieux, puisque les responsables interrogés parlent d’attaques répétées et de plus en plus sophistiquées.

Et vu la masse monétaire gérée, et les responsabilités de la banque vis-à-vis du système financier du pays, de sa monnaie et du système international de manière générale, les enjeux sont critiques.

Doublement des investissements de sécurité

La Banque d’Angleterre gère des réserves de change évaluées à 400 milliards de livres sterling, et pour 5 milliards en or physique stockés dans ses coffres.

La lutte contre la piraterie informatique est même devenue un enjeu national pour le Royaume-Uni, à tel point que le Chancelier de l’Échiquier (Ministre de l’Économie et des Finances) George Osborne a récemment plaidé pour un doublement des investissements d’état en termes de cyber-sécurité.

Précédents graves chez HSBC et JPMorgan

L’objectif est double: à la fois mieux protéger les institutions politiques et financières britanniques, mais aussi pouvoir gérer le cas échéant une cyber-guerre contre des groupes terroristes ou un pays ennemi.

Et le système bancaire est en première ligne. Hormis le cyber-casse via la banque centrale du Bangladesh, il y a eu ces dernières années des offensives chez JPMorgan et HSBC qui se sont soldées par le vol des données personnelles de millions de clients, notamment en 2014.

Expertise privée

Et au vu de ce qui a pu se passer par ailleurs, imaginer les codes de procédures de transferts de la Bank of England tomber entre des mains criminelles devient un scénario très plausible, et même envisagé avec le plus grand des sérieux.

Épaulée par des cabinets de sécurité privés, la Banque d’Angleterre est en train de revoir de fond en comble ses systèmes et de complexifier ses défenses, de manière à rendre la tâche des pirates plus difficile.

Déstabilisation et décrédibilisation

Elle a d’ailleurs à plusieurs reprises conseillé à l’ensemble des grandes sociétés du pays d’en faire de même.

Car dans la conjoncture économique actuelle, au milieu de laquelle les banques centrales ont un rôle-clé, il est évident qu’une cyber-attaque d’importance pourrait complètement déstabiliser l’ensemble de la finance mondiale, et porter un sérieux coup à la crédibilité des institutions.

Antoine Larigaudrie